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Le Sénégal et son accord "historique" sur l’immigration

L’accord a été donc signé le samedi 23 septembre à Dakar par le ministre de l’intérieur, Nicolas Sarkozy. En fait, il a pour but de légitimer à mots couverts le concept d’"immigration choisie". Sarkozy pouvait d’ailleurs se frotter les mains et qualifier cet accord d’« historique », un accord "gagnant-gagnant", dit-il, entre le Sénégal et la France. Et le quotidien La Croix que nous reprenons largement ici de conclure : "L’accord pour une « immigration concertée » qu’il a signé samedi 23 septembre à Dakar (Sénégal) est en tout cas une première. L’événement était d’autant plus inattendu que le même Nicolas Sarkozy avait, au printemps dernier, été très critiqué par plusieurs pays d’Afrique - dont le Sénégal - pour son concept d’« immigration choisie » inscrit depuis dans la loi du 24 juillet."
Nicolas Sarkozy - qui, comme nous, a sans doute lu Eldorado, le dernier roman de Laurent Gaudé paru chez Actes Sud - a lancé :

« Ni l’Europe, ni la France ne peuvent recevoir tous ceux qui rêvent d’un eldorado ». Et comme il faut deux parties pour un accord, son homologue sénégalais Ousmane Ngom a souligné que l’accord mettait en place des « moyens inédits plus performants et mieux adaptés aux nouvelles circonstances » et annonce « un nouveau jour (...) dans les relations entre la France et le Sénégal ».

Que nous apporte cet accord "historique" ?

1. Chaque État devra « faciliter la délivrance de visas de circulation aux ressortissants de l’autre partie, et notamment hommes d’affaires, intellectuels, universitaires, scientifiques, commerçants, avocats, sportifs de haut niveau, artistes ».

2. Ces personnes, qui doivent pouvoir circuler sans formalités entre le Sénégal et la France, ont vocation à se voir délivrer un visa uniforme permettant des séjours ne pouvant excéder trois mois par semestre et valable d’un à cinq ans en fonction du dossier présenté.

3. Les deux pays se communiqueront régulièrement les informations relatives aux métiers qui, sur leur territoire respectif, connaissent des difficultés durables de recrutement.

Toutefois, on remarquera aussi « un renforcement de la surveillance des frontières et côtes sénégalaises » par les forces militaires françaises, et d’abord de celles basées au Sénégal. Le retour des migrants clandestins ou en situation irrégulière sera, ensuite, « organisé conjointement » par les deux pays « dans le respect de la dignité et des droits fondamentaux des personnes ».
La France s’engage dans le codéveloppement par une « meilleure mobilisation des compétences et des ressources des migrants sénégalais en France ». Il est prévu un soutien à leurs initiatives tendant à créer des activités productives au Sénégal et une optimisation de leur épargne à des fins d’investissements. Les deux pays s’engagent, en outre, à mettre en œuvre des stratégies concertées destinées à permettre la réinsertion au Sénégal - dans le secteur public ou privé - des médecins et autres professionnels de santé sénégalais travaillant en France et volontaires pour un tel retour.

Sarkozy voulait devancer Royal sur le sol sénégalais

Cet accord, qui doit faire très prochainement l’objet d’un avenant précisant les conditions de son application, devait être signé à l’origine début octobre à Dakar. L’annonce de la venue lundi 25 septembre au Sénégal - pour une visite de trois jours - de Ségolène Royal, candidate à l’investiture du PS pour la prochaine élection présidentielle, a, semble-t-il, poussé Nicolas Sarkozy à accélérer l’échéance. Comme quoi l’Afrique est déjà au coeur de l’élection presidentielle en France. Les autres pays africains jalouseront-ils cette accord entre la France et le Sénégal. S’agit-il une fois de plus d’un texte qui brasse du vent ? Les Sénégalais se réjouissent-ils de cet accord ? Beaucoup de questions. Laissons le temps au temps, comme dirait l’autre...

A lire aussi : le numéro de l’hebdomadaire Marianne, en

kiosque actuellement, jusqu’au vendredi prochain. Un dossier important est consacré à l’immigration et est intitulé : "Pour en finir avec la politique de l’autruche. Immigration : cette réalité qu’il faut oser regarder en face". On retrace le "périple" d’un immigré clandestin, depuis son village jusqu’en Espagne, en passant par Paris. Un photographe de l’agence Sipa, Olivier Jobard, a rencontré un certain Kingsley au Cameroun et a décidé de suivre ce candidat au départ. Des photos saisissantes. Tout cela a donné un livre intituléKingsley, carnet de route d’un immigrant clandestin et paru aux éditions Marval.

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