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Léopold Congo - Mbemba ou la tendre éloquence

Le chant de Sama Ndéye, nouveau recueil de poèmes de L. Congo-Mbemba

Bien que notre époque néglige la douce volupté des vers, j’ai eu envie de partager quelques coups de cœur.
Dans le petit cercle des jeunes poètes congolais, je pioche d’abord la tendre éloquence de Léopold Congo Bemba, dont la verve a été inspirée autant par Hamadou Hampaté Bâ, Mari Evans, Marc Alyn, Khalil Gibran que par Wole Soyinka

Léopold Congo - Mbemba

Après avoir publié aux éditions L’Harmattan en 1997 "Déjà le sol est semé", en 1998 "le tombeau transparent", Léopold Congo Bemba nous émeut par son lyrisme mélancolique avec "Le chant de Sama Ndéye" édité dans la collection des poètes des 5 continents chez L’Harmattan.

Né au Congo-Brazzaville, le fort séduisant Léopold Congo Bemba réside actuellement dans la banlieue parisienne où il est directeur de collection aux éditions l’harmattan et adjoint de direction à la Géode. [size=12]

Entre grâce nébuleuse et froides résignations, Léopold Congo Bemba nous invite à pénétrer un univers proche du chant incantatoire. Avec « Le chant de Sama Ndèye » voici venue une nouvelle occasion, de tonner une supplique à la terre, à la mère, à la matrice originelle. « ...Au cœur de ma solitude tu habites, et dans l’écho de ta pensée est mon séjour.... » A des années lumières d’une poésie guindée, qui exige de fouiner dans des replis secrets. Ici point de sens caché, de métaphores absconses, il est question de la blessure affligée à un territoire physique et moral. Le poète tisse la toile, d’une terre flouée, par tous ses pores « ...Les jours qui se lèveront à présent seront sans lumière. Ils me trouveront épuisée, alitée sur la cendre des rêves consumés..... » décrit les affres des victimes de guerres éternelles. « ...Je sais le songe éclaircissant la nuit des veuves, et versant dans leur sommeil la vague sanguine des eaux maritales dans le restac des souvenirs Je sais dans le vent, l’orpheline qui frisonne et se glace, qui du père perdu sent la caresse et entend la voix. Mais à toi, mes appels et mes prières vont, comme au tombeau le message et la foi des martyrs...... »

Tout le long de ses 88 pages, Léopold Congo - Mbemba est en quête d’un signe, salvateur qui éclairerait un futur incertain. « ...J’ai interrogé la source, pour éteindre mes souffrances l’eau fut claire à ma douleur, les ablutions ont assoupi le feu elles n’ont pas éteint la vérité.... » Parfois la voix du poète se détache du mot et donne à entendre une ballade déchirante. « ... Dans le bégaiement de la langue de l’oracle, sensibles aux supplices des cœurs meurtris, j’ai entendu les morts répondant à la détresse des vivants. J’ai vu, approchant l’enfant qui garde l’âme, les morts rendant visite aux orants - je crois à la pluie qui répond aux appels des terres qui calcine la soif ... »

Mais on ne saurait s’en tenir là, « le chant de Sama Ndèye » offre de temps à autre un souffle de découverte « ...Sommeillant au fond de moi- même, ta voix précéda dans ma vie ton nom comme ton visage..... »
Pourtant, un doute subsiste après la première lecture. Est-ce donc une union malheureuse, que ce recueil de poésie où sévissent aux côtés d’un réalisme intimiste, quelques facilités d’artifices encombrantes et négatives ? Nullement ! C’est au contraire un mariage où la lumière le dispute aux ténèbres, un mariage tout à fait heureux qui permet au poète de se languir d’un ultime espoir « ...Au creux de ma poitrine, je grillerai le sel de mon sang. Ainsi, dans le périple de ton errance et dans tes règnes éphémères, tu parleras de ma terre ; - l’autre terre, où le soleil est féminin..... »

Alors oui, j’ai vraiment aimé ce chant avec toutes ses imperfections

CHARME

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