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Mcddi : Michel Mampouya au bout du rouleau ?

La Semaine Africaine,12 Sept.2002.
Le processus électoral qui a marqué la fin de la Transition semble avoir laissé au bord de la route le Mcddi (Mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral), le parti fondé par Bernard Kolélas et que dirige au pays, l’ancien ministre, Michel Mampouya. Même s’il reste, pour les législatives, huit circonscriptions électorales et pour les locales, 37 sièges, à pourvoir dans la région du Pool, son fief électoral, il n’en demeure pas moins vrai que le Mcddi a fait figure de peau de chagrin dans ces élections.

Cela sonne comme un échec pour Michel Mampouya qui, en prenant la tête du Mcddi en 1997, après le départ en exil de Bernard Kolélas, a conduit une politique réaliste basée sur la collaboration avec les vainqueurs de la guerre de juin-octobre 97, pendant que les exilés, eux, prêchaient la poursuite de la guerre, sans en mesurer les conséquences désastreuses sur les populations innocentes. Mais, si l’on fait le compte de son alliance avec le Pct (Parti congolais du travail), tout donne à penser que le Mcddi a été sérieusement brimé.

Deuxième parti, en nombre d’élus, aux élections de 1992, derrière l’Upads (Union panafricaine pour la démocratie sociale), le parti de l’ancien président Pascal Lissouba, le Mcddi ne compte, jusqu’à présent, que sept élus locaux : pas de député, pas de sénateur.

Le parti de Kolélas a même perdu la mairie de Brazzaville et dans la capitale, il ne contrôle aucune municipalité. Est-ce une contre-performance électorale ? Sans aller vite en besogne, force est de constater que ce résultat n’étonne pas. C’est la conséquence, d’une part, de l’opposition entre les exilés et les dirigeants restés au pays, et d’autre part, des querelles de leadership qui ont fragilisé ce parti sur le plan intérieur. Justement, pendant que les responsables du Mcddi morcelaient leur parti en tendances antagonistes, les adversaires se frottaient les mains, en lorgnant sur son fief. Bref, dans un contexte politique déprimé par les différents conflits armés, le Mcddi a ouvert le chemin à ses concurrents, jusqu’à perdre ses fiefs électoraux. La reprise des hostilités dans la région du Pool, avec la rébellion de Ntumi, à la veille des élections législatives, a fini par lasser et révolter un électorat qui commençait pourtant à mordre au discours de paix prôné par la direction du Mcddi. Cela s’est manifesté par des taux d’abstention record.

S’il est vrai que le Pct a eu la haute main sur le processus électoral de 2002, le succès forcé du parti de Sassou s’explique aussi par la désorganisation de ses deux principaux concurrents, notamment l’Upads et le Mcddi. Ces deux partis ne se sont pas remis de l’exil de leurs pères fondateurs qui, derrière eux, ont pratiqué la politique du chaos. C’est eux ou rien.

Michel Mampouya a réussi a faire renaître le Mcddi, au lendemain de la guerre de juin-octobre 97. Il a essayé de resserrer les rangs de ce parti et le conduire aux élections dans l’unité. Les rivalités intérieures, nourries par ses adversaires et l’opposition du père fondateur exilé, ont constitué autant de bâtons dans ses roues. Bernard Kolélas a appelé au boycott de tout le processus électoral. Les résultats sont là : qui a réellement perdu ? Sans un parti suffisamment représenté au parlement et même au gouvernement, comment peut-il obtenir du pouvoir de Brazzaville des négociations directes sur son retour au pays ?

Lorsque les exilés se réjouissent de l’éviction de Michel Mampouya du gouvernement, ils oublient les subtilités de la politique de Sassou Nguesso qui, avant la proclamation du nouveau gouvernement, a pris soin d’en informer personnellement Michel Mampouya.

Et, il y a deux semaines, ils ont eu une longue concertation à Oyo. Tout cela fait penser que le président par intérim du Mcddi n’est peut-être pas encore au bout du rouleau. Mais, la remontée du Mcddi passe, sans doute, par une réconciliation entre ses propres dirigeants, sinon ce parti sera condamné à la marginalisation.

Joël Nsoni
Brazzaville

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