email

Calixthe Beyala remet les pendules à l’heure...

Calixthe Beyala

Dans Jeune-Afrique/L’Intelligent N° 2327-2328 du 14 au 27 août ( numéro double ), la romancière Calixthe Beyala accorde une longue interview ( 4 pages ) au journaliste Dominique Mataillet. Rappelons qu’elle a publié en mars dernier La Plantation, roman, aux éditions Albin Michel.

Quelques propos tirés de cette interview :

Vous avez condamné sévèrement les déclarations de Dieudonné opposant les Noirs et les Juifs.

"J’ai été la première à mener le combat pour la reconnaissance de la traite négrière avant que Dieudonné vienne s’en mêler. Ce n’était pas un combat de haine, mais un combat pour l’égalité. Et cette revendication s’adressait à la République et non à un groupe ethnique. Pour moi, Dieudonné a dévoyé le combat. Autant je suis capable de prendre tous les risques pour défendre la cause des Noirs, des Arabes ou de n’importe qui en France, autant je ne cautionne plus personne quand il s’agit de diriger la haine vers une communauté.

Dieudonné, lui, sait plus ou moins se contrôler. Mais est-ce qu’il contrôle les jeunes des banlieues ? Aujourd’hui, il les pousse à aller taper les Juifs. Demain, cela peut être les Arabes. En disant que les Arabes nous ont pris l’Afrique..."

La demande de réparations pour la traite négrière et l’esclavage n’est-elle pas légitime ?

"Moi j’ai toujours demandé des réparations. Je n’ai pas condamné Dieudonné pour ses revendications, mais pour les propos qu’il a tenus contre un peuple qui a lui aussi beaucoup souffert. J’aurais la même attitude s’il s’agissait des Arabes ou d’une autre communauté..."

Vous pensez avoir épuisé le thème des Africains en France ?

"... Je ne pense pas avoir épuisé quoi que ce soit. Il y a, il est vrai une reprise de mes thématiques par d’autres écrivains. C’est pourquoi je préfère passer à autre chose".

Concrètement que faites-vous pour l’Afrique ?

"J’ai un projet d’école pilote. Au Sénégal. Ou vraisemblablement au Burkina..."

Quels sont les écrivains africains actuels que vous appréciez ?

"Je cherche... Je ne trouve pas. Ce que je reproche à la jeune génération, c’est son manque d’engagement intellectuel... En fait j’aime bien Gaston-Paul Effa et Eugène Ebodé en tant qu’écrivains comme en tant que personnes. Mais dans l’ensemble, les auteurs africains n’ont pas de position sur le monde : le peuple peut crever, on écrit des livres et c’est tout."

La Plantation s’est vendu à plusieurs milliers de dizaine d’exemplaires... Il atteindra 100.000 exemplaires avec les Poches. Vous gagnez donc beaucoup d’argent avec vos livres...

"... Je ne fais pas de livres tous les ans. Sur ce point, je suis très franco-française et n’aime pas parler d’argent. Mais c’est vrai que je vis de mes droits d’auteurs. Ce qui est exceptionnel. Je suis assurément l’un des seuls écrivains d’origine africaine dans ce cas."

Laissez un commentaire
Les commentaires sont ouverts à tous. Ils font l'objet d'une modération après publication. Ils seront publiés dans leur intégralité ou supprimés s'ils sont jugés non conformes à la charte.

Recevez nos alertes

Recevez chaque matin dans votre boite mail, un condensé de l’actualité pour ne rien manquer.