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Zéro faute

Epreuve de dictée : Grand prix Denis Sassou Nguesso

Une épreuve littéraire a eu lieu cet été à Brazzaville. Des candidats de tout bord se sont mesurés au cours d’un sport intellectuel sans enjeu spécifique réel si ce n’était se détendre l’esprit.

L’enjeu a porté sur la dictée, une sorte de festival cérébral que Mme Syvia Djouob est en train de mettre en place depuis au moins une dizaine d’années.

Faute de bien écrire

Sainte-Beuve disait au sujet de l’écriture que « rien ne trahit son homme comme une faute d’orthographe. »

A ne pas confondre avec la calligraphie qui, paraît-t-il, est la science des sots.
Ici il s’agit de la géométrie de l’esprit et non de la morphologie des graphies.

Dis-nous comment tu écris, on saura quelle espèce d’individu tu es.

Sans vouloir juger (mais juste jauger) les Congolais, Madame la professeure, Sylvia Djouob a fait comme Bernard Pivot. Elle a organisé un concours de dictée dénommé « Grand prix Denis Sassou Nguesso. » Le challenge a été remporté par Merveille Kimbembé qui « parmi toutes les catégories, sort la tête haute grâce à son savoir-faire (...) elle a obtenu la note de 20/20. »

Le corpus a été extrait du livre de Denis Sassou-Nguesso « Le fleuve, le manguier et la souris »
A la question « pourquoi avoir choisi le texte présidentiel », la réponse de S. Djouob est d’une évidence biblique : « « La première édition a été consacrée au président Denis Sassou N’Guesso, tout simplement parce qu’il m’avait décorée commandeur grâce à mes activités culturelles et j’étais touchée à la suite de cela. ” . » » (Les Dépêches de Brazzaville du 14 août 2023)

La dictée de Mérimée

Evidemment nous sommes loin du texte de Prosper Mérimée rassemblant toutes les difficultés de la langue française et sur lequel de grands esprits trébuchèrent. Napoléon III aligna un nombre impressionnant de fautes à l’issue de cette fameuse dictée (75 au total) , « l’impératrice Eugénie, 62, Alexandre Dumas fils, 24. Seul un étranger, le prince de Metternich, ambassadeur d’Autriche, n’en fit que 3. »

Les Congolais qui se sont essayés à la dictée de Sylvia Djouob n’ont pas affronté les mêmes incroyables obstacles dont Mérimée truffa son texte car les morceaux choisis du camarade Président ( "un si long chemin" ou "le fleuve le manguier et la souris"...) sont plutôt d’une dimension grammaticale abordable. Les candidats avaient la paix du coeur et la tranquillité d’esprit quand ils les ont abordés ce mois de juillet à Brazzaville.

Enseignements

La grammaire en général, la française notamment, passe pour un indicateur de distinction sociale. Plus un pays compte de gens instruits moins il y a le « mbeba. » dans les moeurs. Et, la réforme de la grammaire que les Pouvoirs public appellent de leurs vœux, vise à corriger les déviances (voire les déviations) sociales.
Certes O. Gréard est conscient que « même après la réforme orthographique, il subsistera assez de fautes à commettre pour marquer les distinctions et maintenir les distances. »
Car la perfection académique n’est pas de ce monde.

On dit des gredins qu’ils se fichent des fautes et des gens biens que leur orthographe n’est pas à l’abri des calamités sémantiques. Les esprits chagrins disent que pour être recruté dans les forces de l’ordre (police, militaire) la grammaire n’est pas une épreuve éliminatoire !

L’orthographe consiste à redresser l’infographie, à construire l’esprit. C’est le compas de la réflexion. Si Madame la professeur Sylvia Djouob parvient rendre orthodoxe l’orthographe des Congolais, ce sera un gain pour la République. Notons, selon Alfred Nettement : « La langue d’une Nation, c’est la Nation. »

En général la plupart des gens ont des lacunes en orthographe faute de maîtriser la grammaire.
A l’issue du concours de dictée, Sylviane Bokoko Djouob a offert des ouvrages scolaires aux candidats.
« A l’avenir ça me permettra d’améliorer mon français » a remercié une candidate.

Mme Sans fautes

Qui est Sylvia Djouob ? Professeur de français, en région parisienne. Elle est auteure d’une nouvelle intitulée « Ma fwaou » (La veuve). S.D. a enseigné à l’Université Marien Ngouabi. Elle vit en France.

Question pour un champion : combien de fautes aurait fait Sassou sur le sympathique texte du fleuve du manguier et de la souris s’il avait participé au concours de dictée ?

La question n’est pas vicieuse. Après tout, n’oublions pas que le Président Denis Sassou N’Guesso est : «  enseignant de formation et on reste enseignant à vie. » (Les Dépêches 14 août 2023)

T.O

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