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Le bilan dépasse les 120 000 morts

L’aide internationale à l’Asie s’amplifie au dernier jour de 2004, avec de plus en plus d’appels à un moratoire sur la dette des pays frappés par une tragédie qui a déjà fait plus de 120 000 morts, dont plus de 2 200 touristes étrangers en Thaïlande, après les raz-de-marée de dimanche.

Avec cinq millions de déplacés souvent sans abri, selon l’OMS, et privés de nourriture ou d’eau potable, le plus grave danger a trait désormais aux risques d’épidémies à la suite de l’empoisonnement de l’eau par les cadavres et de l’infiltration d’eau de mer dans les puits.

Le dernier bilan provisoire, à 0H38 GMT vendredi, et susceptible de s’alourdir encore, faisait état de plus de 120 000 morts et de milliers de disparus dans huit pays du sud et du sud-est de l’Asie.

Un peu plus de 2 000 touristes étrangers venus passer les fêtes de fin d’année au soleil ont été tués dans la seule province de Phang Nga (sud de la Thaïlande), où se trouve la station balnéaire dévastée de Khao Lak, ont annoncé vendredi matin les autorités locales.

Les principaux pays touchés par les raz-de-marée tragiques sont l’Indonésie (79 940 morts dans le nord de l’île indonésienne de Sumatra), le Sri Lanka (24 743 morts, 12 482 blessés et près de 5 000 disparus), l’Inde (11 330 morts, et des milliers de disparus sur les îles Andaman et Nicobar, dans le golfe du Bengale) et la Thaïlande (4 510 morts, dont 2 230 étrangers, et 6 121 disparus).

Les pays étrangers hors de la région sinistrée, qui ont payé le plus lourd tribut, sont la Suède (44 morts confirmées), l’Allemagne (33), la Grande-Bretagne (28), la France (22), la Norvège (21) l’Autriche (20), le Japon (15), l’Italie (14), les États-Unis (14), selon des chiffres fournis par les autorités.

« Les corps en putréfaction vont provoquer des maladies comme le choléra, la diarrhée ou la typhoïde si nous n’intervenons pas rapidement », a expliqué jeudi à l’AFP William Carré, de l’ONG française Pompiers sans frontières.

La vague de solidarité mondiale vers l’Asie, qualifiée vendredi de « Téléthon planétaire » par le quotidien français Libération, ne cesse de grandir, avec 500 millions de dollars d’aide déjà promis, et surtout les appels de plus de en plus pressants dans les pays riches à un moratoire de la dette pour les pays ravagés par la catastrophe.

Jeudi soir, le Canada a mis en place un moratoire avec « effet immédiat » sur la dette des pays frappés, a annoncé le ministre des Affaires étrangères Pierre Pettigrew, sans préciser son montant. Le gouvernement d’Ottawa a voulu ainsi envoyer selon lui un « signal » aux autres grands pays créanciers du Club de Paris avant leur réunion le 12 janvier prochain dans la capitale française.

La France et l’Allemagne ont aussi plaidé pour un tel moratoire, tandis que les États-Unis se déclaraient favorable à un allègement de la dette des pays touchés. George W. Bush va dépêcher dimanche son chef de la diplomatie Colin Powell dans la région touchée par les raz-de-marée en Asie afin de montrer que les États-Unis veulent être au premier rang des pays apportant leur aide.

M. Powell sera à la tête d’une délégation de responsables américains qui comprendra également Jeb Bush, le gouverneur de la Floride (sud-est) et frère du président américain, a précisé jeudi soir le porte-parole adjoint de la Maison Blanche Trent Duffy.

La Banque mondiale a annoncé qu’elle allait débloquer 250 millions de dollars d’aide aux sinistrés des raz-de-marée en Asie du Sud et du Sud-Est, mais les efforts restent encore en deçà des besoins, puisque l’Onu a demandé une aide de plus de 1,6 milliard de dollars.

La situation était particulièrement dramatique dans le nord de l’île indonésienne de Sumatra, proche de l’épicentre du séisme. La région d’Aceh a perdu près de 80 000 habitants et 80% de la côte ouest de la province a été détruite, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Les déplacés s’y comptent en centaines de milliers. Déjà traumatisés, ils ont dû affronter dans la nuit des répliques sismiques. Mais surtout, la plupart d’entre eux n’ont pu recevoir d’aide internationale en raison de la coupure des routes et d’une grave pénurie d’essence. Affamés, certains ont commencé à fouiller la couche de boue pour trouver des noix de coco ou du riz.

Les tsunamis ont aussi frappé la Birmanie (90 morts, selon l’Onu), les Maldives (75), la Malaisie (66), le Bangladesh (2), et en Afrique la Somalie (132), la Tanzanie (10) et le Kenya (1).

L’Inde a refusé toute assistance extérieure, estimant pouvoir faire face avec ses propres moyens alors que la situation y restait très confuse, notamment dans l’archipel des Andaman et Nicobar, situé très près de l’épicentre du séisme. Le bilan provisoire de 4 000 morts pourrait s’aggraver considérablement. La police et les gardes-côtes craignent en effet que 10 000 personnes aient péri sur la seule île de Car Nicobar.

En Thaïlande, la récupération des cadavres des touristes est malaisée. Les étrangers souhaitent en effet les conserver pour permettre leur identification, alors que les autorités préfèrent les enterrer ou les incinérer pour des raisons sanitaires.

Les pays nordiques, l’Allemagne et l’Italie devraient être les plus concernés. Ce sont eux qui comptent le plus de ressortissants n’ayant pas donné de nouvelles depuis dimanche (un millier de Suédois, 700 à 800 Norvégiens, un millier d’Allemands, 700 Italiens).

Les États-Unis ont déjà annoncé 35 millions de dollars d’aide, le Canada 53 millions de dollars (gouvernement et provinces) et le Japon 30 millions. Londres a promis 70,5 millions d’euros (ME), la Suède 55 ME, la France 41,3 ME, les Pays-Bas 27 ME, l’Allemagne 20 ME et la Suisse 16,2 ME.

Sans compter les dons aux organisations humanitaires, comme en Grande-Bretagne où les douze principales organisations caritatives du pays, avaient recueilli jeudi soir 35,25 millions d’euros, où aux États-unis où la Croix-Rouge américaine a déjà reçu plus de 18 millions de dollars de dons.

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