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Pourquoi les Belges ne veulent pas accorder un Doctorat au Président Joseph Kabila

Le site congolais La Conscience (http://www.laconscience.com/) reprend cette information "militaro-académique" rapportée à la fois par De Standaard, Het Nieuwsblad et Het Volk, et ce n’est pas cette fois-ci une blague belge : le premier ministre de ce pays, Guy Verhofstadt et le ministre des affaires étrangères ont manifesté leur mécontentement lorsqu’ils ont appris que le très enthousiaste ministre de la défense belge souhaitait octroyer le titre de Docteur honoris causa de l’Ecole Royale Militaire à Joseph Kabila (photo), président réélu de la République Démocratique du Congo. Jamais un doctorat honoris causa n’avait provoqué autant de remue-ménage. Comme si Kabila allait laisser le pouvoir pour aller enseigner avec son diplôme à Harvard ou à Princeton ! A croire que les Belges estiment que Kabila ne mérite pas ce diplôme et ils le verraient certainement bien avec un Certificat d’Etudes primaires honoris Causa ? Le Doctorat honoris causa est un titre honorifique. En anglais il est d’ailleurs plus parlant : « Honorary degree ». C’est un diplôme honorifique décerné non pas après de longues et studieuses études – comme pour les vrais diplômes - mais pour les "actions" du lauréat, sa personnalité et son coeur qui justifient alors un tel honneur...

En réalité ce diplôme est censé apporter un rayonnement, de la pub pour l’Institution qui le décerne grâce à la carrure, à la renommée du lauréat. C’est ainsi que la remise se fait en grandes pompes et non en catimini. Par contre, et cela est important : le doctorat honoris causa est un doctorat réel dans sa forme, à la seule différence que le lauréat est dispensé du calvaire d’aller user ses culottes sur les bancs de la faculté et prendre un travail à mi-temps chez Ikea ou au Monoprix de Strasbourg-Saint-Denis...

Dans le monde anglo-saxon, la délivrance des doctorats honoris causa a souvent nourri des rugissements, et parfois cela tourne au vinaigre et pour l’Institution, et pour le lauréat. Certaines universités ayant été accusées de délivrer à la pelle ces titres afin de recevoir en échange des donations des lauréats dont l’ego croissait selon le prestige de l’Etablissement. En plus, ces diplômes, lorsqu’ils sont décernés aux hommes politiques – comme pour le cas Kabila, mais il n’est pas le seul -, font grincer les dents des étudiants et des professeurs.

Pourquoi aller chercher loin puisque j’ai un cas devant moi : l’exemple le plus connu aux Etats-Unis est celui du doctorat Honoris causa décerné à l’actuel président George Bush par la prestigieuse Université de Yale où il avait reçu sa licence en 1968 (ici en photo au cours des années soixante dans ladite université de Yale) ! N’est-ce pas cela qu’on appelle de l’inceste, hein, ma Chère Christine Angot ? Et l’on ne se prive plus de ricaner de cette distinction jugée opportune et surabondante, d’autant qu’une université ne devrait pas couronner son propre étudiant - celui-ci n’avait qu’à terminer son vrai doctorat, voyons ! Mais la renommée d’un ancien peut toujours servir, attirer, capter l’attention des medias et donc aguicher les candidats aux inscriptions. Et pourquoi alors tergiverser ? Au fond, qu’apporte cette distinction au président ? Rien. Sinon "consolider" ses liens avec une Institution qui l’hébergea...

Oh, comme d’habitude, je bifurque ! Je devais vous parler de Kabila, et voilà que tout d’un coup je cultive sans vergogne la digression. Là franchement, mais franchement !!!

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