email

Bonne année 2004 ?

L’année qui s’ouvre sera belle , foi de Sassou-Nguesso. Un hôpital rénové à Pointe-Noire ; l’aéroport refait ; celui d’Ollombo terminé ; un nouveau barrage hydroélectrique à Imboulou et de l’eau et de l’électricité dans les quartiers périphériques à Brazzaville, étant entendu que le Centre-Ville, lui, en a déjà à suffisance. Cette année verra donc la réalisation par le gouvernement de Brazzaville de tout ce qui faisait notre gêne de vivre.

Même les arriérés de salaires seront payés, nous dit le Chef de l’Etat dans son message de fin d’année. Les structures de santé recevront le renfort de nouvelles recrues. Tout comme l’enseignement. La justice se fera et, à défaut de la voir partout, on la verra au moins à l’œuvre dans les faits de violence qui ont failli nous gâter notre fin d’année 2003.

Citoyens, dormez tranquilles : le Congo, après plus de 40 ans d’errements sans nom, va voir se réaliser en un an ce que des régimes d’incompétents n’ont pas pu - su - faire. Nous allons enfin voir les fruits d’une espérance d’autant plus nouvelle qu’elle commençait à se faire attendre. Nous sommes sur le point de cueillir, pourvu que patience et ordre règnent, le fruit mûri au pied de notre nouvelle sagesse et de notre compétence. Elle aussi nouvelle assurément.

Je sais que l’an prochain, nous en serons encore à attendre eau et électricité. Ou si ça fonctionne un temps, ça ne fonctionnera pas toujours. Je sais que les hôpitaux rénovés ne soigneront pas davantage les malades. Mais je sais aussi que les discours de fin d’année, de Chirac à Bush, sont toujours des vœux pieux. L’an dernier le président américain nous promettait la paix et la démocratie en Irak ; Chirac remettait une couche sur son dada sur la fracture sociale. Et, en Italie, Berlusconi nous promettait une Convention européenne sans bavure. Nous pouvons constater qu’il n’en a rien été. Pas là-bas, en tout cas.

Sassou-Nguesso n’innove donc pas en la matière. Du reste, interrogé sur ces enquiquinants délestages d’électricité à Brazzaville, le Chef de l’Etat, prudent (et visiblement agacé) répliquait dans un hebdomadaire que même la ville de New York connaît des problèmes d’électricité (ce qui est vrai, en partie).

En partie seulement. Car lorsque des difficultés de ce genre surviennent ailleurs, on en recherche les causes et on punit les coupables. Au Congo, rien de tel. En outre : est-il vraiment normal que 4 3 ans après notre indépendance, on ne sache toujours pas donner de l’eau à nos populations ? Que l’électricité nous soit chipotée et quand elle vient (du Zaïre ou d’ailleurs), qu’elle nous soit taxée au prix fort ? Que nous sommes incapables de payer ?

Je ne vois pas un seul Congolais dupe de cette supercherie. Je ne nous vois pas tombant dans le gros fil d’une litanies de promesses auxquelles nous ne sommes même plus habituées, tellement nous en avons eues. Mais, au moins, après l’avoir dit, faisons en sorte de faire entendre à qui le peut, qu’en 43 ans d’indépendance nous savons faire la preuve entre des gogos et des citoyens.

Laissez un commentaire
Les commentaires sont ouverts à tous. Ils font l'objet d'une modération après publication. Ils seront publiés dans leur intégralité ou supprimés s'ils sont jugés non conformes à la charte.

Recevez nos alertes

Recevez chaque matin dans votre boite mail, un condensé de l’actualité pour ne rien manquer.