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Espaces culturels alternatifs

PNR : Soirée Griok’n’Roll au nganda "La Pétanque"

F. Pambou et mme venus en amis

Ce samedi 6 mars, le nganda "La Pétanque" derrière l’évêché, au centre ville de Pointe-Noire, offrait sa première soirée spectacle, avec à l’affiche Kaly Djatou, Achille Mouebo et Tata Bouesso managés par Ya Sanza. Si le public a un peu oublié d’être présent, la soirée n’en fut pas moins réussie et très chaude.

Monsieur Diallo, maître des lieux avait bien fait les choses en s’adjoignant la participation de Kris Kivoundzi et ses amis. La rue barrée pour la circonstance par les banderoles du sponsor du soir "Plasco", accueillait le public et le trottoir opposé au nganda, le podium prêté par monsieur Lavenant de l’hôtel Azur qui ne sera jamais assez remercié.

Tata Bouesso

Les autorités administratives et policières se sont montrées tout à fait compréhensives aux poblèmes des organisateurs. A noter la présence de Monsieur Frédéric Pambou, Diresteur des arts et de la culture venu en ami avec Madame.

"La Pétanque" avait prévu un petit repas fort apprécié des présents.

Tata Bouesso a ouvert la soirée, suivi d’Achille Mouébo qui manifestement avait su mobiliser son fan club. Après un intermède non programmé occupé par Picasso toujours aussi hilarant dans ses sketchs "tribaux", (comprendre que son analyse des différentes ethnies n’a rien de méchant mais est parfaitement compréhensible à tous et fait rire tout le monde y compris les ressortissants des ethnies concernées qui s’y reconnaissent parfaitement). Puis Kaly Djatou a pris le

Achille Mouebo

relais. Voir les articles consacrés par Congopage à ces artistes. A noter que ces artistes ont décidé de se regrouper pour mettre en commun leurs faibles moyens, attitude synergique à contre courant, dans un milieu où les difficultés auxquelles les musiciens sont confrontés les positionne en concurrents.

La fiesta, comme la chante Achille, s’est achevée vers une heure du matin sur la satisfaction générale. On en retirera les enseignements d’une première expérience qui ne pouvait être parfaite malgré le soin et l’engagement des organisateurs, mais gageons que le prochain essai sera transformé avec brio.

La situation de l’art musical au Congo est paradoxale. De nombreux artistes sont à même de s’y produire et de faire des spectacles de qualité, mais aucune structure officielle d’accueil n’est disponible, celles existantes ayant fait long feu, vouées à une quasi ruine par faute d’entretien. Le secteur alternatif seul permet aux SDF que sont devenus les musiciens, et plus généralement les artistes de la scène, de

Guest star : Picasso

pouvoir s’exprimer.

Alors que l’on fait venir à grand frais des artistes d’outre fleuve auxquels on paie des cachets de super stars, alors que seuls les groupes congolais travaillant sur des schémas "zaïrois" parviennent à s’exprimer, des talents purement locaux sont négligés et ont un mal fou à survivre dans le pays qui est le leur.

Comment peut-on comprendre, quand on sait qu’après les diplomates l’art a toujours été le meilleur ambassadeur des nations, que les artistes congolais sont laissés dans un total abandon par les autorités de leur pays ? N’a-t-il pas fallu attendre que Bienvenu Faignond meure d’une balle tirée par les forces de l’ordre du pays qu’il servait pour que "Bana Poto-Poto" fasse les gros titres ? Et encore ce groupe ne fait que de la musique d’inspiration exogène.

Achille Mouébo, vit petitement du fait que son album, édité à compte d’auteur, l’a fait connaître. Kaly Djatou et Tata Bouesso ne pourraient pas survivre s’ils n’étaient tous deux

Kaly Djatou

enseignants, et combien d’autres ne peuvent même pas s’exprimer ? Pourquoi les structures d’accueil existantes ne sont elles pas réhabilitées ? Pourquoi quand de bonnes volontés se soulèvent pour en demander la responsabilité leur demande-t-on des sommes exorbitantes pour les autoriser à y travailler quand les seuls frais de remise en état sont pharaoniques ? Quelle ville d’un million d’habitants au monde n’entretient-elle pas sa salle de spectacle ? Pointe-Noire, qui tente de réhabiliter ses stades n’a prévu aucune ligne budgétaire pour la culture.

Monsieur Bouity-Viaudo nous espérons que vous prendrez à cœur le problème des artistes sans toujours s’appuyer sur la générosité d’hypothétiques mécènes. La ville a des ressources, entretenir une salle ne lui coûterait qu’une infime partie de celles-ci pour obtenir des retombées considérables. Alors, monsieur le Maire, qu’en pensez-vous ? Doit-on considérer que vous ne vous intéressez pas à la culture ? On pourrait le penser en constatant que bien que vous ayez été invité à la soirée de samedi soir vous ne vous y êtes pas fait représenter par le plus obscur agent municipal. Nous voulons croire que ce n’est qu’un incident.

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