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sap(e/o)logie : pourquoi faire ?

Le génie Congolais, dans le domaine artistique, musical et culturel a des relents cadavériques, on ne le sait que trop.

J’interviens en tant qu’acteur culturel pour dénoncer une escroquerie éhontée.

La multiplicité des productions audiovisuelles en termes d’élégance vestimentaire est une mauvaise publicité, aux antipodes du but visé.

Le non professionnalisme de ces productions et la phraséologie douteuse des personnes qui sont sur le devant de la scène sont une démonstration évidente de l’étiolement certain du niveau intellectuel dans le milieu Congolais, à ceci près que la plupart des personnes interviewées bredouillent un salmigondis incompréhensible et ponctuent leurs appréciations par des « voilà quoi… » litaniques assortis d’une langue de bois bien rôdée, témoin à charge d’un système scolaire déficient.

Construire un fonds de commerce sur cet héritage naguère colonial est un pari risqué.

Nous nous réclamons de cette distraction que nous voulons intégrer à notre patrimoine culturel, en revendiquant la paternité de l’élégance vestimentaire, sans réaliser un seul instant que nous n’avons pas le monopole de l’élégance vestimentaire et que réclamer la paternité de quelque chose que nous n’avons pas inventé est une usurpation et une fraude.

Les Congolais s’habillent bien, il est vrai mais là n’est pas l’essentiel.

Et ils n’en ont pas le mérite.

Le mieux paraître n’obéit à aucun code génétique gravé sur l’ADN.
Brice Hortefeux, spécialiste des manipulations ADN, pourrait en témoigner, Dieu Merci !

Point n’est besoin d’être à fleurets mouchetés avec les voisins d’en face à gentilé commun, autrefois Zaïrois, et de se mettre en position de chiens de faïence vis-à-vis de nos voisins de toujours.

Pourtant, la priorité est ailleurs…

En considérant de plus près le vocabulaire de ces quidams, on est surpris par le naturel oisif qui les anime dans l’usure du terme « trilogie des couleurs », et une approche de la sapelogie ou sapologie (suivant les aspirations des uns et des autres) scientifiquement incorrecte, faisant référence à l’étude des couleurs et à leur classification harmonieuse !

Dans trilogie, il y a logos, discours, démarche (logique) en Grec.

La trilogie est fondamentalement un ensemble de trois œuvres autour du même sujet.

Le terme a été beaucoup plus vulgarisé dans le domaine du spectacle où, au théâtre, il implique une pièce qui se joue en trois actes.

Sauf si l’on veut personnaliser (dans le sens poétique) les objets d’apparat en leur conférant la parole, le bénéfice du doute peut être accordé à l’auteur de cette blague mais la spontanéité sans solennité avec laquelle il l’emploie laisse songeur quant au fait qu’il ait voulu traduire sa pensée de la sorte.

En revanche, en ce qui concerne une définition évasive de la sape, comme étant la « science des couleurs », je m’inscris totalement en faux.
La science des couleurs est, on le sait, la colorimétrie.
Cette science procède par ailleurs de la sensation chromatique, des ondes ou encore des lois fondamentales liées à l’optique.

Sans compter la transe fervente qui se saisit des amateurs de la sape, taquinant le religieux dans la création d’une prière dite du sapelogue, avec un oripeau immondiciel de commandements gonflés au ballon de baudruche !

Je n’incrimine pas l’idée générale qui se profile en toile de fond à travers cette campagne, à savoir accroître notre visibilité sur le plan international mais le message passe très mal.

Il est sans cesse squatté par des personnages grotesques aux manies simiesques, nous faisant passer pour des imbéciles élégants.

Ce concept doit être rendu potable, culturalisé, professionnalisé et dignifié

Nous faisons l’apologie d’œuvres d’artistes Européens et autres, au détriment de nos propres artistes Africains qui ont tant besoin de nous pour faire s’épanouir leurs talents.
Et Dieu sait qu’ils en ont aussi !

Il en faut de très peu pour revenir de sa désillusion.
Tommy Hilfiger, par exemple, aurait déclaré lors du talk show d’Oprah Winfrey ne pas vouloir que les “noirs et les asiatiques” achètent sa marque de vêtements !

C’est dire que ces artistes de renom ne nous ont jamais portés dans leur cœur, d’autant plus que nous ne représentons pas un grand intérêt pour la pérennité de leur business.
Dès lors, pourquoi tant chercher à être vu avec tel attirail, sans chercher à connaître les convictions de l’artiste qui l’a créé ?

J’ai personnellement visualisé les Saga Sapelogie, Sapologie, Académie de la Sape, des extraits de Explosion de la sape…, avec un goût de déjà vu.

Sans pour autant servir de support publicitaire, je voudrais quand même exposer quelques remarques, à la suite de la visualisation du mini documentaire les allures.

Ce petit film a réussi un pari rusé : une entrée en matière à éveiller l’intérêt, avec une narration quasi professionnelle, mais le spectateur restera sur sa fin car la suite du film en fait un parfait nanar, ponctué et rythmé par des mimiques et des grimaces à n’en pas finir.

Le sous-titrage est une idée ingénieuse mais les réalisateurs ont péché par l’orthographe, la sémantique, la grammaire, la conjugaison et parfois le vocabulaire…
Nous méritons mieux que cela et il est dangereux que ces images tombent entre les mains des personnes qui auraient une haute opinion de nous.
Elles s’en tordraient les côtes de rire ou s’ennuieraient à en mourir.

Plutôt que de nous perdre dans des élucubrations exhibitionnistes stériles, pour quoi ne pas concentrer nos efforts sur le développement de notre pays ?

Il est désespérant de constater que d’aucuns pensent que le congolais moyen n’est pas fondamentalement culturel.

J’insiste sur le développement humain, car la matière grise est la plus importante, puisqu’elle contrôle toutes les autres.

Je pense à une organisation sur le plan économique.
La création d’un fonds pour la diaspora comme il en existe dans d’autres communautés, notamment celles d’Afrique de l’Ouest pourrait s’avérer une belle initiative.
Ou encore rentabiliser cette exhibition, en organisant un concours international du genre KORA, avec un jury composé de coaches d’habillements, de stylistes et des hommes de culture…
Des partenariats pour la création et le financement de PMI/PME au profit des jeunes diplômés…

En tout cas, dans le contexte politico-économique actuel, donner la priorité à la sape serait saper tout espoir d’alternance qui passerait par une jeunesse plus consciente de son devoir de relève.

Comme le dit DISRAELI « l’avenir d’une nation passe par l’éducation de son peuple ».

Les jeunes sont l’avenir.

Il est impérieux et urgent que les jeunes Congolais s’imprègnent de cette notion.

Casablanca,

Van Manchette.

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