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Ecologie

Pillage de la forêt tropicale

L’Etat français s’engage contre le commerce illégal de bois

LEMONDE.FR | 07.04.04 | 21h15
Le teck, dont raffole le consommateur français pour ses meubles de jardin, provient de forêts d’Indonésie et de Malaisie qui ne présentent aucune garantie en termes d’environnement.
Le nouveau ministre de l’écologie, Serge Lepeltier, a présenté, mercredi 7 avril, pour sa première communication en conseil des ministres, un plan d’action sur les forêts tropicales qui engage concrètement l’Etat à acheter 100 % de bois écocertifié en 2010.

La France, un des plus gros importateurs européens de bois tropicaux, a une responsabilité particulière dans la protection de la forêt tropicale. Des entreprises françaises de premier plan sont impliquées dans la filière bois (Bolloré, Pinault, Lapeyre...). La France abrite en outre, dans les Dom-Tom, la plus importante forêt tropicale des pays industrialisés.

Les forêts tropicales, premier réservoir de biodiversité de la planète avec 80 % des espèces et des plantes, sont gravement menacées. Elles régressent d’environ 1 % par an et pourraient même disparaître dans les 50 ans, selon les grandes associations écologistes.

La plan d’action français promet de lutter contre les importations de bois illégales, avec des contrôles accrus des douanes, et d’agir à travers les achats publics. "De la poudre aux yeux", a estimé mercredi l’association Greenpeace, qui juge que "comme au cours des 30 dernières années, de telles déclarations de bonne intention ne permettront pas de freiner la déforestation". Un quart du bois tropical importé en France est destiné aux marchés publics, selon Greenpeace. Le Plan d’action prévoit que les administrations achètent 100 % de bois certifiés en 2010, avec une étape intermédiaire à 50 % en 2007.

Un objectif pour 2007 "pas très ambitieux", a regretté Emmanuelle Neyroumande, qui a conduit pour le WWF l’évaluation de la France dans un baromètre publié cette semaine sur la lutte contre le commerce illégal de bois. La France, premier importateur de bois tropical d’Afrique, fait partie des "mauvais élèves" européens dans ce classement. En France, l’engagement pris par la présidence en mai 2002 d’acheter pour les commandes publiques des bois écocertifiés (FSC ou équivalent) "n’a malheureusement pas été suivi dans les faits", estime le WWF.

Rangée par ordre décroissant de mérite de douze pays européens, la France se place derrière le Royaume Uni, le Danemark, l’Allemagne et la Suède, à égalité avec l’Autriche, la Finlande et la Grèce, les Pays-Bas, l’Espagne et devant l’Italie et le Portugal.

UN ÉCO-LABEL POUR LE MOBILIER

Pour le moment, rien, dans le nouveau code des marchés publics, ne contraint les administrations à acheter du bois certifié, c’est-à-dire provenant de forêts gérées dans le respect de l’environnement. Le code prévoit simplement que les achats publics peuvent inclure des critères d’environnement.

Une circulaire devrait préciser d’ici juin les premières mesures à appliquer en matière d’achat de bois tropicaux. Dans un premier temps, l’origine et le nom du fournisseur devront obligatoirement figurer dans les soumissions. Au fur et à mesure du développement de l’offre de bois écocertifiés, l’Etat augmentera la proportion d’achats garantis. L’offre est aujourd’hui très insuffisante : 1 % des forêts mondiales sont certifiées "FSC" (Forest Stewardship Council), un label reconnu par les écologistes. Le label est quasiment absent en Asie et en Afrique, régions les plus menacées.

Le teck, dont raffole le consommateur français pour ses meubles de jardin, provient de forêts d’Indonésie et de Malaisie ne présentant aucune garantie en termes d’environnement. Pour choisir en toute connaissance de cause, le consommateur pourra s’appuyer en janvier sur un éco-label pour le mobilier (NF Environnement ou logo européen en forme de fleur).

La France, qui abrite outremer 8 millions d’hectares de forêts tropicales, doit aussi balayer devant sa porte. Deux parcs nationaux sont en projet, à la Réunion et en Guyane. Le décret de prise en considération du parc de la Réunion vient d’être signé, et le projet doit aboutir en 2006.

En Guyane, le projet se heurte à l’expansion de l’orpaillage illégal. "On estime aujourd’hui que 15 000 orpailleurs exploitent l’or illégalement en Guyane", a reconnu un conseiller du ministre. Un escadron supplémentaire de 75 gendarmes doit partir vendredi pour la Guyane, selon le ministère. Mais les moyens aériens manquent, selon les autorités locales, face à des orpailleurs armés et disposant d’hélicoptères.

Avec AFP


Proposé par : patrice
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