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Briser les cercles

L’éditorial de Benda Bika

Ainsi donc les Congolais sont allés aux urnes ce dimanche. Les chiffres, officiels, annoncent des taux de participation forts. Et, je le disais sans mérite la semaine dernière, en l’absence d’une opposition réduite à sa plus simple expression, la victoire de Denis Sassou-Nguesso au premier tour est inscrite dans la logique des choses. Alors, rien de nouveau sous le soleil ?

Il nous faudra quand même tirer les enseignements de ce vote. Et tenir, pour une fois, le langage de la vérité : ne rien noyer sous les poncifs habituels du "c’est toujours eux" ou du "c’est toujours nous".

Sassou-Nguesso président du Congo pour les sept nouvelles années ? Il nous faudra, pendant sept ans, nous habituer à cela.

Certes, je l’ai déjà dit aussi, nous aurions préféré un mode autre de faire. Une transparence jamais mise en question, une préparation au dessus de tout soupçon, une association de l’opposition à toutes les étapes du déroulement du vote, une Constitution elle-même rassembleuse et peu soucieuse de favoriser un camp…

Le sage dit : « Quand on n’a pas ce que l’on aime, il faut aimer ce que l’on a ». J’entends d’ici les vociférations des pro et surtout des anti-Sassou. Pourtant, il faudra bien se rendre à l’évidence. Le Congo a un président (mal) élu. A vous de trouver les épithètes qui s’accorderont, au fil des ans, à ce président-là.

Mais, encore une fois, le dire suffit-il ? L’opposition qui a donné le spectacle d’une décomposition avancée n’aura-t-elle rien à se reprocher ? Il est quand même curieux de rencontrer à une telle étape de compétition politique des hommes et des femmes qui critiquent un processus, acceptent quand même de s’y joindre, décident de se retirer à la dernière minute appelant même au boycott.

Ou bien on est complices, ou bien on est opposants. Se retirer à la dernière minute est un aveu. Je ne sais s’il est de compétence. Incapable de stratégie et d’union, nos opposants ont servi de faire-valoir à Sassou-Nguesso. Dire que la faute est dans un seul camp ne nous avancera à rien.

Qu’est-ce qui va se passer maintenant ? Je ne le sais pas personnellement. A l’opposition de nous dire la voie. Et à Sassou-Nguesso de nous étonner par des gestes de rassemblement. Aux uns et aux autres de nous aider à briser les cercles de la répétition qui tuent.

Benda Bika

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