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Bilan

Le Dr. Marcel Guitoukoulou : "Le mal congolais porte un nom : Denis Sassou-Nguesso "

On commençait à désespérer. Enfin, le Dr Marcel Guitoukoulou, président du Congrès du Peuple, a refait signe de vie. Sans nouvelles de lui depuis l’élection présidentielle de 2007 (à part quelque apparition sporadique ) où sa candidature fut disqualifiée pour n’avoir pas pu justifier une présence interrompue au Congo durant dix ans, il vient de faire sa rentrée politique. A noter que le croc-en-jambe de 2007, on le sait, c’était un coup de Jarnac du Pouvoir de Mpila (imaginé par feu Gérard Bitsindou) pour écarter de la compétition de dangereux adversaires.

Le toubib congolais s’est alors récemment exprimé dans les médias : à Radio Congo (avec une partie censurée) , et sur une chaine Télé Web basée au Canada ( Gan Tv +) avec Malik Lenzonzo. Ensuite sur les réseaux sociaux où il s’en est particulièrement pris à la troublante transaction foncière signée en catimini entre Sassou-Nguesso et le Président Rwandais Paul Kagamé.

Dans son avant-propos le médecin de Pertuis (83) a, illico presto, présenté ses faits d’arme :
« J’ai participé à la restauration de la paix dans notre pays au travers des entretiens avec l’ensemble des protagonistes de la guerre de 1997 et également au travers de l’initiative de la concertation citoyenne en 2007 qui a permis au Révérend Pasteur Ntoumi de revenir à la vie publique en créant son parti et en rejoignant le commissariat chargé de la réparation des dommages de guerres. »
On apprit jadis qu’au péril de sa vie il s’était «  déguisé en paysan pour aller rencontrer le Pasteur Ntumi dans son maquis afin de le convaincre de transformer son mouvement armée en parti politique » (cf. Journal Matalana 2011)
Une façon de dire : « vous voyez, j’ai du savoir-faire et de la stratégie ! » Du répondant aussi. On peut alors compter sur lui « le cas échéant. »

A qui le dit-il ? L’ONG New Concept Humanitaire témoigne pour lui lorsque, à la fin de la guerre de 1997, lui et des confrères médecins hexagonaux articulaient l’aide avec des confrères médecins et des activistes niçois en expédiant sur Pointe-Noire des containers médicaux depuis le port de Marseille.

Etant entendu que la rentrée médiatique du médecin a eu lieu en période du 15 août, la question de la presse sur le bilan du Congo a été imparable.

Après 63 ans d’Indépendance de son pays, l’anesthésiste congolais est demeuré sans pitié sur l’état comateux dans lequel six décennies ont laissé ...L’Etat Congolais. Les chiffres sont tristement éloquents : « niveau d’insécurité politique 70 %» assortie à du sang qui a coulé sur fond d’arrestations d’opposants politiques comme « Jean-Marie Michel Mokoko. » Pourquoi s’en étonner puisqu’on dit ici que « le pouvoir est au bout du fusil. »

On constate une « insécurité alimentaire » et en dépit du fait que des slogans avaient promis l’autosuffisance alimentaire « on achète des denrées pour 700 milliards chaque année ». La transition alimentaire, c’était la lune dans un seau d’eau.
Les Congolais vivent avec un « taux d’insécurité publique à 60 %» et un
« taux de criminalité en col blanc à 72 %»
Quant au bien être, après 63 ans d’Indépendance seule « 15% de la population a accès à la santé. »
« Gratuité des césariennes, autosuffisance alimentaire » tout ça, des chimères.
Népotisme, détournements, kleptomanie (14.000 milliards de francs des générations futures volatilisés ) battent le plein. On appelle ça « antivaleurs »
Nous avons notre ibatagate un scandale qui a défrayé la chroniques dans les médias internationaux. (du nom de Lucien Ebata, un homme de paille du régime congolais)
Pour l’anesthésiste, « les suspects, doivent être mis à l’écart, qu’ils soient de la famille gouvernante ou pas. »

Le visage du mal

Le médecin a appelé chat chat « L’échec a un visage, ce visage, c’est celui du Président actuel. Il a gouverné le pays pendant plus de 50 ans en 63 ans d’indépendance. »
Ceux qui croient que l’anesthésiste était dans le ménagement, la complaisance, la pudeur, la promiscuité, ceux-là se sont mis le doigt dans l’œil. Le nom du mal est lâché par le toubib. Il s’agit de Denis-Sassou Nguesso : un demi-siècle d’exercice catastrophique du pouvoir à l’actif du coupable.

Les causes endo et exogènes

Mais le moins qu’on puisse dire c’est que les causes de nos malheurs sont « exogènes et endogènes ». Le pays est complètement dépendant de l’extérieur.
Selon le médecin « Marseillais », pour sortir du pétrin, on doit « changer de paradigme ». Si on compte se tirer d’affaire ça se fera « dans l’échange, dans le dialogue. »

Litanie des fiascos

Le tissu industriel hérité des débuts de l’indépendance est parti en lambeaux : « ciment, sucre, usine de bouteille, usines de cahiers, Kisoundi ... » ne sont plus que de vieux souvenirs.
Un réseau d’antivaleurs s’est substitué : « Corruption, argent publique dilapidé, le tape à l’œil, éléphants blancs, ouvrages inachevés pour lesquels l’Etat a dépensé beaucoup d’argent. »

Comme causes exogènes, la colonisation, elle-seule, ne suffit pas à expliquer nos souffrances.
On gémit que la vente de notre pétrole est mal négociée sur le marché mondial. Soit. « Mais le peu de devises qu’on reçoit, quel usage en fait-on ? » s’est irrité le médecin congolais. 50 %, on en a fait quoi ?
En guise de facteurs endogènes, la corruption, la cleptomanie sont en tête de liste.
« L’argent public n’est pas de l’argent personnel. On doit le mettre à la disposition de la population. »
On est somme toute dans les illusions fantasmagoriques « On aime le tape -à-œil. Des ouvrages jamais terminés, des éléphants blancs. »
Sur la thématique du retour au pays le problème est : « la diaspora peut-elle aider le pays à se relever ? »
Le fait est que cette diaspora est « hétérogène » et le gouvernement n’a pas une « maîtrise de cette population. Il n’y a pas de suivi. » Combien d’étudiants envoyés à l’étranger ? La méconnaissance des chiffres est un dessein ;
, politiquement cela arrange le Pouvoir dictatorial de jouer les crétins : « plus vous êtes loin, mieux les gouvernants sont contents. »

Moi Président

« Je serai un jour Président » nous confia, ex abrupto, l’homme de santé dans le silence des alcôves. Le cas échéant est-il proche ? C’est un secret de Polichinelle que le Dr nourrit des ambitions présidentielles (ce qui est légitime ) et a élaboré un projet de société, (ce qui est indispensable) : « Si j’accède au Pouvoir, j’ai des propositions à faire. » C’est la moindre des choses.

La diaspora, capital humain couplé au capital financier rapporte « 3,5% au développement du pays ». Je propose que la diaspora use des circuits bancaires comme Western Union, Money gram, Ria avec finalité prospective de « financer les emprunts obligataires »
Donc je vais procéder à une « unité des diasporas »
Lui Président , le Médecin préconise « La Loi pour tous ». Il porte en disgrâce des combat de « pot de fer contre pot d’argile. »

Qu’est-ce que ce système inique où « dans la gestion du pays, la grande famille congolaise est exclue » ? « Le gouvernement est « autiste » et obsédé par une gestion clanique du pouvoir » (déplore la Blouse Blanche)

Transactions foncières

Comble d’entourloupe, 120.000 ha de terres arables ont été vendus à des Rwandais, sur la base de contrats emphytéotiques opaques avec des intermédiaires répondant au nom de ENI (ancien Agip-Recherches). La proportion du territoire vendu fait « 3 fois la superficie de la ville de Pointe-Noire. »

Vous vous demanderez qu’est-ce que le pétroler italien vient faire dans cette transaction. L’Italien compte planter de l’huile de ricin par des travailleurs agricoles rwandais dans le but de fabriquer de l’essence végétale bio.... carburant à base biologique (végétale) . En son temps Lissouba escompta générer du pétrole avec de l’huile palme (NDLR)

Situation en Ukraine et au Niger

« La guerre, ce n’est pas bon » philosophait Zao

Marcel Guitoukoulou dont le métier est de réanimer les vies a son point de vue (pacifiste) sur ce qui se passe en Ukraine : « qui peut être content de la guerre ? Personne. » Il faut la paix et la concorde. Coexistence entre l’Otan et les pays du Pacte de Varsovie.
Cette guerre impacte le monde entier. Le prix des denrées ont bondi.
Par ailleurs, L’Afrique ne doit pas être un réservoir de matières premières et un déversoir de produits manufacturés. Ensuite, comme diraient les physiocrates, « le développement commence par l’agriculture. »
L’Afrique doit s’unir pour être forte. (Il semble que ça commence à venir. NDLR)

Le Niger est-il un modèle ? Le Mali, Burkina, la Guinée ?
La violence n’a jamais été un modèle. M. Guitoukoulou conclue qu’elle est «  parfois nécessaire ».
A fortiori en En Afrique où « on tient à conserver un pouvoir clanique » et où
on « impose des révisions constitutionnelles » pour échapper à l’alternance.
Quand on laisse la population croupir dans la misère « arrive le temps de l’action et le temps du devoir qui sont le rôle de la Grande Muette. »
Les coups d’état ne sont pas arrivés par hasard. « C’est dans les pays où le pouvoir est confisqué par des clans » que ça entre en action.

Face à des gestions claniques du pouvoir (comme on le voit en Afrique Centrale) parfois la Grande Muette a son mot à dire. C’est ce qui est arrivé dans la tripartite sahélienne du Mali, du Burkina-Faso et du Niger.
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Perspectives depuis Bandoeng

Il existe un mythe fondateur de la liberté des peuples opprimés : la Conférence de Bandoeng. (En Indonésie)

Les débats ont eu lieu en « 1955 à Bandung où a eu lieu la rencontre internationale contre le colonialisme. » Les pays qui se disaient non-alignés aspiraient à l’Indépendance. Mais disait Tolstoï « peut-on changer le monde sans se changer soi-même »
Allusion aux régimes postcoloniaux ayant reproduit les aliénations décriées à Bandung.

Ca, le Phocéen est radical : « je n’en veux pas. (quand je fais ) un examen de conscience, les antivaleurs je les condamne. »

Beaucoup pensent changer le monde sans vouloir se changer eux mêmes. « je ne veux pas de ce changement. »
Gouverner un pays ce n’est pas gouverner avec un clan sans le dialogue avec ceux dont on partage le même espace territorial.
Le colonialisme est un mal à éradiquer. 1960 ont eu lieu des Indépendances. Le changement quoiqu’il en coûte.

Les enseignements du Prophète

Recourir aux valeurs cardinales ; le « kimuntu », le « ubumtu » c’est le discours légué par le Prophète Simon Kimbangu : bolingo, misala, mibéko (amour, travail, Lois)
Nous avons les ingrédients pour un nouveau modèle développement. Le « kilu Kiéto ». Un pays où il fera bon vivre pour tout le monde.

Critiques

Le Docteur Marcel Guitoukoulou n’a pas pris le soin de dire comment virer celui qui incarne la mal congolais puisque les élections en Afrique ne sont jamais perdues par ceux qui les organisent. Va-t-on affronter Sassou dans les urnes aux prochaines élections ? Laissez-nous rire. Ce sera une illustration du dicton « pot de fer contre le pot de terre. »

Question : Le sahel serait-il le modèle ?

Il est vrai nous confia le président du Congrès du Peuple -Germinal dans un aparté, « ceux qui ont l’intention de ne pas faire un coup d’état, ne le disent pas. » Cela va sans dire. Comprenne qui peut.
Ils demeurent muets sur leurs projets. N’est-ce pas mon adjudant ?

Simon Mavoula

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