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Milongo dénonce la gestion "opaque" du pétrole

BRAZZAVILLE, 9 fév (AFP) - 11h46 - L’opposition congolaise a dénoncé la "gestion opaque" du pétrole, premier produit d’exportation, et réclamé un débat en profondeur sur le sujet à l’occasion d’une session extraordinaire de l’Assemblée nationale ouverte samedi à Brazzaville.
"Nous allons avoir un débat en profondeur sur le pétrole, lequel est géré dans une totale opacité", a lancé André Milongo, président de l’Union pour la démocratie et la république (UDR), principal parti d’opposition à l’Assemblée.

"Nous avons laissé le régime de concessions pétrolières pour un régime de partage de production avec les grandes compagnies, mais nous constatons que malgré ce changement, la gestion du pétrole est toujours opaque", a déclaré M. Milongo à l’AFP.

L’opposant a ajouté "j’espérais qu’avec le régime de partage de production, il y aurait un peu plus de clarté dans un domaine opaque, mais on n’y voit toujours pas grand chose".

Le pétrole assure 80% des recettes d’exportation au Congo et plus de 70% des ressources budgétaires annuelles de l’Etat.

A plusieurs reprises, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale ont dénoncé l’absence de transparence dans la gestion des revenus générés par le pétrole.

Samedi, les deux chambres du Parlement congolais, l’Assemblée nationale et le Sénat, ont ouvert séparément des sessions extraordinaires consacrées à deux projets de loi introduits par le gouvernement à la demande du groupe TotalFinaElf, premier opérateur au Congo.

Le premier porte sur des demandes d’attribution de permis d’exploitation des gisements "Moho", "Bilondo et Nsoko" découverts sur le permis de recherche "Haute mer" (offshore) dont TotalFinaElf est l’opérateur principal.

Le second projet modifie le contrat de partage de production passé en avril 1994 entre le gouvernement congolais et TotalFinaElf sur le même permis.

Cette modification demandée par le groupe pétrolier devrait lui permettre d’alléger les charges générées par les coûts d’investissements réalisés sur les gisements Moho, Bilondo et Nsoko.

Le 1er février, après examen, le conseil des ministres dirigé par le président Denis Sassou Nguesso a annoncé que les deux projets de loi seraient soumis au Parlement pour approbation.

Samedi, un ministre s’exprimant sous couvert d’anonymat a indiqué à l’AFP que le gouvernement n’avait pas tranché parce que les projets de loi mettent en cause les intérêts du Congo.

Les modifications à l’accord de partage demandées par TotalFinaElf se traduiraient par une réduction à 30% de la part de production réservée au Congo contre 70% pour le groupe pétrolier, alors qu’il prévoyait initialement, selon lui, une répartition égale des parts de production.

"Nous sommes en discussion avec TotalFinaElf qui a met en relief le coût très élevé des investissements pétroliers pour baisser la part de notre pays dans le régime de partage de production", a dit le ministre.

"Les intérêts du Congo ont été lésés lors du passage à ce régime et nos parts dans le capital d’Elf-Congo, filiale de TotalFinaElf ont été rachetées à vil prix par ce groupe. Nous sommes en droit de demander réparation parce que le préjudice subi est de 500 millions USD", a prétendu le ministre

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