email

Les Grands débats du Blog (5) : Daniel Picouly accuse l’Académie Française

Il se passe toujours des choses intéressantes sur le Blog de notre ami Pierre Assouline (photo), La République des livres, hebergé par le site du quotidien Le Monde, lemonde.fr (voir aussi, pour y accéder directement, notre rubrique "liens intéressants"). Je lis régulièrement son Blog - l’un des meilleurs sur la place -, et lorsque nous discutons avec cet écrivain-journaliste, nous ne manquons pas de nous donner quelques "trucs" sur la manière de gérer ce "nouvel" outil de communication. J’ai choisi pour vous, dans son Blog, un article qui avait retenu mon attention il y a plus de deux mois. C’est un billet qu’Assouline avait intitulé "Picouly accuse l’Académie Française" et que je vous propose comme un des grands débats de notre Blog... La parole donc à Pierre Assouline :


C’est toujours lorsqu’il s’exprime à des milliers de kms de chez lui, ou à l’intention de publics très lointains, que l’écrivain français dit vraiment ce qu’il a sur le coeur. Comme si la distance le débridait soudain tout en lui conférant une sorte d’immunité. On se souvient encore du tollé récemment suscité par les déclarations d’Hélène Carrère d’Encausse [immigration et polygamie] à des médias russes et par Alain Finkielkraut [équipe de France Black-Black-Black etc.] à un quotidien israélien. Aujourd’hui, Daniel Picouly. D’ordinaire, il n’a pas sa langue dans sa poche, le romancier de La Lumière des fous, Champ de personne, Tête de nègre et Fort de l’eau entre autres. Il n’est jamais nécessaire de le pousser pour qu’il use haut et fort de son franc parler, et il provoque volontiers pour faire bouger les choses.

Daniel Picouly

Or il se trouvait il y a quelques jours à l’île Maurice, invité par l’ambassade de France à prononcer une conférence à l’université de Maurice sur "Le romancier et son double" et une autre à l’Alliance Française sur "Comment écrit-on un roman policier". En marge de ces réunions, il a accordé un long entretien au quotidien Le Mauricien dans lequel on relève notamment ces propos que le prix Renaudot 1999 (L’Enfant léopard) n’aurait peut-être pas formulés tels quels à Paris, dans un journal ou dans Tropisme et Café Picouly, émissions littéraires qu’il anime à la télévision.

"À l’Académie française il n’y a pas de noirs. Le siège de Senghor est maintenant occupé par le mec des diamants de Bokassa [Giscard d’Estaing]... C’est la plus grosse injure symbolique qu’on ait pu faire. Aujourd’hui, la culture française est à ce point si peu irriguée qu’on n’a aucun représentant de la littérature caribéenne ou autre à l’Académie française. C’est une obscénité, et pourtant cela se perpétue sans dommage. Il n’y a pas un seul juré de couleur dans les grands prix littéraires. Quand j’ai envie de provoquer, je dis que comme on est dans une société au mérite, ça veut dire que les noirs sont des cons. Pas foutus d’être jurés, pas foutus d’être à l’Académie française, c’est ça que vous voulez dire ? Ils sont nuls puisqu’ils ne sont pas là, sinon, s’ils étaient bons, ils y seraient ! On vous écoute, on proteste et on baisse la tête."

Laissez un commentaire
Les commentaires sont ouverts à tous. Ils font l'objet d'une modération après publication. Ils seront publiés dans leur intégralité ou supprimés s'ils sont jugés non conformes à la charte.