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MOUNGOUNGA-NGUILA : retour sur une phrase assassine

Trois ans après sa disparition, Moungounga-Nguila Nkombo, l’ancien ministre des Finances de Pascal Lissouba, continue de hanter les esprits de ses partisans. En particulier pour sa fameuse réplique à un député : « J’ai attendu 27 ans, maintenant c’est mon tour, tais-toi. »

Lundi 06 Mai, Paris Saint Lazare. Deux jeunes congolais, confortablement assis dans le RER E, débattent de l’avenir de l’UPADS, leur parti, de son congrès à venir. Soudain, l’un d’eux lâche un mot sur la fameuse phrase de Moungounga : « Ce fut une phrase assassine, sans doute Moungounga ne mesura pas sa portée pour la postérité.  » Pour rappel, Moungounga-Nguila Kombo, puissant ministre des Finances, pour ne pas dire vice-président du Congo, répondait alors à un député du PCT, lors d’une séance de Questions au gouvernement. Une phrase arrosée d’arrogance, induite d’indécence... Et le Congolais du RER de poursuivre : « Lors du Congrès, il faudra tenter de corriger ce passé qui nous harcèle telle une meute.  » Noble vœu ! Mais vaste programme ! L’homme politique congolais est d’autant moins enclin à l’autocritique qu’il souffre de deux maladies infantiles : la ministrite et la sassouite - deux maladies qui consistent en une course effrénée pour le poste ministériel et en la flatterie de l’instinct de Sassou.

De 1992 à 1997, le pouvoir de Lissouba sera présidé par un seul sentiment : la vengeance. Foin de l’intérêt général, le pillage systématique des deniers publics sera la règle. Cela, nos deux jeunes du RER le savent : la période Lissouba traça le chemin du chaos, le retour de Sassou l’accomplit.
Il faut être haineux, revanchard à jamais pour oser prononcer une phrase d’une telle ignominie : J’ai attendu 27 ans... Abdoulaye Wade a attendu combien d’années avant d’accéder au pouvoir ? Nelson Mandela a attendu combien d’années avant de rassembler le peuple sud-africain ?

Moungounga-Nguila, par sa phrase, donna un coup de poignard à l’embryon démocratique. C’est lui qui, de façon solennelle, fit triompher le vol et l’intérêt personnel. L’immense Alexis de Tocqueville, dans son inventaire des dangers de la démocratie, écrivait : « (...) les ambitieux des démocraties se préoccupent moins que tous les autres des intérêts et des jugements de l’avenir : le moment actuel les occupe seul et les absorbe. Ils achèvent rapidement beaucoup d’entreprises, plutôt que d’élever quelques monuments durables ; ils aiment le succès bien plus que la gloire. (...) J’avoue que je redoute bien moins, pour les sociétés démocratiques, l’audace que la médiocrité des désirs. »

Ce sublime constat est intemporel, transposable et valable pour tous les gouvernements qui se sont succédé au Congo. Moungounga-Nguila, par la « médiocrité de ses désirs » n’était que le reflet de la classe politique congolaise. Et aucun parti ne semble prêt à abandonner la belle chanson des désirs médiocres. Pas même l’UPADS pour lequel les deux voyageurs du RER se soucient.

La culture de la haine

L’UPADS, en vérité, est née de la haine de l’autre et dans la haine de l’autre. La vengeance demeure sa botte secrète. Un parti satanique, donc. L’UPADS, c’est l’obsession de la Fatwa contre le Lari ; l’UPADS, c’est le terreau des ayatollahs du tribalisme... A l’instar de la secte PCT et du syndicat de féticheurs le MCDDI, l’UPADS aurait dû disparaître après que ses apprentis « jihadistes » eurent détruit Mfilou et Diata. Le comble, c’est qu’aucun des responsables de ce parti ne s’est remis en cause ; tous se comportent comme s’ils avaient eu un parcours immaculé.

La médiocrité, dans ce parti, a été érigée en dogme. Petit retour en arrière : quelques mois avant l’éléction présidentielle de 2009, Kignoumbi kia Mboungou s’introduit auprès de l’Ambassadeur des USA au Congo, afin de lui demander son soutien. Le diplomate américain lui répond favorablement. Mais, à peine Kignoumbi sort-il du bureau de l’ambassadeur, qu’il court voir Sassou, pour tout lui raconter. Sassou, illico presto, convoque l’ambassadeur. Le lendemain, ce dernier plie bagage, en maudissant la classe politique congolaise.

A quoi donc va servir le Congrès de l’UPADS ? Ce ne sera, à priori, qu’un énième divertissement entre fondamentalistes, incapables de se dépasser ou de proposer une alternative digne de ce nom au pays. D’ailleurs, ce serait une gravissime faute des Congolais si ce parti revenait un jour au pouvoir. La parenthèse 1992-1997 s’est définitivement refermée dans le livre d’histoire du Congo.

Si les Kignoumbi, Mabiala & CO veulent refaire surface, ils doivent changer le nom de leur parti, tout chambouler et entamer l’an1 de leur mouvement. L’UPADS (de même que le PCT et le MCDDI ) n’a pas besoin d’une intervention chirurgicale, mais d’une mort salvatrice, pour mieux renaître. « Meurs et deviens », en quelque sorte. Car la simple évocation du nom « UPADS » chez les Congolais leur donne des frissons, des hérissements de chevaux ou des poux. Des cauchemars aussi.

Ils ont attendu 27 ans, disent-ils. Espérons que les Congolais n’attendront pas une éternité pour se débarrasser du PCT, frère jumeau de l’UPADS.

Bedel Baouna

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