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"Le dernier crépuscule" roman de Joao Campès.

Yaya, le personnage central du roman, non content d’être professeur de littérature à l’université, est polygame. Il a six femmes, dont trois mariages officiels et trois unions libres. Et l’auteur nous dit : [...]la polygamie ici n’est pas un problème, mais une solution, c’est ça n’est-ce pas ?(page 86 du Dernier Crépuscule), en précisant quelques pages plus loin l’esprit même de la constitution congolaise : le fait est que dans notre pays, la loi autorise jusqu’à quatre mariages officiels -un homme peut contracter quatre mariages successivement sans être obligé de préalablement casser l’un quelconque précédent mariage.

Et en fait de "solution", Joao Campès précise encore, à la page 85 de son livre : il paraît que c’est parce que depuis des siècles, depuis pas mal de temps en tout cas, dans la région, il y a beaucoup plus de filles qui naissent que de garçons, alors beaucoup restent sans engagement marital, elles ne fondent pas un foyer en tant que tel et se retrouvent à faire n’importe quoi, elles finissent par se laisser manipuler par les désirs sensuels les plus coriaces, elles ne s’éduquent pas correctement, ne s’instruisent pas du tout et ne peuvent donc pas participer à la gestion moderne de la cité qui exige justement que l’on s’instruise quelque peu... et jusqu’à présent le problème demeure, il y a toujours beaucoup plus de naissances féminines que masculines... d’où toutes ces traditions et ces coutumes, ces arrangements compliqués.

LA QUESTION EST : Est-il souhaitable que les choses en restent là ? Autrement dit, la polygamie est-elle blâmable, ou bien, notre constitution a-t-elle fait preuve de claivoyance sur ce point ?

La réponse à une telle question n’est pas aisée, et il ne s’agit pas de s’engager dans des débats visant à déstabiliser les uns ou les autres, ceux qui sont pour la constitution et ceux qui souhaitent voir la concrétisation des slogans du genre "un homme, une femme"... et la JFM, jeune association en création, se garde bien d’apporter une quelconque réponse à cette superbe question même si elle la pose.

Pour la JFM, ce sont plutôt les "à-côtés" du problème qui sont intéressants : s’il y a plus de naissances féminines que masculines, il s’agit peut-être pour nos soeurs congolaises de chercher à s’assumer autrement. Quels sont les voies et moyens pour s’assumer et faire son chemin, voilà peut-être le bon débat, mais nous n’allons pas nier, ainsi que le dit Joao Campès, que beaucoup de nos soeurs "finissent par se laisser entièrement manipuler par les désirs sensuels les plus coriaces, elles ne s’éduquent pas correctement, ne s’instruisent pas du tout et ne peuvent donc pas participer à la gestion moderne de la cité...". Une promenade le soir, vers 21h-22h dans Poto-Poto, Moungali, Talangaï, Bacongo, Makélékélé... nous permet de nous rendre compte qu’effectivement énormément de nos soeurs "se retrouvent à faire n’importe quoi"... par paresse dans la majorité des cas, et par complaisance, au sens morbide du terme.

L’AUTRE QUESTION EST : S’agit-il d’un parti-pris de l’auteur en faveur de la constitution lorsqu’il dit, à la page 86 : [...] il est préférable pour une femme de ne pas se retrouver toute seule, sans enfant parfois, sans homme. Au terme d’une adolescence volcanique et d’une jeunesse non moins tumultueuse, c’est très dur de se retrouver toute seule [...] ? La réponse à cette autre question n’est pas facile non plus, et encore une fois, la JFM, prudente, ne propose pas de réponse.

Mais revenons aux épouses de Yaya, dont Marie Léontine et Marie Laure, toutes deux brillantes universitaires, et à ses autres multiples amours, dont Marie Hélène, star des métiers de la mode, et nymphomane notoire. Nous constatons que le terme de "rivale" n’est employé que par Marie Laure pour désigner Marie Hélène -et Marie Léontine également souligne qu’elle ne pourra pas s’asseoir cinq minutes à côté de Marie Hélène (page 204). A la lecture du roman, on voit bien pourquoi il en est ainsi, toujours est-il que jamais Marie Laure n’emploiera ce terme de rivale pour désigner son amie Marie Léontine, jamais elle n’emploiera ce terme de rivale pour désigner Marie France, autre épouse officielle de Yaya, top model elle aussi, mais surtout, soeurette de quartier de Marie Laure à l’époque.

UNE TROISIEME QUESTION SE DESSINE : Un tel foyer, polygame certes, que celui de Yaya est-il blâmable ou saluable ? Joao Campès répond lui-même à cette troisième question (c’est la bonne entente entre les co-épouses, et la responsabilité -au sens très fort de ce terme- du monsieur lui-même qui font la différence)... page 110 du Dernier Crépuscule : [...] un des bons points de cet adorable monsieur que nous appelons notre père, c’est qu’il a su transmettre à tous l’esprit de grande camaraderie qui règne entre nous les enfants et également entre nos mamans. Une nombreuse famille où tout le monde se fréquente dans la plus grande amitié et le plus grand sens du partage et du secours réciproque, nous n’avons pas attendu l’actuelle mondialisation pour nous sentir vraiment "profondément ensemble".

Un livre, une oeuvre d’art est faite pour faire naître des questions pertinentes afin que chacun cherche des réponses pertinentes, nous saluons M. Joao Campès, auteur du Congo Brazzaville, pour son traitement pertinent de la polygamie dans son roman Le Dernier Crépuscule (paru en avril 2009 aux Editions Edilivre -www.edilivre.com).

JFM Jeunesse Féminine Mondialiste
association loi 1901 -
PARIS
(jeunes filles et jeunes femmes congolaises de la diaspora réunies en association mondialiste).
CONTACT : [email protected]

Le Dernier Crépuscule est l’histoire d’une famille passionnée par l’art littéraire. Le père, Professeur de littérature à l’université, également passionné de piano et d’échecs, les mères, les enfants, la plupart d’entre eux écrivent. Il semble même qu’ils écrivent tous un même livre, chacun à sa manière. Un des enfants est critique littéraire dans une maison d’édition : il travaille sur le même livre, qu’ils intitulent Le Manuscrit Cancéreux, ou Le Dernier Crépuscule, selon l’occasion. Une des mères, après un choc moral et une tentative de suicide, retrouve la santé mentale en se remémorant les poèmes du Tao Tö King de Lao-Tseu, philosophe chinois, que son mari lui commente dans ses songes. Un chapitre entier est consacré à l’ébauche d’une théorie de la littérature sous forme d’un échange de lettres entre deux des personnages principaux. L’ouvrage s’achève sur le prologue d’une pièce de théâtre écrite par un des enfants de cette grande famille et intitulée Le Manuscrit Cancéreux...

Auteur(s) : Joao Campes
Éditeur : Edilivre / Aparis
Collection : CLASSIQUE
Présentation : Broché
21€

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