Brazzaville, Congo (PANA) - Un train marchandises en provenance de Pointe-Noire a sauté sur une mine posée sur la voie ferrée dimanche "par les Ninjas du pasteur Fredric Bitsangou, alias Jean Ntumi", entre les gares ferroviaires de Goma Tsé-Tsé, localité située à environ 40 km au Sud de Brazzaville, a annoncé lundi à la presse le ministre congolais de la Communication et porte- parole du gouvernement, M. Alain Akouala.
"Ces bandits viennent ainsi, une énième fois, de signer un acte criminel sur le Chemin de fer Congo-Ocean en piégeant la voie par des mines qui ont fait sauter la locomotive et faisant plusieurs blessés et dégâts matériels dont le nombre reste à définir", a indiqué Alain Akouala.
Une équipe de sécurité a été envoyée sur les lieux pour des "enquêtes préliminaires" sur ce drame qui s’est produit à 16 heures locales, en pleine journée.
En attendant, le trafic ferroviaire entre Pointe-Noire et Brazzaville (510 km) a été interrompu pour ne reprendre qu’ultérieurement, après réparation de la voie ferrée, a encore dit le porte-parole du gouvernement.
Le Chemin de fer Congo Océan (CFCO) est l’unique voie d’évacuation de produits pétroliers et divers autres marchandises en provenance du port maritime de Pointe-Noire en direction de Brazzaville et le reste du pays.
Il est depuis 1999, la cible d’attaques des miliciens ninjas dans la partie comprise dans la région du Pool, fief des Ninjas. La suspension du trafic a souvent causé d’énormes pénuries en produits pétroliers à Brazzaville et dans la partie nord du pays.
L’attaque la plus meurtrière a eu lieu le 24 août dernier et avait fait 13 morts, essentiellement des passagers clandestins.
Par ailleurs, selon une source policière, des hommes armés ont également attaqué vendredi dernier, dans les environs de Mabaya, un convoi de trois véhicules exécutant deux chauffeurs.
Ces récentes attaques interviennent après l’exhumation vendredi dernier des restes du père Jean Guth, de nationalité française, dans le village de Bangou Mpouete, non loin de la gare ferroviaire de Mindouli. L’exhumation a été organisée par l’ambassade de France, en presence d’un représentant de l’Eglise.
Le père Jean Guth, 63 ans, est arrivé au Congo en 1966. Il avait été enlève par les Ninjas qui lui coupèrent le tendon gauche en avril dernier alors qu’il venait d’officier la messe de Paques à Kindamba. Otage, le père Guth de la congrégation des pères du Saint esprit est décèdé le 10 août dernier entre les mains de ses ravisseurs.
En dehors de ces attaques sur les voies de communications, les Ninjas qui ont perdu toutes leurs bases sous la pression des forces gouvernementales mènent souvent et sans succès des incursions éclairs dans divers localités du Pool indiquent les sources officielles congolaises.
Le 14 juin dernier, ils sont sortis du Pool en attaquant la base aérienne des forces armées congolaises située à quelque 500 m seulement de l’aéroport international de Maya-Maya de Brazzaville et quelque quartiers Nord-Ouest de Brazzaville.
L’attaque avait fait officiellement une quinzaine de morts parmi les civils et plus de 80 parmi les assaillants. Depuis cette attaque, le Congo est classé en phase 3 du système de sécurité des Nations unies.
Le Congo a connu depuis 1997, une période d’instabilité politique, caractérisée par des guerres civiles qui ont pris fin par des accords de cessation des hostilités et de cessez-le-feu signés en novembre et décembre 1999, grâce à la médiation du président gabonais Omar Bongo.
Les signataires de ces accords étaient les factions rebelles dont les Ninjas de Ntumi et les forces gouvernementales. Ces accords ont été violés le 2 avril dernier, après une attaque de train voyageurs par des Ninjas qui avait couté la vie à deux civils parmi les voyageurs.
Brazzaville - 30/09/2002
