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Obama : L’Afrique est du mauvais coté de l’histoire.

Deux millions de personnes venues de toute l’Amérique de Tahallassee en Floride à Anchorage en Alaska , blancs, blacks, hispaniques, wasps, juifs, arabes, chrétiens, athées, gays, lesbiennes, jeunes et vieux, riches et pauvres, hommes, femmes et enfants et aussi de tous les coins de la planète plus de deux milliards de personnes étaient scotchées à leur écran de télévision ou d’ordinateur pour voir l’histoire se faire le 20 Janvier 2009 devant le Capitole à Washington DC, capitale politique des USA, que dis –je...du monde.

Barack Hussein Obama venait de prêter le serment le plus sacré. Il est le 44e président des Etats Unis d’Amérique. Première puissance mondiale économique, Technologique et militaire. Grande démocratie et pays de toutes les surprises et de l’inattendu.

Si le discours pragmatique de Obama avait pour but primordial de rassurer les Américains anxieux à cause de la situation économique catastrophique, il a aussi confirmé une fois encore au reste du monde et particulièrement au monde arabo-musulman et aux libéraux sa détermination de changer à jamais les pratiques Bushistes des huit dernières années.

L’Afrique avec sa pauvreté et ses dictatures n’a pas une fois derechef fait l’objet de beaucoup d’attention. Une phrase a cependant attiré mon attention hier soir, cette phrase minime et sans équivoques à laquelle je voudrais tant bien que mal m’accrocher et zoomer au cas où nos Papas Présidents et leurs conseillers très spéciaux et particuliers l’auraient ratée ; ce qui n’est pas rare sous le soleil des tropiques.

"A ceux qui s’accrochent au pouvoir par la corruption, la tromperie et en réduisant la contestation au silence, sachez que vous êtes du mauvais côté de l’histoire."
Le Président Obama met ici en garde les tyrans du genre Sassou Nguesso, Omar Bongo, Mugabe, Kadhafi pour ne citer que ceux qui me sont proches, qu’ils sont du mauvais coté de l’histoire.
Histoire, le mot revient encore diriez vous. Mais était–il parti ? Depuis le début de l’Obamania nous avons beaucoup entendu parler de ce mot pour des raisons tout à fait évidentes mais aussi depuis le fameux discours de Dakar du président Français, le tonitruant Nicolas Sarkozy avait dit que : « Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire…Dans cet univers où la nature commande tout, l’homme échappe à l’angoisse de l’histoire qui tenaille l’homme moderne mais l’homme reste immobile au milieu d’un ordre immuable où tout semble être écrit d’avance. »
Ce discours suscita de vives réactions parmi nos maitres à penser. En effet, Docteurs, intellectuels, chercheurs Africains avaient subitement retrouvé la superbe et Il faut dire que l’émotion nègre avait pris le dessus sur la cogitation donnant ainsi raison à Senghor. Le tollé était énorme, des éditoriaux nombreux, des bouquins écrits. Les érudits africains étaient là dans leur élément comme dirait l’autre : la réaction, alors que le l’histoire les attends plutôt dans l’action.
Force est de constater avec un peu d’honnêteté que Sarkozy n’avait pas vraiment tord et la phrase de Barack Obama vient abonder avec subtilité dans le même sens. L’Afrique n’est pas aux avant-postes de l’histoire, du moins de l’histoire contemporaine.
Faisons l’inventaire, calme et sans passions, des faits et événements qui ont marqué l’Afrique depuis les indépendances pour s’en convaincre. Un demi-siècle de gâchis, de distractions, d’embrouilles, de gabegies, de négativités, d’espoir dessus, de rêves brisés, de pleurs, de pauvreté, de maladies, de famines, de subordination résolue, de tribalisme, de mauvais choix, de coups bas, de coups d’états, de corruptions, de guerres et d’avilissement…
Pendant ce temps, en 50 ans l’Amérique est passé de la pendaison des noirs dans les états du Sud à l’élection de Barack Hussein Obama. Est –il besoin de rappeler toutes les avancées scientifiques, technologiques et démocratiques ?

Les intellectuels et leaders Africains des 50 dernières années ont brillé soit par la fougue, la naïveté et l’immaturité , cas de Lumumba et de Sankara, soit par l’incompétence, la soumission béate à l’occident, l’absence de vision, le manque d’amour ,l’égoïsme et l’incapacité de créer les conditions favorisant le bien être collectif au point de donner l’impression à tout observateur d’assister à une compétition où le plus benêt des obtus serait récompensé.
En effet si l’un décide de modifier la constitution pour pérenniser sa dictature, l’autre prépare son rejeton pour prendre la relève. Si l’un choisit de disqualifier ses opposants en prenant des lois arbitraires, l’autre les emprisonne ou les liquide au petit matin.
Que ceux de nos intellos, les fameux bac plus 15 qui squattent les palais des dictatures Africaines ; que ceux de ces Africains plus informés que les autres nous fassent donc le bilan historique de cette Afrique que nous aimons tant au point d’ignorer la réalité vraie de ce continent oublié, trahi et haï par ses propres enfants, méprisé non sans raisons par les autres, risée et souffre-douleur du monde.

L’Afrique que je connais du haut de mes 34 ans de vie est celle d’Omar Bongo, de Sassou Nguesso, de Mobutu, de Nguéma, de Kadhafi, de Hosni Moubarak, de Do Santos… Cette Afrique là, est du mauvais coté de l’Histoire. Elle est restée immobile au milieu d’un ordre immuable où tout semble être écrit d’avance.

Etre Africain ne signifie pas encourager la sottise, ignorer nos insuffisances et maquiller nos carences. Reconnaitre que nous sommes nuls, est plutôt un signe de lucidité et d’intelligence. Car comment expliquer à nos enfants que les Chinois, Brésiliens, Malaisiens, Indiens sont aujourd’hui nos nouveaux maitres, nos nouveaux colons ? Comment comprendre que certains pays Africains qui il y a quelques années avaient des PIB plus élevés que certains de ces états asiatiques et même Européens se retrouvent aujourd’hui si diminués, démunis et dépendants d’eux ?
Aimer l’Afrique ne signifie pas être fière d’elle. Un enfant brigand ne fait pas la fierté de sa mère qui l’aime. Une mère frivole ne fait pas la fierté de ses enfants, idem pour un père ivrogne et violent.

Nous, Africains, devrons faire nôtre cette recommandation biblique : « sentez votre misère », se reconnaitre faible, pauvre, dernier et figé. Cette reconnaissance est la clef du sursaut, et le bourgeonnement d’une prise de conscience qui produit les grandes révolutions intellectuelles, spirituelles, sociales et matérielles. Ne cherche à avancer que celui qui est conscient d’être le dernier.
Si on reconnait un arbre par ses fruits, les fruits de l’Afrique de ce début du 21 siècle sont amers.

L’Afrique est une fois encore pointée du doigt par l’histoire. Si la tâche est rude et titanesque, car le vrai problème est psychologique et donc plus redoutable, elle n’est cependant pas insurmontable.
Nous espérons que les leaders, les élites et intellectuels Africains saisiront cette opportunité alors que souffle sur la planète une vague d’espoir et d’optimisme pour faire entrer enfin notre Afrique bien aimée dans l’histoire…ou du moins de la placer du bon coté de l’Histoire.

By Lyonel TCHIFOUNGA

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