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Violences électorales dans les quartiers Sud de Brazzaville

Brazzaville Congo (PANA) , A peine sorti de deux guerres civiles
majeures, le Congo risque à nouveau de sombrer dans la violence
si les relents guerriers observés dans certains quartiers Sud de
Brazzaville ne sont pas étouffés pendant la campagne électorale
en cours dans le pays pour le scrutin présidentiel du dimanche 10
mars prochain.

La sonnette d’alarme a été tirée dimanche dernier par Morel
Kihouzou, maire de Makelekele, un quartier sud de Brazzaville,
qui déploré les "comportements guerriers" de la jeunesse de son
arrondissement.

Cette zone, rappelle-t-on, avait été, en décembre 1998, le
théâtre de violents combats entre les miliciens Ninjas de
l’ancien Premier ministre Bernard Kolelas et les forces
gouvernementales.

"La campagne présidentielle ne doit pas être pour la jeunesse
l’occasion de raviver le passé guerrier. La jeunesse doit se
rappeler que Makelekele a beaucoup souffert des affrontements de
1998 qui ont fait plusieurs morts au sein de la population", a
déclaré M. Kihouzou dans un message radiotélévisé.

Le maire de Makelekele a stigmatisé les injures, les provocations
proférées par certains jeunes, essentiellement d’anciens
miliciens, à l’endroit de certains candidats.

Selon les habitants du quartier, il s’agirait de supporters de
l’ancien président de l’Assemblée nationale, André Milongo, qui
déchirent les affiches et effigies du président-candidat Denis
Sassou Nguesso.

Profitant d’une rencontre avec les confessions religieuses de
Brazzaville, le président Denis Sassou Nguesso a lui-même lancé
samedi dernier une sévère mise en garde contre "les candidats qui
organisent ces bandes."

"Allez dire à ces gens et au candidat qui les encadre de cesser
toute provocation. Tout candidat est libre de tenir sa campagne
dans l’ensemble du territoire sans être inquiété", avait-il lancé
aux prélats.

D’autres cas de violence sont également signalés dans la ville,
notamment l’attaque, le 23 février dernier, d’un commissariat de
police de Diata, quartier sud de Brazzaville.

Un officier de l’armée, le commandant Serge Badia et six
complices présumés auteurs de cette attaque ont été appréhendés
le même jour par la brigade anti-criminalité et sont actuellement
incarcérés à la direction du contrôle et du renseignement
militaire (DCRM).

Le 24 février dernier, à 23 heures locales, la voiture de
l’ambassadeur du Congo en Centrafrique, M. Eric Epena-Obondzo,
avait échappé à une rafale de Kalachnikov tirée par un auxiliaire
de la police, Willy Matsanga.

La voiture du diplomate a reçu 15 impacts de balles.

Actuellement membre de la sécurité rapprochée du candidat André
Milongo, Willy Matsanga a combattu aux côtés des partisans du
président Denis Sassou Nguesso contre ceux de l’ancien président
Lissouba pendant la guerre civile du 5 juin 1997.

Réagissant dimanche lors d’un meeting à Talangai, quartier Nord
de Brazzaville, André Milongo a déploré la violence de ses
partisans.

"Je suis un pacifiste et je veux une campagne présidentielle
civilisée et non violente où le respect de l’adversaire doit
primer. Que celui qui se reconnaît en moi observe la discipline",
a déclaré André Milongo.

Tout en confirmant l’existence d’agissements inciviques ici et
là, le haut commandement des forces armées congolaises (FAC) a
rassuré les Congolais tout en prenant l’engagement d’assurer la
sécurité de tous.

"Il y a de la provocation dans l’air", a reconnu le général
Léonard Essongo, commandant des forces terrestres de l’armée
congolaise.

Il a toutefois invité les forces de l’ordre à "ne pas céder à la
provocation", mais malgré ces assurances, l’anxiété demeure au
sein d’une population traumatisée par des guerres récurrentes de
1993-1994, 1997, 1998-1999.

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