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Mauvais trip pour le ministre Ibovi

Ce 6 décembre, dans la salle des mariages de l’Hôtel de Ville de Pointe-Noire, monsieur François Ibovi, ministre de l’administration du territoire et de la décentralisation, venu pour lancer une « onde de choc et un renouvellement des engagements », se voit dresser par les administrateurs et élus locaux de la région, un bilan amer de quatre années de "fonctionnement" de la décentralisation/déconcentration.

La crème politico administrative des départements de Pointe-Noire et du Kouilou a déballé les insuffisances et les incohérences du nouveau découpage politique et administratif du pays devant son ministre de tutelle. François Ibovi fier de son bilan, tombe de haut, il est bien le seul à être satisfait.
Ce nouveau dispositif que tente de promouvoir le gouvernement congolais sous la responsabilité du ministre butte sur l’héritage de la centralisation au point de rendre vaine la volonté de décentralisation/déconcentration initiée par le programme de société de la "Nouvelle Espérance". François Ibovi est bien forcé de prendre acte. Il déclare, pathétique : la décentralisation ne doit pas mourir...

Force est de constater qu’au Congo, l’incohérence des textes est de notoriété publique, conférer la constitution qui ne prévoit pas un premier ministre nous ramène à cette réalité. Déconnecté des réalités le ministre en charge de la décentralisation est surpris que les textes y afférents souffrent d’un tel hiatus. Embarrassé par une question sur les moyens d’accompagnement, le ministre disjoncte et ose prononcer cette phrase qui mérite de passer à la postérité parmi les plus ridicules : Décidément la denrée rare dans ce pays c’est l’argent... la salle éclate de rire (jaune)...

Tant bien même aurions nous envie de soutenir François Ibovi, la richesse ostentatoire des ministres et autres gros poissons qui tiennent les rênes du pays est bien là pour confirmer la mauvaise gouvernance et la répartition oligarchique de la richesse du pays.
Sur un ton pédagogique, Ibovi soutient que « la politique est l’art de gouverner ». De toute évidence, il n’en possède pas la maîtrise et le Congo est l’exception qui confirme la règle.

Face aux critiques véhémentes il a bien dû convenir de certaines carences :
  Nécessité de compléter certains des textes existants et de garantir leur application ;
  Besoin impératif de clarification des textes qui ne sont pas compris de la même manière par ceux qui sont en charge de leur application, question de compétence au niveau des autorités déconcentrées ;
  Incohérence voire contradiction entre textes traitant du même sujet, telles la loi de 1901 donnant la liberté d’association et celle de 1960 qui régit les réunions publiques. Là le ministre se perd quelque peu dans des explications embarrassées sur le vieillissement des lois, se demandant à quel moment une loi devient obsolète et s’enferrant sur l’exemple français (on croit rêver) où, suite aux problèmes des banlieues Sarkozy a fait réactiver la loi d’état d’urgence ;
  L’occupation anarchique du sol, du fait de l’action incontrôlée des propriétaires terriens tout en fustigeant le système d’un certain fonctionnariat qui favorise tous les abus ;
  Le manque de coordination entre les différents pouvoirs locaux ;
  La répartition des différentes recettes bien souvent revendiquées par plusieurs entités administratives ;

Le président du conseil départemental du Kouilou, Monsieur Jean-Richard Bongo a pour sa part fortement embarrassé le ministre en lui rappelant que ses services ont emprunté (illégalement) au département un milliard de francs CFA qui n’ont toujours pas été restitués à son légitime propriétaire et qui lui font aujourd’hui défaut.

François Ibovi a du repartir dans son ministère en parodiant P’tit Gibus : « Si j’aurais su, j’aurais pas v’nu ». [1]

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