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Salon du livre : le stand des livres et auteurs du Bassin du Congo pris d’assaut

Le Salon du Livre de Paris a ouvert ses portes le vendredi 18 mars, à Paris Porte de Versailles. La veille, le jeudi 17 mars, pour l’ouverture officielle, le stand H56 du Hall1 a attiré l’attention des invités, venus en masse. Un succès mémorable !

« Le Congo n’excelle qu’à l’étranger ! », s’était exclamée une femme très proche du pouvoir, dans un beau restaurant parisien, trois jours avant le printemps 2005. Oui, quatre jours avant le printemps 2011, le Congo a excellé à l’ouverture du Salon du Livre. Une fête sublimée par la guitare acoustique d’Olivier Tschimanga. Le stand, 270 mètres carrés, était trop exigu pour accueillir l’avalanche des visiteurs. Il faut dire que la Galerie Congo - en partenariat avec Télécongo, Africa 24, etc -, n’a pas fait dans la demi-mesure. Une pelletée de personnalités culturelles et politiques ont honoré de leur présence le stand H56 du Hall1.

Il y a eu Henri Lopes, ambassadeur et écrivain. « Ce stand n’est pas seulement destiné aux originaires de l’Afrique, mais à tous ceux qui aiment l’Afrique  », a-t-il dit. Puis, entre deux photos, il s’est entretenu avec le général Eta Onka qui manifestait magnifiquement sa joie : « C’est une grande fierté que de me retrouver au Salon du Livre. J’ai pu rencontrer quelques grands noms de la littérature mondiale. C’est ce que je disais à mon « aîné » (Henri Lopes), celui-là même qui m’offrit mon premier livre alors que je me lançais dans cette inconnue qu’est l’écriture, en 1972. »

Il y a eu Carmen Féviliyé, journaliste. Sanglée dans un super wax splendide, « son sourire se déployait comme un papillon sur son visage  » (Excusez cette folie douce qu’est la poésie). En elle, c’est la beauté typiquement congolaise qui s’exprimait sans retenue. En vérité, il y a eu comme un match entre elle et la deuxième dauphine de Miss Congo-France, Marion Jessica Massesse. Cette dernière, à la ligne d’une netteté parfaite, est pour ainsi dire une merveille. Son charme dépasse le quotidien ; Marion a illuminé le stand H56 de sa beauté brutale.

Il y a eu Gaston Kelman, écrivain franco-camérounais et Jacques Martial, comédien d’origine antillaise.

Comme l’année dernière, les Congolais de France, ces ennemis des livres, eux, étaient aux abonnés absents, sauf deux ou trois facétieux. Mais ces derniers étaient venus pour une autre raison...

Le couac

Les visiteurs ont pu découvrir quelques noms de la littérature du Bassin du Congo. Mais pour le Congo, ce sont toujours les mêmes noms qui étaient à l’honneur. « Quels livres congolais de cette année me conseillez-vous ?  » demande une visiteuse à une hôtesse. « La Vie et demie et La Parenthèse de sang de Sony Labou Tansi ; Tribaliques d’Henri Lopes ; Les Cancrelats et Les Méduses de Tchicaya U’tamsi  », répond l’hôtesse d’un sourire narquois. Comprenne qui pourra. Cet échange dénote un désert littéraire congolais ces dernières années. Les écrivains congolais sont sous la rubrique "portés disparus" depuis plus de vingt ans. Néanmoins, l’équipe de FBI, portés disparus, a ramené à la surface, non sans peine, Alain Mabanckou, Emmanuel Dongala et, désormais, Wilfried Nsondé. Hélas ! Le marché littéraire congolais demeure inondé d’œuvres soporifiques…

Salon du livre à Paris : stand du Congo

A défaut de bons livres ou de nouveaux auteurs, les visiteurs du stand H56 ont savouré le poulet braisé, les beignets à la banane. Le Saka-Saka a manqué. Mais le couac majeur est la venue des Sapelogues. Marie Alfred Ngoma, journaliste aux Dépêches de Brazzaville, a jugé bon d’associer à cette soirée l’exubérance des couleurs abominables : comment, en plein hiver, arborer un costume beige en toile fine, une chemise noire et une cravate rouge ? Un crime de lèse-majesté. En voyant ce mauvais « réglage », l’élégance dévouée, un visiteur a crié au scandale. Puis, après qu’il se soit calmé, il a sursauté de plaisir en apercevant un vrai « Sapeur », costume anthracite, chemise bleue et cravate violette, Richelieu noir. La simplicité, donc. Cela, certains Congolais l’ignorent. Même dans les livres, tout est alambiqué, emphatique. Pire, médiocre. Oui, où que l’on parle du Congo, la médiocrité guette. Au salon du livre comme dans les salons du pouvoir.

Bedel Baouna

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