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Les assassins de Marien Ngouabi

Le 18 mars 1977, un complot bien fomenté mit fin à la vie de Marien Ngouabi. Aujourd’hui, trente quatre ans après ce crime fratricide, l’énigme demeure plus ou moins intacte. La commémoration n’intéresse plus ceux qui, dès sa mort, jurèrent devant témoins honorer la mémoire de Marien Ngouabi.

Mars est le mois des anniversaires nécrologiques. La violence qui caractérise le champ politique congolais eut raison de deux monuments : un chef d’Etat et un chef religieux. Singulièrement, souvent, l’historiographie oublie l’anniversaire mortuaire d’un autre chef poltique : Alphonse Massamba-Débat. Dans ce cas, le trou de mémoire de notre histoire tient d’un geste délibéré de ceux qui, par un machiavélique tri sélectif, classèrent certaines victimes parmi les héros, d’autres parmi les tabous de la République marxiste.

Mais qui se souvient aujourd’hui de Marien Ngouabi, un homme dont la mort entraîna celles d’autres personnes (pour la plupart innocentes) et mit le Congo au bord de la guerre civile ? Personne, sauf probablement, l’Association "Marien Ngouabi" qui oeuvre dans des actions pédagogiques scolaires à Fort-Rousset.

Ironie de l’histoire, la logique des réhabilitations commence à faire remonter à la surface de la conscience des noms, hier, pestiférés et, paradoxalement, à enterrer aujourd’hui dans les profondeurs de l’inconscient amnésique, les noms des héros adulés hier. Franklin Boukaka, Ange Diawara et ses compagnons ont désormais pignon sur rue. Nul ne sait quel sort réserve demain la mémoire collective à des acteurs comme Sassou, Yhombi, Dabira, Moundélé-Ngolo, Jean-François Ndenguet...

Souvenez-vous ; un éminent homme d’Eglise (un Cardinal) perdit la vie à cause d’un crime que les véritables assassins de Ngouabi lui imputèrent pour des raisons d’ordre "mystiques" !

Ces tueurs courent encore, continuant de commettre d’autres crimes encore plus crapuleux.

Certains observateurs disent que, Marien Ngouabi, né à Ombélé (Cuvette) joua à fond la carte ethnique dans la gestion de la chose publique. La thèse du crime fratricide est souvent retenue par les observateurs : en voulant mettre fin au népotisme, Ngouabi signe son arrêt de mort le 18 mars 1977, date du point d’achèvement d’une conspiration digne d’un scénario agatha-christien. Dans ce cas, Marien Ngouabi est mort non pas par la faute de ses ennemis mais faute de s’être méfié de ses amis.

Ce que ses frères ethniques lui reprochèrent ? Sa volte-face quand il voulut associer la région du Pool à la gestion d’une Nation dont lui, Marien Ngouabi, le mbochi/kouyou, ne maîtrisait plus les commandes et le destin.

Alphonse Massamba-Débat dont il admirait secrètement la science politique et économique fut ce symbole du Pool auquel Marien Ngouabi voulut remettre le témoin.
Bouc émissaire, Massamba-Débat sera éliminé par ceux qui voyait en Ngouabi le traître et qui le mirent en garde en lui faisant cette sommation : "si tu recules, nous t’abattons".

Chose promise, chose due : Ngouabi fut éliminé pour avoir voulu faire marche-arrière.

Voilà pour l’une des thèses. L’autre thèse est celle de la révision du contrat pétrolier envisagé par le régime. Cette démarche des marxistes congolais mit ELF dans tous ses états. La compagnie pétrolière préféra Sassou à l’incontrôlable Marien Ngouabi.
Plus de trente ans plus tard, Elf s’est rendu compte qu’il fit le bon choix en remplaçant Ngouabi par Sassou.

Aujourd’hui, l’homme à tout faire de la françafrique, Denis Sassou-Nguesso, est dans le collimateur des Congolais qui veulent enfin profiter de leur pétrole.

Kadhafi qui a su employer l’argent de l’or noir mille fois mieux que l’homme d’Edou-Penda est honni par son peuple. Raison supplémentaire pour que l’homme de Tchambi Tso n’ait droit à aucune indulgence.

« Les Tunisiens avaient tout. Ils ont viré Ben Ali. Les Congolais n’ont rien, Sassou est toujours là » a dit en substance Marcel Guitoukoulou à Pantin (19 mars 2011)

Que le printemps arabe serve de base de réflexion aux pays d’Afrique Noires, notamment le Congo dont le peuple croule sous une misère indescriptible.

TEST ADN

Enfin pour en revenir au thème de départ, les assassins de Ngouabi peuvent se féliciter que l’usage des tests ADN ne fut pas d’actualité en 1977. Aujourd’hui la police scientifique identifie grâce à leur ADN toutes les personnes présentes sur une scène du crime. Que ce soit à l’Etat-Major ou à l’hôtel Le Mistral, c’aurait été un jeu d’enfant de déterminer celui qui porta le coup fatal à Marien Ngouabi.

Bien des vies eurent pu être épargnées. Et peut-être que la maison d’arrêt de Brazzaville serait le lieu où logeraient ceux qui règnent actuellement au Congo.

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