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Relire "L’Enfant noir" de Camara Laye...

Permettez-moi de vous annoncer la parution aujourd’hui d’une nouvelle édition du fameux roman de Camara Laye, "L’Enfant noir". Les Editions Plon m’avaient fait l’honneur de me demander il y a quelques mois un texte qui accompagnerait la publication de ce grand classique de la littérature africaine dans le cadre de l’année francophone en France.
Voici, pour vous, un petit extrait de cette préface :

"Paru en 1953, L’Enfant noir du Guinéen Camara Laye n’a jamais pris une seule ride et affiche une fraîcheur que connaissent peu de récits africains publiés à la même époque, récits souvent datés, moralisateurs, dénués de la magie qui fait qu’un texte puisse survivre à plusieurs générations et considérer le futur avec sérénité. C’est dire qu’une espèce de grâce habite aussitôt le lecteur dès les premières phrases de ce livre qu’on termine toujours avec la promesse ferme d’y revenir le plus tôt possible. Certains parleraient peut-être de « livre culte » ! Cette expression est devenue trop usuelle par les temps qui courent que je lui préfère ici celui de livre initiatique.

"En effet, lire L’Enfant noir c’est emprunter les sentes de l’initiation, c’est décrypter les codes d’une société, de tout un peuple. On en sort ébloui, surpris d’être entré dans un univers de personnages humbles, dépositaires d’une culture de la courtoisie, de l’échange et de la dignité...

"De même qu’Orphée noir - la fameuse préface qu’écrivit Jean-Paul Sartre pour l’Anthologie de Léopold Sédar Senghor - devint en lui-même un texte détachable du livre du poète et contribua à « légitimer » le mouvement de la négritude, la particularité de L’Enfant noir réside aussi en ce qu’il est précédé d’un texte « détachable » intitulé « A ma mère ». Ce texte dépassa très vite le cadre de la simple dédicace à la mère de l’auteur et s’avère de nos jours comme le plus vibrant des hommages qu’un écrivain africain ait rendu à la femme africaine. Repris par les grands musiciens africains, appris par cœur sans discontinuité dans les écoles, cette « dédicace » figure en bonne place dans la plupart des anthologies de littérature francophone, rivalisant le plus souvent avec le célèbre poème « Femme nue, femme noire » de Léopold Sédar Senghor !..."

Copyright A. Mabanckou

L’Enfant noir, nouvelle édition, Plon, mars 2006

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