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Levée de la mesure d’assignation à résidence : entretien de Guy Romain Kinfoussia Président de l’Udr Mwinda et de Me Philippe Youlou

Guy Romain Kinfoussia, Président de l’UDR-MWINDA s’est entretenu avec Me Philippe Youlou, avocat au barreau de Nice

Chronique de la levée d’une mesure arbitraire

Assigné à résidence à Brazzaville, le colonel Guy Romain Kinfoussia s’est entretenu avec l’avocat Philippe Youlou.

Parenthèse ouverte. Rapide profil de l’avocat dont vous trouverez l’interview plus bas : s’inspirant des travaux de Michel Foucault Me Philippe Youlou, cela va sans dire, milite pour une politique anti-carcérale, particulièrement dans des pays comme le Congo-Brazzaville où les droits de l’homme sont royalement bafoués. L’homme de Droit parlera plus loin sous sa casquette de juriste et rien qu’un peu moins sous celle du militant des Droits de l’homme. Parenthèse fermée.

Depuis les dernières élections "brillamment" remportées par Denis Sassou-Nguesso, les leaders des partis de l’Opposition ont tous été assignés à résidence pour des raisons interchangeables selon l’humeur des juges de Brazzaville. Quand ce n’était pour organisation illégale d’une marche, c’était pour détention d’arme. De toute façon les « malheureux » adversaires de Sassou voyaient réduite leur liberté de mouvement.

Joint au téléphone ce vendredi 30 octobre, le colonel Guy Romain Kinfoussia , Président de l’UDR-Mwinda nous a confirmé la réduction de leurs droits par le vainqueur des élections du 12 juillet dernier. « Je ne puis même pas me rendre à Kinkala » nous a-t-il confié. A la question, comment vivaient-ils tous cette privation de liberté, le leader de Mwinda a expliqué qu’un bémol avait été mis dans leurs actions, le temps de respecter le délai des 100 jours dont bénéficie un gouvernement avant de subir la puissance de feu de la critique. « Le 25 novembre, il aura atteint cette limite » A ce moment l’opposition n’aura plus de raison de le ménager.

En attendant, profitant de la convocation de Mathias Dzon par le juge, les leaders de l’opposition et leurs militants ont littéralement fait le siège du palais de justice. Du jamais vu : s’en est suivi un terrible bras de fer entre la coalition des leaders et le représentant du pouvoir. Accusé de port illégal d’arme, Mathias Dzon s’est vu notifié un mandat de dépôt par le juge. Le sang des leaders de l’Opposition n’a fait qu’un tour. « Si vous ne voulez pas qu’il y ait une nouvelle guerre civile au Congo, essayez seulement de le mettre en prison » ont menacé les chefs de l’Opposition. Vous avez bien lu : « Si Dzon est arrêté, la guerre repart ». Pris de panique, le juge a simplement prononcé la relaxe du « prévenu » Mathias Dzon. La démonstration de force de l’Opposition a donc fait mouche. C’est sous une escorte triomphale des militants de l’Opposition que Mathias Dzon est rentré chez lui.

Levée de la mesure

Aux dernières nouvelles l’assignation à résidence aurait été levée. Le leader de l’UDR-Mwinda, le colonel Guy Romain Kinfoussia, nous a assuré avoir envoyé ce vendredi 30 octobre des gens vérifier à l’aéroport si « on pouvait passer ». Pourquoi ce test à la frontière ? C’est que renier la parole donnée est une caractéristique de ce régime. Il n’en est pas à sa première fourberie. Au moment où nous écrivons ces lignes personne ne peut dire si le test est positif ou négatif, nous n’avons pas encore confirmation si le pouvoir a tenu ses engagements de laisser libres ses adversaires de circuler sur toute de l’étendue du territoire de la République et/ou de quitter le pays. On se souvient qu’Ange Edouard Mpoungui, l’un des ténors de l’Opposition, fut le premier à expérimenter le décret de Sassou interdisant ceux qu’il avait (pourtant) battus aux élections de, par exemple,…battre en retraite à l’étranger. Le Pouvoir justifiait officieusement cette fermeture des frontières par le fait qu’ayant eu vent d’une conspiration contre sa personne, Sassou voulait voir tout le monde sur place à Brazzaville jusqu’à nouvel ordre, pour les avoir « à l’œil ». Une autre hypothèse était que pour limiter les dépenses de l’état liées aux frais des missions que s’octroyaient abusivement les fonctionnaires, Sassou avait interdit, sauf cas urgents, tout déplacement à l’étranger. Autrement dit, deux thèses envisageables pour la grande galère des membres de l’Opposition : une thèse politique et une économique. Balivernes. A notre avis, ni l’une ni l’autre thèses n’étaient rationnellement recevables. Qui diable oserait s’en prendre à un homme, Sassou, puissamment armé, généreusement soutenu par la Françafrique et, de surcroît, ayant ouvertement bénéficié d’une trêve de 100 jours de la part de l’Opposition ? Dans la mesure où Sassou pratiquerait (toujours selon l’Opposition) son nouveau projet de société, le Chemin de l’avenir, « dans les règles de l’art », il n’y a franchement pas le feu au lac.
Quant à la thèse économique, il y a de quoi rigoler. Depuis quand Sassou se soucie-t-il de la santé des finances de la République ?

En attendant la levée du décret de Sassou, le colonel Guy Romain Kinfoussia a inauguré l’université d’été de son parti qui, soit dit en passant, n’a pas accès aux médias, tout comme, du reste, tous les autres partis de l’Opposition. Le but de cette université ? Animer le parti, former les militants.

Passage à tabac

La rédaction de CONGOPAGE a voulu vérifier une rumeur selon laquelle un député de l’UDR-MWINDA a été molesté par un membre important du premier cercle clanique de Mpila (il s’agit de Wamba Sassou-Nguesso, fils du chef de l’Etat congolais –NDLR). Ce passage à tabac aurait eu lieu à la sortie d’une boîte de nuit à Brazzaville. Il nous a été répondu qu’il s’agit en fait d’un transfuge de MWINDA ayant quitté le parti du vivant de Milongo, c’est-à-dire depuis belle lurette. Bref, c’est une affaire d’ordre privée (Une affaire de mœurs liées au cocufiage- NDLR). Un député de la mouvance présidentielle a donc expérimenté les us et coutumes de ses nouveaux amis.

Le Président Guy Romain Kinfoussia et Me Philippe Youlou se sont entretenus

Ici entre en scène l’avocat Me Philippe Youlou du barreau de Nice. Inquiété par le sort des membres de l’opposition congolaise, l’avocat d’origine congolaise s’était dit prêt à mettre ses compétences au service des « prisonniers politiques » de Brazzaville, quitte à le faire à titre honorifique.

Interview de Me Philippe Youlou :

Question : Maître pourquoi vous êtes-vous intéressé au cas Kinfoussia ? »

Réponse : Ce n’est pas que Kinfoussia. C’est la situation du Congo qui me préoccupe. L’homme ne doit pas être enfermé. Je suis avocat, pas juge. J’ai choisi ce métier parce que je ne tolère pas qu’un homme soit enfermé ; de surcroît pour ses idées politiques. Si je me suis approché de Monsieur Kinfoussia, c’est dans ce cadre. »

Question : Seriez-Vous allé à Brazzaville pour le défendre ?

Réponse : Oui, absolument. »

Question : Mais à Brazzaville le droit n’est pas respecté. N’aviez-vous pas peur des représailles ?

Réponse : On ne peut pas être avocat et avoir peur. De toute façon j’allais prendre mes précautions avant de me rendre au Congo. Naturellement mon bâtonnier aurait été informé, ainsi que la société des avocats français dont je suis membre. »

Question : Nous insistons. Vous ne tentez pas le diable en plaidant à Brazzaville, pays de non-droit ?

Réponse : On ne tente personne, il n’y a pas de diable. Au contraire c’est parce que c’est un pays de non-droit que les victimes des injustices ont plus besoin d’avocat qui les défendent. Dans tous les cas je ne saurai, d’entrée de jeu, me présenter comme le conseil de Monsieur Kinfoussia s’il ne me donne mandat pour le défendre. C’est, muni de ce mandat de désignation que je pourrai me rendre à Brazzaville. »

Question : Que pensez-vous de la politique de Sassou ?

Réponse : J’aimerai vivre dans un pays, le Congo. Dans le champ social, ou on est militant ou on est acteur politique. Le militant fonctionne à l’émotion. Dans quel cadre vais-je me situer en tant qu’avocat ? Dans le cadre politique, pas dans le cadre militant où priment l’émotion et le jugement de valeur. En règle général quand on a affaire à un adversaire politique, il y a intérêt d’éviter le parti-pris. Si tu stigmatises l’adversaire, tu ne peux l’approcher. »

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