L’accès inégal des femmes aux ressources est largement considéré comme responsable du taux de mortalité maternelle élevé en Afrique sub-saharienne estimée à plus de 500 pour 100.000 naissances vivantes, ont déclaré jeudi à Nairobi, un responsable ghanéen.
Dans une communication présentée lors de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD) à Nairobi, le directeur exécutif du Conseil national pour la population du Ghana, Richard Turkson, a déclaré que cet état de fait découle du statut inférieur de la femme dans la société africaine en général.
M. Turkson a souligné que 50 millions de cas de santé maternelle sont enregistrés chaque année en Afrique sub-saharienne et qu’une femme sur 16 meurt au cours de l’accouchement, comparé à une femme sur 48 dans les pays développés.
Il a déploré le fait que la maternité à risque et la mauvaise qualité des services de santé de la reproduction avant même la grossesse constituent la norme pour les femmes africaines.
"Il nous faut faire face et trouver une solution satisfaisante à ces problèmes socio-économiques qui limitent les choix et les capacités de prise de décision des femmes", a-t-il soutenu.
L’officiel ghanéen a fait remarquer que l’Afrique a devant elle une énorme tâche malgré certains progrès enregistrés dans le cadre de la réalisation des objectifs fixés au niveau mondial par la CIPD en 1994.
Selon un rapport datant de 2002 sur les perspectives de la population mondiale, des progrès importants ont été réalisés depuis l’adoption du Programme d’action de la CIPD il y a une décennie.
"Le monde commence à assister rapidement à la fin de la croissance démographique rapide, les couples sont plus enclins à fonder une famille d’une taille désirée et à espacer les grossesses. La mortalité baisse dans la plupart des pays et il est évident qu’ils prennent des mesures audacieuses pour faire face au VIH/SIDA et aux autres crises sanitaires", note le rapport.
Cependant, M. Turkson s’est empressé de souligner que les progrès ne touchent pas l’ensemble de la planète.
"L’Afrique est le continent où la croissance démographique est la plus rapide, avec un taux de 2,3 pour cent par an, suivi de l’Amérique Latine et des Caraïbes avec 1,5 pour cent par an", a-t-il déclaré pour étayer ses arguments.
Il a insisté sur l’importance de la santé de la population et de la reproduction, insistant sur la place de ces deux notions pour la réalisation des Objectifs de développement du millénaire (ODM).
Le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, a exprimé des sentiments similaires quand il s’est adressé récemment à la 37ème session de la Commission sur la population et le développement.
"Sans un engagement ferme envers les questions touchant à la santé de la population et de la reproduction, les questions de genre et celle de la répartition non équitable des ressources, il est peu probable que les objectifs et cibles de la CIPD et du sommet du millénaire seront effectivement atteints", a déclaré M. Annan à la Commission.
Les pays africains qui ont participé à une étude effectuée par la Commission économique de l’ONU pour l’Afrique (CEA) ont déclaré qu’ils éprouvaient des difficultés à mobiliser des ressources au niveau local pour mettre en oeuvre les objectifs de la CIPD.
Cette étude indique aussi qu’environ 20 pour cent des femmes mariées en Afrique âgées entre 15 et 49 ans utilisent des méthodes de contraception modernes, ce qui est bien en dessous des prévisions.
L’objectif de la réunion de trois jours de la CIPD à Nairobi dont le thème est "Compte à rebours jusqu’en 2015" est d’évaluer les progrès réalisés au cours des dix dernières années dans la réalisation des objectifs de la CIPD et d’évaluer les conséquences de leur non réalisation d’ici l’année ciblée.
Deux cents participants représentant des Organisations non gouvernementales (ONG), des associations de la société civile, des acteurs de la santé de la population et de la reproduction de toute l’Afrique assistent à cette conférence.
