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Les guerres, principal obstacle au développement en Afrique

Lundi 5 juillet 2004

L’instabilité chronique du continent noir depuis sa décolonisation est surtout due aux conflits. La crise du Darfour, au Soudan, en est le dernier témoignage.

"Sans la paix, tous nos plans ne seront que des utopies", prévient le président mozambicain Joaquim Chissano, président sortant de l’Union africaine qui se réunit en sommet à partir de demain à Addis Abeba. "Les conflits constituent en grande partie la cause directe du sous-développement économique et social de notre continent", poursuit-il.

La crise au Darfour, dans l’ouest du Soudan, où se développe une catastrophe humanitaire, n’est que le dernier avatar en date de l’instabilité chronique d’un continent qui a connu au cours des cinquante dernières années - depuis le mouvement de décolonisation - 186 coups d’Etat et 26 conflits majeurs.

A Addis Abeba, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine tenteront pendant trois jours de progresser sur la voie de la constitution d’une force de maintien de la paix et sur l’amélioration des "critères de bonne gouvernance".

L’organisation régionale a lancé voilà deux ans à l’échelle du continent une initiative visant à placer l’Afrique sur les rails d’une sortie rapide de la pauvreté et à l’insérer dans les flux internationaux du commerce et de l’investissement.

L’un des objectifs est de convaincre l’Occident que l’Afrique est prête à se débarrasser du despotisme, des guerres et de la corruption afin d’attirer des investissements étrangers massifs.

Une nouvelle génération au pouvoir ?

Le scepticisme abonde et les doutes sur la volonté politique réelle des 53 Etats membres de l’Union de superviser l’avancement de la démocratie en vertu du Mécanisme africain d’évaluation entre les pairs (MAEP) subsistent.

"Comment peut-on attendre grand chose de l’UA lorsque nombre des gouvernements membres ne doivent pas véritablement rendre des comptes à leur population ?" , s’interroge Nhial Bhol, rédacteur en chef d’un quotidien soudanais.

Alors que plusieurs dirigeants en place ont été portés au pouvoir par des coups d’Etat ou des élections truquées, certains estiment que la priorité devrait aller au développement de la démocratie Etat par Etat, et ce, avant de créer de coûteuses institutions comme le Parlement panafricain, inauguré en mars à Addis Abeba et en partie inspiré du Parlement de l’Union européenne.

D’autres observateurs insistent sur les progrès réalisés jusqu’ici et reportent leurs espoirs sur une nouvelle génération de décideurs, trentenaires ou quadragénaires, modernisateurs et démocrates, que l’on retrouve dans l’organe central de l’Union africaine, la commission.

"Ce n’est en aucune façon un long fleuve tranquille, mais le rythme est encourageant", avance l’analyste nigérian Tajudeen Abdul-Raheem.

"Il existe un nouvel optimisme, mais, plus que cela, il se développe une masse critique de dirigeants, à la fois parmi les gouvernements et la société civile, qui veulent que l’UA fonctionne, quoi que puissent dire ceux qui n’ont jamais voulu le bien de l’Afrique ou qui y ont renoncé", poursuit-il.

L’ancêtre de l’Union africaine, l’Organisation de l’Unité africaine (OUA), créée sous la Guerre froide, était en manque quasi permanent de financements et a fini en cercle de discussions interminables.

Les "Afro-optimistes" veulent croire que l’Union africaine réussira à convaincre les dirigeants africains de la nécessité d’attirer une partie des mouvements financiers et d’investissement. Avec 13 % de la population mondiale, le continent noir ne représente que 1 % des investissements étrangers directs, 1 % du PIB mondial et 2 % du commerce mondial - et tous ces indicateurs ont chuté depuis les années 1960.

Aujourd’hui, plus de 40 % des 830 millions d’Africains survivent avec moins de un dollar par jour, 200 millions d’entre eux sont sous la menace de graves pénuries alimentaires et le sida tue chaque année plus de deux millions d’Africains.

William MACLEAN

www.lexpress.mu/

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