Les larmes des mélomanes, les pleurs des sapeurs
La nouvelle est tombée comme un couperet. Rapha Boundzeki n’est plus. L’artiste congolais le plus populaire a été fauché, le 10 mai, par une crise cardiaque. Il avait 46 ans. « La musique congolaise a perdu l’une de ses icônes », titre La Semaine Africaine. Et cette « nouvelle est tombée comme une bombe dans les oreilles des mélomanes congolais », explique Le Défi Africain. Les deux journaux reviennent sur la carrière de l’artiste, révélé par l’orchestre Véritable Mandolina et sa chanson « Christianisé » (1989). « A cette époque, le chanteur se distingue déjà par sa manière de danser, de chanter, de s’habiller », rappelle La Semaine Africaine. « Il avait une parfaite maitrise des couleurs vestimentaires », ajoute Le Défi Africain. La musique et la sape étaient vraiment les deux piliers de la vie de Rapha Boundzeki.
A la disparition de son groupe, le chanteur se lance dans une carrière solo. Le succès est à nouveau au rendez-vous. Les albums se succèdent, les concerts s’enchainent. Certains sont même donnés en France. Les guerres à répétition au Congo sonnent le glas de l’artiste qui se paupérise au fil des ans. Il en était même réduit à faire la manche dans les dernières années de sa vie.
Les autres journaux reviendront longuement sur cette disparition, notamment après les obsèques nationales organisées vendredi 23 mai à Brazzaville.
Des années de prières pour une route
La route Owando-Makoua-Mambili va enfin voir le jour. Les travaux ont été lancés le 7 mai dernier à Makoua, en présence du président de la République. L’occasion d’une grande cérémonie autour de Denis Sassou Nguesso et de toute sa cour. La construction de ce tronçon de 126 kilomètres est assurée, pour changer, par une entreprise chinoise. Son nom : China road and bridge corporation. Coût du projet : 121 milliards 436 millions 690 mille 302 francs CFA. « C’est un grand événement pour les populations riveraines », rapporte La Semaine Africaine. « La route actuelle est un véritable chemin de croix pour ceux qui veulent se rendre à Brazzaville ». Le journal précise même que « des cultes religieux ont été organisés pour que le projet aboutisse enfin ». Plusieurs projets avaient auparavant été abandonnés. Pourtant la route s’avère indispensable pour de très nombreux congolais. Florent Tsiba, le ministre de l’Equipement et des travaux publics vient renforcer cette idée dans Le Choc. « Cette route constitue l’épine dorsale de la section Pointe Noire-Brazzaville-Ouesso ». Franchement, on se demande pourquoi les travaux n’ont pas été lancés plus tôt. D’autant que si tout se passe bien dans la construction, la route ne sera pas ouverte avant trois ans …
Autres événements dans la Cuvette qui ont motivé la venue de Sassou, le coup d’envoi des travaux d’un hôpital général spécialisé - devinez où ? à Oyo, bien sûr ! – et du grand hôtel de l’Alima dans le district d’Ollombo. Cérémonies grandioses louées dans Le Choc qui consacre trois pages et demi à ces lancements tout en titrant, sans surprise, sur « la ville d’Oyo [qui] s’ouvre à la modernité ».
Le chantier est à nouveau assuré par les Chinois. Montant estimé des travaux : plus de 13 milliards pour l’hôpital. 17 milliards 319 millions pour l’hôtel. Cherchez l’erreur ! L’explication peut être donnée par Jean-Jacques Bouya, le directeur général des grands Travaux qui déclare dans le Le Choc que « le tourisme habite désormais au cœur de l’économie » avant d’ajouter que « Ce grand hôtel contribuera à la croissance du trafic de l’aéroport d’Ollombo, à la promotion de sites naturels, au renforcement de voyage culturel et autre » … Congolais, vous qui crevez faute d’accès aux soins, sachez que le gouvernement construit un magnifique hôtel d’une centaine de chambres dont plusieurs suites au cœur de la Cuvette !
Premier candidat déclaré
« Je serais candidat à l’élection présidentielle de 2009 ». La déclaration est de Joseph Kignoumbi Kia Mboungou. Le député UPADS de Sibiti l’a annoncé le 10 mai dernier au cours d’une conférence de presse. Il sera un candidat indépendant alors que Pascal Tsaty Mabiala appelle à l’organisation des primaires à l’UPADS en juillet. « Décidément, se réjouit Le Choc, plus rien n’arrêtera les dissensions au sein du parti du professeur Pascal Lissouba. Kignoumbi se refuse à commenter cette crise parce que « sa préoccupation, c’est uniquement la présidentielle de l’an prochain », se borne t-il a dire au Le Défi Africain qui publie sa déclaration. Et puis, la solution peut être très simple. Kignoumbi devance peut-être le parti précisant dans La Semaine Africaine que « si l’UPADS pense que je suis le meilleur ou celui qui est susceptible de nous faire gagner et qu’il porte son choix sur moi, je suis d’accord ». Le futur candidat s’empresse d’ailleurs d’ajouter dans le Le Choc qu’il était deuxième en 2002 derrière Sassou. « 89,4% contre 2,7% », tempère l’hebdo chrétien. « J’ai perdu une bataille et non la guerre », reprennent en chœur les hebdomadaires. Ces références gaulliennes lui porteront peut être chance …
Etat policier ?
Avant de nous plonger au cœur du sujet, rappelons le travail du journaliste : il rentre de reportage, rassemble ses idées et écrit son article. Il écrit mais souvent il réécrit afin de rechercher la clarté, la précision, la rigueur. Il lit son texte, le relit, parfois le travaille encore et enfin le publie. Et bien cette semaine les journalistes du Choc et du Défi Africain qui ont travaillé sur l’enlèvement du président de l’Association Marien Ngouabi et éthique n’ont pas du trop se fatiguer … Les articles publiés dans les deux hebdos sont identiques, à une virgule près. Et les journalistes, qui ont certainement recopié un communiqué de presse, ont le culot de signer ! Karl Duval NG et Séverin Ngambaye ont un style quelque peu similaire. Belle leçon de journalisme !
Le texte évoque l’arrestation de Jean-Pierre Lokenia à Talangai le 10 mai dernier. Il serait « suspecté par les services de renseignements d’activité pouvant porter atteinte à la sureté de l’Etat », nous informe La Semaine Africaine. Le porte-parole du gouvernement parle accuse même Jean-Pierre Lokenia de « détention d’armes de guerre et de documents séditieux », poursuit le journal. Des accusations qui pourraient justifier la violente perquisition qui a eu lieu au domicile de la victime. Mais cette dernière étant membre du PCT, « il pourrait s’agir d’un conflit interne au sein du parti », avancent les « journalistes jumeaux ». Vraiment, elle est belle la démocratie à la veille des élections présidentielles …
En bref :
– Pas d’eau, pas de mot : La Société nationale de distribution d’eau fait la morte alors que de nombreux quartiers de Brazzaville sont confrontés depuis à un mois à de sévères pénuries d’eau potable.
– Pour lutter contre la flambée des prix : Deux propositions émanent du dernier conseil des ministres, qui s’est tenu le 12 mai dernier : suppression de la fiscalité parallèle et réajustement de la fiscalité formelle
– Les transports en commun sont menacés à Brazza : Embouteillages, nids de poules, routes secondaires inexistantes … Voici les fléaux qui entravent le bon fonctionnement des bus et taxis brazzavillois qui est à terme menacé. Une enquête à lire dans le livre que vient de publier Moyo Nzololo.
