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Choses vécues (3) : Quand l’Afrique devient un pays...

Si les Salons littéraires pleuvent en France, il faut convenir que celui de La Forêt des Livres à Chanceau-près-Loche (Touraine) - un village de 143 habitants qui accueillait 150 écrivains et plus de 30.000 visiteurs - est devenu, après 11 ans d’existence, la vitrine incontournable de la rentrée littéraire en France. La manifestation a eu lieu les 26 et 27 août. Animée par le très énergique écrivain Gonzaque Saint-Bris, la plupart des auteurs de la rentrée étaient conviés à ce grand rendez-vous, y compris les principaux organes français de presse écrite et télévisée. Les visiteurs pouvaient discuter avec, entre autres, Patrick Poivre d’Arvor, Jacques Chancel, Maurice Druon, Doc Gynéco, Jérôme Béglé, Florian Zeller, David Foenkinos, Nathalie Rheims, Marc Lévy, les prix Goncourt Francois Weyergans et Patrick Rambaut, les journalistes Jean-Claude Narcy, Tania de Montaigne ou Claude Sérillon. Ils pouvaient aborder les éditeurs Léo Scher, Fayard, Plon, Seuil, Héloïse d’Ormesson, Grasset ou Gallimard... ; les artistes Richard Bohringer, Hervé Villard, Francis Huster, Francis Perrin etc. On a pu d’ailleurs remarquer le chapeau d’Eugène Ebodé (Silikani, roman, Gallimard, 2006, lire dans les archives nos 10 questions à cet auteur) venu donner un grand coup de main aux Editions Monde Global de l’historien béninois Dieudonné Gnammankou qui avait un stand dans le Salon.

Vers la fin de la journée, j’ai pu une fois de plus apprécier le sens du débat de ma consoeur Léonora Miano durant le café littéraire qui nous réunissait tous les deux devant cet espace bondé d’amoureux de la lecture. L’animateur de cette rencontre tente-t-il de réduire le sens du tout nouveau roman de Léonora, Contours du jour qui vient (Ed. Plon) ? Elle rebondit, recadre les choses.

Le public du Salon

Bon, ce n’est pas grave, l’animateur parle alors de l’Afrique, « ce pays qui souffre, ce pays qui est déchiré, ce pays qui... », Léonora Miano réagit :
« - D’abord, l’Afrique n’est pas un pays ! » Rires de la foule. Je souris sous cape, je me dis que c’est sans doute un lapsus de l’animateur. Et je me dis aussi que c’est ainsi que George Bush n’est plus le seul à voir l’Afrique comme un pays... Et puisque je parle parfaitement l’Africain, je dois désormais apprendre aussi l’européen, deux langues très riches, je vous dis !

Et ce n’est pas tout : vers la fin de la rencontre, une femme nous suit, le souffle coupé, car nous marchions vite : "Merci, merci à vous deux, je connais bien l’Afrique, j’étais au Cameroun, c’est mon mari qui a installé les antennes paraboliques au Cameroun, vous savez !" Et Léonora de soupirer : "Ah, pour une fois vous ne venez pas du Sénégal, Madame, ça change de ce que j’entends toujours..."
Et il a fallu beaucoup de stratégie pour enfin dire à cette brave femme que les libraires du Salon nous attendaient avec impatience pour signer nos livres et que nous pourrions parler plus tard en long et en large de ce pays, l’Afrique, bien entendu !

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