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Quentin Moyascko, d’Extra Musica, le vrai

Mélodies

Quentin Moyascko sort un disque en septembre 2005. Son titre, "Virgule", est symbolique d’un registre de la composition musicale qui possède encore beaucoup de cordes à son arc.


Après l’éclatement de la structure/mère, on se posait la question légitime sur ce qu’étaient devenus les anciens associés d’Extra-Musica. En lançant ce mois de septembre son album, Virgule, Quentin Moyascko donne un point de réponse à cette interrogation. Figure emblématique d’Extra-Musica des origines, Quentin fait partie de ces stars dont le public ne connaît que la partie visible de l’iceberg. Mais le fond révèle une personnalité grâcieuse que chacun apprendra à découvrir maintenant qu’il tient la barque d’Extra-Musica International, le vrai. L’entretien à bâton rompu dont l’article ci-après est le résumé a été possible grâce à la jonction de Milos Mouangassa Mobouckou Louamba, remarquable acteur du fashion congolais sur lequel je reviendrai dans un article ultérieur.

Le dernier album de Quentin

Historique

Tout a commencé à Sibiti, Quentin avait 9 ans. L’enfant terrible d’Extra se souvient : « J’ai touché mon premier micro dans cette localité, dans un groupe vocal, « Les Pionniers rouges ».

Toutefois l’événement qui marque sa vie (en dehors de son passage à la Fac de Commerce) c’est la création, le 28 août 1993, du groupe Extra-Musica, phénomène de société qui va révolutionner la musique congolaise en la hissant sur le plan international.

La spécificité d’un quartier

Ouénzé est un arrondissement où se loge le rythme. D’ailleurs l’histoire de cette agglomération au nord de Brazzaville l’atteste. Jadis, dans le milieu des années 1970, Kashamankoyi, Thu Shaïna, Bilengé Sakana y font la pluie et le beau temps. Le triangle Mampassi (croisement Miadéka/3 Martyrs,) Texaco la Tsiémé, Karangadza (Av. de l’Intendance) dessine les frontières d’une identité musicale particulière.

La jeunesse de Ouénzé prend langue avec un parler dialectal qui le distingue du lingala du reste de la ville, notamment Poto-Poto. Le rayonnement religieux de l’Eglise Ste-Marie exerce un façonnage dans la spécificité culturelle d’une société à mi-chemin entre la modernité et la tradition. Mais surtout le centre culturel de Ouénzé correspond à la tradition des veillées, espace du tempo marqué par le phénomène ébouka, émanation des percussions de Mossaka. A un jet de pierre de l’école St-Michel (Pierre Ntsiété) se trouve un terrain vague dit "Sans Fils" (certains disent "Cent fils") où les musiciens en herbe vont s’imprégner des rythmiques moyi du groupe Ma Nguembo en regardant les trains du CFCO passer. La pression et l’influence de Mpila ne sont pas loin ainsi que le montrera la prise en charge des premières productions du groupe Extra Musica. Au bord du fleuve, dans la frange de Yoro, dans les hautes herbes de Sans Fils puis dans les arrières-cours des institutions telles que les CVO (Centres de vacances organisées) émergent, dans la foulée, des groupes "vocaux" dans la veine des ballets/ngouakatour. Ces groupes vont muter vers des ensembles plus "orchestral" dotés d’instruments à cordes, avec incidence sur le statu quo musical de la société globale brazzavilloise.

Extra-Musica se situe, d’une part, dans cette mouvance du rythme saccadé des veillées, de la tradition moderniste incarnée par les Bantou de Nino Malapet, par Sinza Kotoko, Super Kwalakwa (tous des groupes ayant pignon sur rue à Ouénzé) et, d’autre part, dans le groov kinois venu outre-fleuve.

Le groupe voit officiellement le jour le 28 août 1993 provoquant une révolution culturelle dans la musique congolaise dite "urbaine".

Structure

Mais bien avant Extra, Quentin exerça ses talents dans Cogiex Star, en compagnie de Rogatien Ibambi Okombi, St-Pétro, Durel, Loemba, Ramatoulay, Kila Mbongo, Oxygène, Espé-Bass, Christian Ambé.
"Cogiex Star" tient deux ans, sans album. Le groupe vit d’interprétations. On puise dans le folklore de Ouénzé, mais on imite également Zaïko, Empire, Ok-Jazz, Wengué.

De qui vint l’idée de monter Etra-Musica ? « C’est moi » dit Quentin. Après Cogiex Star (du nom d’une société) Quentin eut l’initiative de monter Extra-Musica. Il regroupa les musiciens : Kila Mbongo, Guygui Fal, Rogatien, Moenda Espérant, Daniel Loemba. Six co-fondateurs.
« Dans le lot on fait mes titres » se rappelle Quentin.

D’où vient le nom d’"Extra-Musica" ? De nos prestations dans les veillées. « Ces enfants sont extraordinaires » disait-on de nous. Après la phase Cogiex, au moment de trouver un nom au groupe, Roga Roga suggère celui d’"Extra-Musica".

L’expression de la musique congolaise

En 1995 : premier album Les nouveaux missiles. Producteur Dénide production.
Un titre, Fredy Nelson, propulse l’album. Des trophées sont remportés en masse : Extra-Musica est classé meilleur groupe congolais en 1995, puis "Révélation" de l’année 1996, Ngura Africa. Fredy Nelson la chanson fétiche est une composition de Quentin Moyascko.

1996 : Confirmation, ; 1997 : Ouragan, autant de titres qui hissent le groupe au sommet du hit parade.
Tout ce qui brille attire. Les tentatives de destabilisation ne manquent pas. Par exemple celle de Koffi tentant de débaucher le guitariste soliste Roga-Roga, histoire de réduire à néant un groupe rival émergent.

Guerre civile et crise intestine

La guerre de 1998 surprend Extra-Musica en Guinée. « On a attendu que ça se calme. » Puis le groupe descend à Pointe-Noire où il se base.
La crise commence dès le premier album. Puis c’est la séparation. Par convention, aucun groupe n’aura le monopole du concept « Extra-Musica » à moins d’y accoler une épithète. Il y aura Extra-Musica Zangul de Roga Roga, Extra-Musica International de Quentin.
Au total, Extra-Musica a donné naissance à 4 groupes. La majorité est basée à Brazzaville.

Perspectives

Le 14 août, Quentin donnera un concert à Savigny le Temple.
Son dernier album « Virgule » promet d’être percutant. Il compte 12 titres dont quatre titres de Quentin.
Arnaud Laguna, excellent guitariste, a composé 2 titres dans le lot.
De Laguna Arnaud, Roga Roga dit qu’il est un bon arrangeur.

Aubin Mabika, philosophe et musicologue, a écrit un ouvrage La chanson congolaise, chez l’Harmattan. Il y évoque Arnaud Laguna, guitariste ouvert à tous les styles, de la roumba au jazz en passant par le rock.

Source d’inspiration

« Mon modèle c’est Jacques Loubélo » avoue Quentin. « Ses chansons me touchent »

"Comptez-vous vous réconcilier un jour pour former l’Extra des origines ?"

"Ca serait trop facile si je dis ça." explique Quenin.

"Nous eûmes un projet : l’après Fespam. Un projet au cours duquel on comptait réunir tout le monde, le 28 août, date symbolique, au stade Alphonse Massamba-Débat. Soumis au ministère de la culture, le projet ne semble pas avoir été retenu. L’idée est de donner une suite au Fespam, évènement qui n’a lieu qu’une semaine et une fois l’an. Il serait intéressant d’exploiter artistiquement la période qui suit Fespam. Les recettes iraient dans des actions humanitaires" analyse l’artiste.

Virgule, mon album sort début septembre 2005. Il regroupe différents styles. Laguna y a signé un zook congolais dont le titre est Maro.

" J’ai écrit un titre, Congo-Mali, chanté en mandingue". reconnaît le leader d’Extra-Musica le vrai.

On a tous hâte d’écouter cet album riche en innovations.

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