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Offre d’emploi : "M. Sarkozy, Ministre de l’Intérieur, cherche d’urgence immigrés intelligents et compétents".

Dans une longue tribune des pages "débats et opinions" du Figaro du 9 février, Nicolas Sarkozy le ministre de l’Intérieur et de l’Aménagement du territoire se rejouit qu’"un débat sur « la fuite des cerveaux » des pays les plus démunis s’ouvre enfin en France /.../, car sur ce thème, comme sur tous les sujets relatifs à l’immigration, les tabous et le conformisme ont trop longtemps fait obstacle à la réflexion et à l’échange." Grandes réflexions du Ministre le plus médiatique de France, réflexions qui ouvrent clairement la bagarre pour la présidence de la République en 2007. L’immigration sera la question centrale pendant la campagne - comme durant les campagnes précédentes d’ailleurs. On a besoin de l’immigration, nous rappelle au fond la tribune de Nicolas Sarkozy. Mais quelle immigration ? Laquelle accepter ? Laquelle repousser ?...

Les pays du Sud sont ainsi les victimes de cette recherche généralisée "des cerveaux" par les Grandes puissances. Des rapports confirment que la course aux cerveaux laisse des traces dans les pays du Sud, et le dernier rapport en date a bien retenu l’attention du Ministre-presque-candidat-à-la Présidence de la République en 2007 :

"Contrairement au point de vue de nombreux experts, la fuite des cerveaux est bien une réalité, massive, comme le souligne un rapport de la Banque mondiale « Migrations internationales, transferts de fonds et fuite des cerveaux », publié en novembre 2005. D’après ce document, certains pays d’Asie, d’Afrique et des Caraïbes ont perdu 60% de leurs travailleurs qualifiés.

Le Ministre de l’Intérieur se lance dans l’analyse approfondie du rapport :

Pour un sujet aussi complexe, il faut toutefois se méfier des amalgames et des raccourcis. La notion de « fuite des

cerveaux » n’a certainement pas la même signification selon la région d’origine et selon le type de compétence en cause.L’installation en Europe occidentale d’ingénieurs chinois, par exemple, dans des proportions raisonnables, n’est certainement pas de nature à réfréner la croissance phénoménale de ce pays qui compte 1,2 milliard d’habitants et une expansion rapide du nombre de ses étudiants, cadres, scientifiques. Faire venir un certain nombre d’informaticiens indiens en Europe occidentale ne compromettrait pas non plus le développement de ce pays qui est devenu une pépinière des meilleurs techniciens du monde.

Nicolas Sarkozy ne prend pas la défense des "pauvres pays" qui voient leurs "cadres" s’éloigner mais souhaite que la France prenne de vraies initiatives pour "avoir sa part". En un mot, La France n’a pas à nourrir de scrupules, elle peut faire venir par exemple un certain nombre d’ingénieurs indiens sans pour autant pénaliser l’Inde - d’autant que ce pays aurait des ingénieurs à la pelle !

C’est oublier que la France compte une pléiade de techniciens, de docteurs en toute spécialité qui n’attendent que la vraie ouverture pour offrir leur cervelle ! En rouvrant les CV des immigrés installés sur le sol gaulois, on trouverait bien des ingénieurs ! Ou alors M. Sarkozy veut nous dire ceci : lorsque nous faisons venir des ingénieurs indiens, il ne s’agit pas d’une immigration "traditionnelle", celle que nous houspillons dans nos débats de politique politicienne, il s’agit d’une immigration salutaire, nécessaire pour la grandeur de la France...

L’Ecrivain Nimrod

Qu’en est-il alors de la fuite des cerveaux d’intellectuels qui vont pour la plupart aux Etats-Unis ? Cette fuite se fait depuis la France par des immigrés sortis des universités francaises ! Ces hommes et ces femmes attendent, attendent encore et finissent par aller voir ailleurs, dans ces pays dont parle M. Sarkozy. Pour ne pas aller loin, c’est le cas récemment de notre ami l’écrivain tchadien Nimrod qui viendra nous rejoindre à l’Universite du Michigan en septembre prochain...

Le Ministre est conscient de cette situation lorsqu’il souligne :

Pour autant, ni la France ni ses partenaires européens ne peuvent se satisfaire d’une situation où les élites des pays en développement se dirigent massivement vers les Etats-Unis et le Canada, tandis que le continent européen reçoit une immigration sous-qualifiée /.../ Le constat est clair : les migrants les mieux formés, les plus dynamiques, les plus compétents, partent vers le continent américain alors que l’immigration pas ou peu qualifiée se dirige vers l’Europe. Nous ne pouvons pas nous satisfaire de cette situation.

Il fait alors ouvertement appel à la venue massive des cerveaux "étrangers" en France. C’est presque une question de vie ou de mort, à l’entendre :

Nous sommes face à un enjeu décisif. La France, comme ses partenaires européens, ne peut pas rester à l’écart des flux mondiaux de l’intelligence et des compétences. Notre dynamisme, la modernisation de notre économie en dépendent. Nous devons favoriser la venue de travailleurs qualifiés, de créateurs d’entreprise, de chercheurs, de professeurs d’université, dont l’économie française a besoin. En parallèle, je suis absolument déterminé à lutter contre la fuite des cerveaux lorsqu’elle est une source de paupérisation et de misère.

En clair, la France veut de l’immigration, mais c’est à elle de choisir ses immigrés :

"Mon ambition est de proposer un modèle français de l’immigration choisie, fondé en aucun cas sur la fuite des cerveaux, mais sur la mobilité, la circulation des hommes, des compétences et des idées. Nous devons favoriser la venue en France, à des fins temporaires, des étudiants les plus brillants, de travailleurs hautement qualifiés, de personnalités de talent. La formation, l’expérience et le savoir-faire acquis en France constitueront des atouts essentiels pour la modernisation des pays d’origine. Cette immigration, utile à la France, profitable au migrant, indispensable au pays d’origine, devra s’inscrire clairement dans la perspective d’un retour au pays à l’issue d’une période de quelques années. Elle contribuera à former un réseau d’élites francophiles dans le monde. En facilitant les transferts de technologie, elle deviendra un fer de lance de la modernisation et du développement des pays les plus démunis.

Eh bien, chers immigrés de tous les pays, si vous remplissez ces conditions édictées par le Ministre, envoyez-lui donc votre CV pour un premier entretien.

Bonne chance !

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