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"Cœurs en papier" roman de Christian Mambou

Déchirures

Deux regards scrutent une oeuvre : "Coeurs de papier" de Christian Mambou. Le postulat sur lequel se fonde l’analyse est le suivant : rien ne ressemble plus à un coeur qu’un papier. Tous deux sont passibles de déchirure.
Les critiques littéraires, Liss Kihindou et Noël Kodia Ramata, se sont penchés sur le livre de Christian Mambou dont le titre n’est pas sans évoquer une oeuvre inédite de Jean Malonga : "Coeur d’Aryenne".

"Cœurs en papier" vu par Noël Kodia-Ramata

Parmi les romans publiés au cours de ces deux dernières années, il y a aussi Cœurs en papier* qui a retenu notre attention par sa qualité indéniable. L’auteur, qui fait partie de la nouvelle génération des écrivains francophones, vient de prouver une fois de plus que sa place parmi les romanciers congolais, devient incontestable après son premier récit La Gazelle et les exciseuses. Et si on pouvait lire et peut-être relire même son deuxième roman ?.

Cœurs en papier nous présente l’Afrique et l’Europe avec leurs réalités contemporaines à travers l’histoire d’un jeune étudiant noir en France et sa fiancée restée au pays. Leur amour, né dans la fougue de leur jeunesse pour aboutir aux fiançailles avant que le jeune homme s’envole pour ses études, se brise contre le mur du désespoir que construisent l’Afrique des coups d’Etat et l’immigration avec son corollaire le racisme en Europe. L’Afrique des militaires, du népotisme et du tribalisme, les problèmes de l’immigration et du racisme qui se posent à certains moments aux étrangers en France et l’amour inachevé des deux fiancés séparés par le voyage, tels sont les trois principales branches de ce récit émouvant.

L’Afrique des coups d’Etat et le tribalisme

Lorsque le jeune Polhit, à la fin de ses études en France, se prépare pour retourner dans son pays où il avait laissé sa fiancée Faty, s’y produit un coup d’Etat qui marque sa famille ; son oncle Moussa est arrêté puis incarcéré car n’étant pas de la tribu du nouveau Général-président. Et dans cette Afrique des coups d’Etat, se révèle toujours l’inacceptable avec la désorganisation de la société où mort, violence, viol, vol et pillage deviennent des réalités. Et bien que loin du pays, le héros vit ces faits par la « magie » de la télévision : « (…) l’étudiant scrutait les visages quand le cameraman faisait des plans rapprochés, (…) la violence et la soudaineté des combats ne leur permettaient que de sauver leur vie. Les biens restaient dans les habitations, sous la protection des soldats pilleurs. Ils servaient de butin aux vainqueurs » (p. 5). Sur place au pays, le coup d’Etat du général Kouli remet le tribalisme à la surface des événements car si dans certains pays l’on constate l’opposition Nord/Sud, ici dans Cœurs en papier, le tribalisme se définit par l’opposition entre les peuples de l’Ouest et ceux de l’Est. Le pouvoir étant revenu dans la région du Akebou à l’Ouest, l’oncle du héros, originaire de l’Est, est arrêté et incarcéré avant de mourir, suite à la vengeance tribale. Et le jeune Polhit s’en aperçoit par le cri de détresse que lui lance son oncle depuis la prison : « Nos geôliers ne nous permettent pas un bel avenir (…) ne reviens pas au pays. (…) Avec ton niveau en France, tu trouveras un travail » p. 40). Et avec l’Afrique des coups d’Etat et du tribalisme, Christian Mambou met en exergue le roman du désenchantement dont parle Jacques Chevrier dans Littérature nègre. Aussi, devant cette nouvelle situation on ne peut plus tragique qui vient de se produire dans son pays, et devant l’invite de son oncle, le héros est obligé de vivre l’exil forcé, période pendant laquelle il va affronter les problèmes de l’immigration car la validité de sa carte de séjour prenant fin inéluctablement. Commence alors une autre vie pour l’étudiant où se bousculent l’image du pays marqué par la situation pénible de sa famille après le coup d’Etat, son amour (véritable) pour Faty et (de raison) Céline, les conseils que lui prodiguent son ami Fidèle et le vieux Charlie, promotionnaire de son oncle Moussa, marié à une Française.

Immigration et racisme dans « Cœurs en papier »

Quand le jeune Polhit fait la connaissance de la Française Céline à l’université, il ne sait pas qu’elle va jouer un rôle révélateur dans sa vie. Et, dans l’impossibilité de proroger la validité de sa carte de séjour, c’est Céline qui lui propose un mariage blanc pour le « sauver » de la clandestinité. Entre l’ amour sincère pour sa fiancée et l’amour de raison pour Céline, le héros vit des cauchemars de l’exil. Après avoir lutté contre les avances implicites de Céline, Polhit tombe dans le piège de la chaire : « Les regards se croisaient chargés de désir (…) Elle [Céline] sentit le souffle chaud et enfin des lèvres pulpeuses. Le long baiser mit fin au massage. Il s’en suivit un autre. Puis les désirs et les pulsions jusque-là contenus déchaînèrent la danse des corps » (p.102). Et quand la jeune Française annonce naïvement à ses parents son intention de se marier avec son ami noir, se dévoile le racisme des ses parents vis-à-vis de l’autre. Ils ne peuvent accepter que leur fille unique se perde dans l’ « obscurantisme » des Noirs : « Jean-Paul et Nadine[les parents de Céline] refusaient d’emblée qu’un étranger jouisse du fruit de leur labeur. Les Noirs, paresseux devant l’Eternel, ne connaissaient pas la valeur de l’argent » (p. 84). Et quand Céline ne veut rien savoir des conseils de ses parents et, se servant de sa majorité pour continuer à vivre avec son ami, elle ne sait pas qu’elle pousse son père à « agir autrement » pour l’éloigner de Polhit. Ainsi, le jeune homme sera, sans le savoir, dans le collimateur d’une détective jusqu’au moment où la police va l’accueillir au cours d’un contrôle de police de papiers. A cause de sa couleur, l’Africain ne sera pas accepté par les parents de son amie. Celle-ci sera malheureusement à l’origine de l’agonie de l’amour des deux fiancés en démontrant à Faty qu’elle a couché avec son homme : « En parlant d’amour, Polhit a trois grains de beauté sur la fesse gauche. C’est mignon » (p.112). Et cette révélation refroidit la pauvre Faty quand elle réalise la véracité de la déclaration de la Française en se projetant dans le passé : «  (…) entre le marigot et la termitière géante, [des] herbes servirent de matelas à la fiancée vierge. Cachés dans l’intimité de la nature, deux êtres épris de passion se connurent pour la première fois (…). La complicité du temps permit aux amants de découvrir le corps de l’un et de l’autre. Faty vit les grains de beauté [ sur la fesse gauche de Polhit] » (p.113).

Un amour inachevé sans véritable orgasme de la virginité du terroir
Le coup d’Etat du général Kouli et le tribalisme prendront le dessus sur l’amour des deux fiancés. Le coup fatal viendra de l’attitude de Céline après avoir découvert la véritable signification des liens entre Polhit et sa prétendue cousine Faty. Persécuté par sa fiancée qui ne cesse de lui téléphoner depuis le pays, bouleversé par ce qu’elle vient d’attendre de la bouche de Céline, nargué par l’infirmier Joël, le nouveau prétendant de Faty qui se montre jaloux et tribaliste, et pris à partie par sa propre mère qui ne comprend pas sa « trahison », le jeune Polhit se laisse emporter par la fatalité du destin jusqu’au jour de son arrestation par la police, consécutive à un contrôle de pièce d’identité. Refoulé dans son pays, il sera victime des réalités locales avec le pouvoir politique qui vient de passer d’une tribu à une autre. Ses diplômes obtenus en France ne seront pas « acceptés » par l’administration à cause du tribalisme. Et l’amour dans lequel il s’était réfugié jusque-là, se brise en faisant trois victimes. La première est lui-même qui perd sa fiancée à cause du tribalisme qui a provoqué la mise à mort de la virginité du terroir. Faty, de son côté, victime du tribalisme, voit son amour pour Polhit inachevé et s’acheminer vers l’inacceptable. De son côté, Céline restée en France ne peut jouir d’un amour de couple après son accouchement car elle élèvera seule le bébé de Polhit, symbole de leur amour qui révèlera plus tard aux parents de la Française que l’amour n’a pas de frontière, n’a pas de couleur. Et les cœurs de ces trois personnages (Polhit, Faty et Céline) deviennent des véritables « cœurs en papier » à cause d’un étudiant devenu un sans-apiers. Tribalisme, coup d’Etat, exil sont les principaux thèmes qui reviennent dans la littérature narrative congolaise. Des titres tels Tribaliques d’Henri Lopes, L’Exil ou la tombe de Tchichelle Tchivéla et Le Récit de la mort de Jean Baptiste Tati Loutard. Mais c’est surtout la littérature de la diaspora qui dévoile très bien l’exil, l’immigration et le racisme sur fond de couleur de peau, comme on peut le remarquer chez Daniel Biyaoula dans son premier roman L’Impasse, Didier Kounkou-Lareis dans Noir Charbon et Marie-Louise Abia dans Bienvenus au royaume du sida avec cette réplique combien révélatrice d’une Blanche à son mari congolais au cours d’une scène de ménage : « Ce n’est pas parce que je te permets de coucher avec moi que tu crois avoir le droit de me frapper ; n’oublie jamais que pour moi, tu n’es et ne resteras qu’un nègre ! » (p. 151). Et ces récits se trouvent plus ou moins « intertextualisés » dans le récit de Christian Mambou.

Le scriptural dans « Coeurs en papier »

La lecture approfondie de ce roman nous révèle que le texte « avance en récits parallèles » : les deux principaux personnages (Polhit et Fady) évoluent dans des univers qui ne se rapprochent pas physiquement sauf dans leurs souvenirs. La jeune fille est restée en Afrique dans l’attente de son fiancé tandis que celui-ci vit en France. Et même quand il retourne au pays, le tribalisme creuse un fossé entre les deux amis.
Du suspense dans le rebondissement des événements, le roman rappelle la surprise dans laquelle tombe le lecteur à un moment du récit. Comme dans Gouverneurs de la rosée de Jacques Roumain où le lecteur est refroidi et se voit déconnecté du suspense par la mort du héros Manuel, lui qui attendait plutôt celle de Gervilen. Dans Cœurs en papier, le lecteur se voit surpris par l’attitude de Céline qui trahit naïvement le héros au cours de sa conversation téléphonique avec la fiancée de ce dernier. Et la diégèse semble se dégonfler comme un ballon de Baudruche à partir de ce moment qui, fatalement, annonce déjà la fin du rêve des deux fiancés.
Au niveau des personnages qui évoluent dans ses romans, l’auteur semble forger son propre style. Ces derniers rappellent l’univers sociétal de l’Afrique de l’Ouest et non son terroir comme on le remarque chez la majorité de ses compatriotes. On « rencontre » par exemple Kéïta, Aya, Djama dans La Gazelle et les exciseuses et Moussa, Faty et Abdoulaye dans Cœurs en papier. L’écrivain serait-il influencé par son séjour en Afrique de l’Ouest dans l’exercice de son métier de journaliste comme le précise sa biographie ?

Conclusion

Cœurs en papier, un roman écrit dans un style fluide où le linéaire du récit ne pose aucun problème au lecteur lambda dans l’acceptation des événements à lui rapportés et où la dimension narrative prime sur la descriptive. La lecture donne l’impression que le narrateur laisse plus de place aux personnages pour s’exprimer dans une grande partie de la diégèse, positionnant ainsi le lecteur sur le va-et-vient qui se réalise entre la diégésis (qui se fonde sur la performance descriptive et l’énoncé narratif) et la mimésis (qui épouse la représentation du langage dialogique des personnages) et vice versa. En dehors de quelques rappels de souvenirs des deux fiancés et de la maman de Faty qui revit le viol de sa mère par les hommes en treillis dans une Afrique de la honte, le récit avance sans rétroviseur diégétique jusqu’au retour du héros au pays. Et on peut dire que Cœurs en papier confirme la maîtrise de la création romanesque que l’auteur avait déjà agréablement annoncé dans son premier roman où se révèle la confrontation des deux Afriques : la traditionnelle incarnée par les « coupeuses de clitoris », autrement dites les exciseuses, et la moderne qui lutte contre cette pratique. Et la critique de se

Noël Kodia-Ramata

demander si le lecteur lambda, devant les deux premiers romans de Christian Mambou, ne s’apparente-t-il pas au « chercheur d’Afriques » d’Henri Lopes devant les problèmes que posent l’excision en Afrique et l’immigration dans le milieu de la diaspora africaine ?

Noël Kodia-Ramata


"Cœurs en papier" vu par Liss Kihindou

Cœurs en papier est l’œuvre qui confirme Christian MAMBOU comme romancier. En effet, en 2004, il publiait son premier roman : La Gazelle et les Exciseuses, dans lequel on suit le combat d’une jeune fille qui, soutenue seulement par sa mère, décide d’échapper à l’excision. C’est le courage de dire non à ce qui, dans nos traditions, dans nos coutumes, dévalorise plutôt que ne participe à l’épanouissement de l’individu. C’est aussi apprendre à se battre pour donner, à notre vie qui semblait tracée d’avance, un autre cours.

Dans Cœurs en papier, c’est à un autre combat que Christian MAMBOU nous invite à assister : sur le ring, un jeune étudiant africain, Polhit, et contre lui une sorte de Gorgone, monstre aux cheveux de serpents, que l’on appellera la « Précarité » : précarité du logement, précarité du titre de séjour, précarité des sentiments que les gens affichent à votre égard, selon qu’ils doivent ou non manifester un engagement dans votre cause… bref, précarité de la vie d’un sans-papiers tout simplement.

Polhit vient du Waba, pays qui pourrait évoquer le Congo Brazzaville aussi bien que d’autres pays africains où, déterrée, la hache de guerre a sévi avec cruauté. Au moment où il se prépare à retourner dans son pays, diplômes en poches, la guerre éclate et le voilà pris entre le marteau et l’enclume : faut-il rentrer chez lui, alors que le pays est à feu et à sang ? Faut-il rester en France, mais alors pour quelle existence ? La fin des études implique la non reconduction du titre de séjour, qui implique l’irrégularité, qui implique l’impossibilité d’avoir un travail ni un logement. On voit comment une seule cause provoque un enchaînement de conséquences. Le roman est conduit de sorte que le lecteur ne peut esquiver cette question, qui se pose à lui avec toujours plus de force au fil des pages : si vous étiez dans la situation de Polhit, que feriez-vous ?

En effet, dans la trappe où il se trouve pris au piège, Polhit tend la main pour que quelqu’un, quel qu’il soit, la saisisse ; si ce n’est pour le tirer vers le sol ferme, au moins pour manifester, par le contact des mains qui se joignent, une chaleur amicale. Céline, elle, ne se contente pas de dire sa sympathie puis de passer son chemin, elle saisit à pleines mains cette main qui crie ‘‘au secours !’’.
Céline, c’est une jeune femme française que Polhit a connu sur le banc de la Fac, et qui est devenue une amie. Celle-ci lui ouvre la porte de sa maison , pour que le garçon ait au moins un toit où dormir, mais elle lui ouvre aussi la porte de son cœur, espérant que le jeune va y entrer et que le mariage blanc qu’elle lui propose pour régulariser sa situation va se transformer en mariage d’amour. Eh oui ! Céline est amoureuse et voudrait bien que Cupidon décoche la même flèche dont elle est atteinte dans le cœur du jeune homme. Or celui-ci a déjà une amoureuse au pays, Faty, à laquelle il veut demeurer fidèle.

En fait, on découvre en Polhit un jeune homme qui a des principes, qui essaie de vivre honnêtement, qui voudrait être en accord avec ses convictions, ses aspirations. C‘est pourquoi il ne se rue pas dans l’ouverture que Céline pratique pour lui dans son cœur. Certes ce n’est pas le cas de tout le monde. Il y a, bien sûr, ceux qui :

« faisaient la chasse aux âmes languissantes d’amour. La méthode, basée sur la séduction, conduisait à un véritable mariage. Celui-ci aboutissait plus tard à un divorce une fois le sésame de l’administration en poche. (…) La joie de l’ancien sans-papiers traînait parfois un parfum de trahison. Les victimes s’étaient livrées, dévoilant tout leur être au nom de l’amour. Aveuglées, elles sacrifiaient tout au partenaire calculateur. Leur investissement pour le bien-être du couple n’avait d’égal que leurs sentiments. Un beau matin, le coup de grâce mettait fin aux projets à long terme. » (p. 70)

La conséquence de ces mariages intéressés est que les ‘‘prédateurs’’ ne laissent derrière eux que « haine et rancœur », et cette haine se retourne en fin de compte contre toutes les personnes en situation irrégulière, dont on se méfie, qu’on accuse de tous les maux, de tous les forfaits… Ce que veut montrer Christian MAMBOU, c’est que toutes les situations ne se ressemblent pas : les africains ne viennent pas en Europe, ou en France pour empester l’air qu’on y respire ; au contraire ils viennent là pour avoir une petite bouffée d’oxygène, et si les choses tournent mal, c’est quelque fois, pour ne pas dire souvent contre leur gré.

L’impossible dialogue ?

Polhit et Céline veulent se tenir la main afin que l’une puisse soutenir l’autre dans l’épreuve que celui-ci traverse, mais des forces extérieures s’interposent, venant aussi bien de l’entourage de l’Africain que de celui de la Française, comme si les deux cultures ne voulaient pas, ou n’étaient pas encore tout à fait prêtes à se rencontrer vraiment, à faire la paix. L’aboutissement du mariage entre les deux jeunes symboliserait la possible conciliation entre les deux cultures. C’est peut-être pour cela que, dans leurs romans, les auteurs mettent à mal les unions mixtes : Joseph alias Kala, le héros du truculent roman de Daniel BIYAOULA, L’Impasse, se séparera d’avec Sabine ; Mireille connaîtra la désillusion dans sa vie de couple avec Ousmane dans le Chant écarlate de la regrettée Mariama Bâ, pour ne citer que ces exemples. Pourtant on est loin de l’enfer vécu par les couples mixtes à l’époque où Blancs et Noirs étaient encore à l’étape de la première approche. Le roman de Barbara Wood par exemple, African Lady, montre combien l’amour en Noir et Blanc était impossible à l’époque. Aujourd’hui on semble s’accepter, mais la vérité est qu’on se ‘‘supporte’’, on fait semblant, alors qu’on pourrait franchement s’aimer.

Un titre polyphonique

Dès avant d’ouvrir le livre, votre regard est happé par la couverture qui représente un cœur avec, à l’intérieur, un titre de séjour, tous deux déchirés en leur milieu. Plusieurs interprétations à cette illustration au titre sont possibles.
Les cœurs en papier, ce sont ces cœurs que l’on blesse, que l’on déchire sans la moindre amertume, comme si c’était du simple papier, alors qu’il s’agit d’un organe vivant capable d’éprouver de la souffrance ; c’est le déni de l’humanité.
Parallèlement, ces cœurs en papier évoquent aussi les cœurs de ceux-là qui ont perdu toute humanité, qui ne savent plus s’émouvoir des situations des autres : ce sont des cœurs secs, sans vie, en papier.
Mais surtout les ‘‘cœurs en papier’’ pointent du doigt cette nouvelle

forme d’amour, intéressé, conditionné par l’obtention des papiers. L’illustration dénonce ces histoires d’amour où le cœur n’est plus le lieu privilégié des sentiments, mais plutôt l’autel de la Préfecture.

Liss Kihindou

L’auteur

Né en 1975, Christian MAMBOU est l’un des plus jeunes auteurs du Congo Brazzaville. Deux ‘‘maîtresses’’ se disputent son cœur (pour revenir à ce mot que nous avons abondamment employé tout au long de cette analyse) : l’écriture et le journalisme. Christian MAMBOU est en effet animateur radio, et vous pouvez retrouver ses « chroniques piquantes » sur le site de Radio Guémozot : www.radioguemozot.eu

Christian Mambou

Avec deux romans en un laps de temps, l’auteur est, sans contexte, l’une des promesses de la nouvelle génération, vu son âge. Il a exercé le métier de journaliste en Afrique centrale et en Afrique de l’Ouest. Il vit actuellement en France, plus précisément en Lorraine où il est correspondant d’un quotidien régional et animateur radio.

Références bibliographiques

 Abia (Marie-Louise), Bienvenus au royaume du sida, Editions ICES, Paris, 2003
 Biyaoula (Daniel) L’Impasse, Editions Présence africaine, Paris, 1997
 Chevrier (Jacques), Littérature nègre, Editions, A.Colin, Paris, 1990
 Kounkou-Lareis (Didier), Noir Charbon, Editions Paari, Paris, 2005
 Lopes (Henri), Tribaliques, Editions Clé, Yaoundé, 1972
 Lopes (Henri), Chercheur d’Afriques, Editions du Seuil, Paris, 1997
 Mambou (Christian) La Gazelle et les exciseuses, Editions L’Harmattan, Paris, 2004
 Tati Loutard (Jean Baptiste), Le Récit de la mort, Editions Présence africaine, Paris, 1987
 Tchivéla (Tchichelle) L’Exil ou la tombe, Editions Présence africaine, Paris, 1986
 Roumain (Jacques.) Gouverneurs de la rosée, Imprimerie de l’Etat, Port-au-Prince, 1944

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