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Appelez-moi "Voyou"...

Hier soir j’ai pu enfin regarder le film réalisé par Gavin Hood, Mon nom est Tsotsi, film qui a reçu plusieurs distinctions dont le prestigieux Oscar du meilleur film étranger de l’année 2005 (photo, de gauche à droite : l’actrice Terry Pheto, l’acteur Presley Chweneyagae et le réalisateur Gavin Hood). Le film est sorti en France il y a quelques semaines, et il ne vous fera pas regretter votre soirée - si tant est que vous décidiez d’aller le voir le soir comme je l’ai fait ! C’est le rendez-vous culturel du moment, et ce n’est pas tous les jours que l’art atteint de tels sommets et se rapproche de notre humanité, voire de nos déviations. Peut-on quitter l’empire du Mal pour devenir le symbole même de la repentance, de la générosité ? Telles peuvent être les questions que j’ai décortiquées dans ce film bouleversant. Il y a ces images saisissantes qui demeurent, cette fraîcheur des personnages et la sincérité d’une camera qui a su toucher l’âme d’un des pays les plus fascinants du continent noir : l’Afrique du sud. A Soweto, en Afrique du Sud donc, Tsotsi - qui signifie voyou- est le sobriquet d’un jeune délinquant de 19 ans. Il a grandi dans le ghetto, dans une violence qui l’entraîne à nourrir une rage contre le monde et à former une bande de malfrats pour tenter d’émerger dans une existence où les inégalités sont criardes. Le meurtre n’est plus alors qu’une activité ordinaire, laissant apparaître le jeune Tsotsi comme un monstre froid, d’autant que son regard perçant et son économie de vocabulaire renseignent sur un passé douloureux : mère devenue un déchet dans son lit de malade, père alcoolique...

Tsotsi, n’en pouvant plus, s’échappe du toit parental pour un endroit qui lui irait le mieux : la rue, l’indépendance des enfants de la rue...

Presley Chweneyagae (Tsotsi) et le bébé

Le réalisateur Gavin Hood a su trouver le fil d’un récit poignant dès les premiers plans, mêlant amour et violence, humanité et déréglement. C’est ainsi que, au cours d’une nuit pluvieuse, Tsotsi arrive devant une belle villa, braque une femme noire de la petite bourgeoisie devant sa propiriété alors que la commande automatique du portail de sa résidence ne marche plus. Il pointe son pistolet, la blesse, puis vole sa voiture. Il est loin de s’imaginer, au milieu de sa course effrenée, lui qui ne sait pas conduire, qu’à l’arrière de la voiture, il y a un bébé qui déjà se manifeste. Que faire alors du bambin ? Comment s’en occuper ? Quelles conséquences encourt le bandit ?
Histoire bien menée de bout en bout, avec pour seul petit impair, à mon avis, la scène finale où l’on sent que le réaliteur hésite sur le dénouement. Celui-ci aurait gagné à être un peu plus direct, plus incisif et moins bavard et lent au point que certains personnages secondaires, les policiers, devenaient la caricature d’eux-mêmes.

Pourtant il faut saluer la présence réussie d’autres personnages secondaires, en particulier la rayonnante Terry Pheto (photo) qui va recueillir et nourrir pendant quelques jours le bébé "gênant" sous la menace de Tsotsi qui pointe son arme sur elle pour qu’elle allaite le marmot. On sent une histoire d’amour qui se profile entre la fille et le bandit, mais nous devons la deviner puisque la trame nous laisse juste en face de deux êtres unis par un sourire complice. Tsotsi qui demande à Terry Pheto : "Si je rends l’enfant à ses parents, est-ce que je pourrais revenir te voir ?". Sourire de Terry Pheto. Et tout le film est ainsi, en finesse et en carnaval d’images les plus belles. Preuve qu’un bidonville nous offre plus à voir que tous les gratte-ciel du monde et qu’il n’y a pas que le cinéma d’Hollywood pour nous enchanter. Un film à voir et à revoir et que je vous conseille sans réticences !!!

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