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Michel Innocent Peya : le mythe de la termitière

Michel Innocent Peya, Congolais, a réalisé un ouvrage intitulé « Entre le bon sens et l’alternance absolue. L’Afrique à la croisée des chemins. Les réalités têtues de l’histoire se répètent ». Il en fera la dédicace ce samedi 7 juin 2014 à partir de 14h à L’Hôtel Hyatt Regency - Porte Maillot (Paris)

Dans l’interview qu’il a accordée à notre site, l’auteur fonde sa problématique sur un mythe (celui de la termitière). Cet édifice naturel fonctionne selon un système intelligent où la reine des fourmis assigne des tâches à la masse ouvrière. Lorsque la reine est déstabilisée, le système s’écroule et les occupants de la termitière quittent les lieux. Les exilés sont alors remplacés par des squatteurs dont le seul mode d’organisation politique est le chaos.

Il va sans dire que ce modèle mythique, bien qu’inspiré de la nature animale est, pour l’auteur, transposable sur les société humaines. L’auteur, c’est le cas de le dire, a fait un travail de fourmi. Son ouvrage (340 pages) rassemble des éléments sur toute l’Afrique où, comme des ruches dont la reine a été mise hors d’état de nuire, des pays comme La Lybie, L’Egypte, la RDC ont sombré dans le chaos.

Que voulez-vous donc insinuer par cette comparaison ?

« - Ma thèse est que l’Afrique est à la croisée des chemin. Soit elle emprunte la voie de l’alternance absolue soit elle emprunte celle du bon sens »

- Pour vous quelle serait la meilleure voie ?

« Ce n’est pas à moi, c’est au peuple (agent économico-politique intelligent) de décider  »

- Il ne reste pas moins que l’idée démocratique ne semble pas à vos yeux universelle.

« Nous avons des organisations de la parole à l’instar des "ossamba" chez les Mbochi, le "mbongui" chez les Laris, où la palabre est gérée de façon consensuelle. Il existe des structures politiques dans nos sociétés "kani" chez Mbochi, "mfumu" chez les lari. On pourrait s’en inspirer comme mode de régulation du pouvoir. »

Pourquoi ne pas tester la Constitution avant de recourir aux modèles traditionnels ?

« C’est que notre histoire est une succession de crises quand on expérimente le modèle démocratique occidental. Yombi, souvenez-vous nous imposa la VDA (vivre durement aujourd’hui), l’instabilité financière, la disette (on se nourrissait de criquets miniénié. En 1979, Denis Sassou succède à Yhombi. Stabilité politique et économique étaient au rendez-vous. En 2001, Sassou s’en va. Le chaos est revenu avec Pascal Lissouba. En 1997, retour de Sassou suivi de la paix et de l’assainissement des finances. Les faits sont têtus. Quand on met un coup de pied dans la fourmilière, le désordre s’installe. Il y a le modèle asiatique. Pourquoi il n’y aurait pas de modèle africain ? »

- Ce samedi 7 juin 2014, les Congolais de la diaspora organisent des Assises pour qu’il y ait une alternance politique au Congo. Qu’en pensez-vous ?

« - Ils sont libres d’organiser et d’avoir des exigences. Toutefois seul le peuple souverain peut décider. Quand on le consultera il se pourrait qu’il opte pour l’alternance ou pour le bon sens. Qu’on se rappelle du Prophète Samuel qui formula des volontés du Peuple auprès de Dieu. Bien qu’elles ne convenaient pas à L’Eternel ce dernier laissa faire. On connaît la suite. Le peuple vécut les pires misères »

- Les recours au religieux abondent dans votre ouvrage. Vous citez, en exergue Mgr Kombo : " réclamer l’alternance est une chose. Mais il faut éviter qu’un jour le Congo vote un démon au sommet de l’Etat." Cette parole s’est-elle vérifiée ?

« - A plus d’un titre. Prenez le cas de Pascal Lissouba. Le Congo a payé sa présence par une guerre civile.  »

Vous citez également Ramsès, philosophe allemand : « Aime le diable que tu connais bien , mais méfie-toi de l’ange que tu ne connais pas. » Vous agitez l’après Kadhafi et Moubarak comme un épouvantail pour ceux qui réclament l’alternance. Que savez-vous de l’après Sassou ?

« Je ne peux rien présager. Mais depuis le départ de Kadhafi, Mobutu, Saddam Husseim, c’est le chao dans ces pays. Vaut mieux aimer le diable, on ne sait pas celui qui vient après »

Simon Mavoula

Michel Innocent Paya : Entre le bon sens et l’alternance absolue. L’Afrique à la croisée des chemins. Les réalités têtues de l’histoire se répètent.

Editeur La Nouvelle Pensée, 340 p. Mai 2014

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