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La guerre, ce n’est pas bon

Congo-Brazzaville - Sassou Nguesso déverse 150 flics et commence la guerre en France

La guerre ? Oui, la guerre puisque tous les Congolais en parlent. Elle est au cœur de toutes les causeries dans les familles, les quartiers, bref dans tout le pays, depuis le retour de Denis Sassou Nguesso de la Russie.

Rappelons que lors de son dernier voyage dans le pays de Poutine, le Président autoproclamé du Congo avait conclu des contrats d’achats d’armes de guerre, d’hélicoptères de combat et d’avions de transport de troupes.

Pour les Congolais, il est clair que le pouvoir de Brazzaville prépare une guerre, en 2021. Car ils connaissent bien l’homme. Ils savent que Sassou Nguesso et son parti politique, le Parti congolais du travail (Pct), n’ont jamais gagné une élection libre et transparente. Pour eux, le pouvoir a toujours été au bout du fusil.

Les Congolais vivent donc dans la psychose de la guerre. Ils parlent de la guerre tous les jours et dans tous leurs milieux de vie.

Mais, ils sont aussi surpris d’apprendre que les dignitaires du pouvoir parlent, eux aussi, de la guerre. Mais, d’une autre guerre.

Pour distinguer les deux guerres, nous avons longé quelques rues de Brazzaville et les couloirs du pouvoir, ainsi que ceux de certains milieux diplomatiques.

La guerre dont parlent les Congolais

Les Congolais parlent de la guerre que va leur imposer le pouvoir de Brazzaville pour maintenir Denis Sassou Nguesso à la tête du pays ou imposer son fils, Denis Christel Sassou Nguesso, en 2021, année de la prochaine élection présidentielle.

Ils sont convaincus que les armes de guerre, les hélicoptères de combat et les avions de transport des troupes que venait d’acheter Sassou Nguesso en Russie, ne vont pas orner les casernes ou tout simplement faire la fierté de sa milice et de ses mercenaires étrangers qui campent à Tshambitsho, près d’Oyo, au nord du pays ou encore être exhibés lors des défilés militaires.

Ces engins de la mort vont servir à quelque chose. Ils vont être utilisés pour tuer les Congolais. Notamment ceux qui vont contester les résultats qui seront truqués.

Les Congolais se mobilisent et parlent déjà de cette énième guerre dont ils vont être victimes. Pourtant, les plaies laissées par les précédentes n’ont pas encore cicatrisées. Ils parlent de cette guerre comme si elle a déjà lieu. Ils se servent des réseaux sociaux et de certains médias pour informer tous les autres peuples du monde et les institutions internationales, afin que ces derniers les aident à éviter cette guerre de plus et inutile. Mais, ils ne savent pas si la communauté internationale leur prête, cette fois-ci, son oreille. Car, dans toutes les guerres qu’ils ont déjà subies, elle s’est volontairement faite aveugle pour ne pas voir, sourde pour ne pas entendre et muette pour ne pas dénoncer les crimes commis.

La guerre que craint le pouvoir de Brazzaville

« Le pouvoir de Brazzaville, lui aussi, craint une guerre. Il s’agit d’une guerre qui viendra de la diaspora, et qui sera menée avec la complicité de quelques pays, notamment la France, le Tchad et l’Angola » : avons-nous appris dans les couloirs du pouvoir à Brazzaville. Car, Denis Sassou n’a plus des bonnes relations avec ses anciens partenaires de la guerre de 1997.

Aux salaires des fonctionnaires, les bourses des étudiants et les pensions des retraités qui lui provoquent des insomnies, il faudra désormais ajouter la peur de la guerre.

Tel qu’il est revenu au pouvoir, tel qu’il va partir ?

Sassou Nguesso est revenu au pouvoir, en 1997, à l’issue d’une guerre meurtrière qui a fait 400.000 morts. En effet, il avait chassé du pouvoir le Président Pascal Lissouba élu par les Congolais.

Dans cette guerre, il avait été soutenu par l’armée angolaise et des mercenaires étrangers, notamment tchadiens. Mais, il y avait aussi des éléments de l’armée française. Denis Sassou Nguesso doit donc son pouvoir à la France, l’Angola et le Tchad.

Vingt-deux ans après, Sassou Nguesso qui a mal géré sa victoire et ses relations avec ses alliés se sent coincé. Il est convaincu que ses complices d’hier ne vont plus le soutenir, en 2021.

La « diplomatie de proximité  » inventée par son ministre des Affaires étrangères, qui consistait à souder les dictatures de la sous-région les unes avec les autres, a fait long feu. Pourtant, c’est bien lui, Denis Sassou Nguesso, qui a joué des sales tours à toux ceux qui l’avaient aidé pour gagner la guerre de 1997.

Avec la France

Sassou Nguesso pense que la France ne le porte plus dans son cœur. Malgré tout ce qu’il a fait pour la « mère-patrie ». Il n’y a jamais effectué une visite officielle, depuis son holdup électoral. C’est toujours à l’ occasion des manifestations internationales auxquelles participent plusieurs chefs d’Etat qu’il y est invité et reçu à l’Elysée.
Or, cela n’est pas du goût de Sassou Nguesso qui attend une visite officielle pour légaliser son pouvoir.

Comme la France tarde à lui offrir cette occasion et à soutenir le dossier de son gouvernement auprès du Fmi à qui il demande un soutien financier pour surmonter la crise multidimensionnelle que connait son pays, mais aussi parce que la France ne veut pas neutraliser les opposants à son pouvoir qui habitent dans ce pays, Sassou Nguesso fait du chantage en renforçant ses relations avec la Chine et la Russie.
Mais, Sassou sait que ce chantage peut lui couter cher. Il ne se sent donc plus en sécurité. Il sait que c’est très facile pour la France de monter et armer des rébellions dans ses anciennes colonies. Par exemple, elle pourra se servir des généraux Ferdinand Mbaou et Philippe Bikinkinta, pour le renverser. Voilà pourquoi il tient à assassiner ces deux officiers généraux.

Avec le Tchad

Alors négociateur dans la crise centrafricaine, dans laquelle il vendait des armes et des munitions à des groupes armés, Sassou Nguesso avait commis la maladresse de copter un certain Abdoulaye Miskine, de son vrai nom Martin Koutamadji, qu’il a intégré dans sa garde à la fin du conflit centrafricain. Or, cet ancien chef rebelle tchadien a sous ses ordres plus de 1000 éléments.

Le président tchadien, Idriss Deby, perd lui aussi le sommeil devant cet acte posé par son homologue congolais. Il le soupçonne de lui préparer un coup ; d’autant plus que ce dernier a les intentions de contrôler toute la sous-région. Malgré leurs multiples rencontres au niveau de l’Union africaine et dans les manifestations internationales, les relations entre le Congo et le Tchad sont loin d’être au beau fixe. La présence de Miskine au Congo avec ses éléments est toujours vécue comme une menace par Idriss Deby.

Aussi, Brazzaville pense que Ndjamena lui aurait volé la vedette. La France aurait confié le leadership de la sous-région à Idriss Deby.

Aujourd’hui, Sassou est coincé et se mord les doigts. Abdoulaye Miskine est devenu encombrant. Brazzaville ne sait plus que faire de lui. Même s’il va l’utiliser dans la guerre de 2021. D’ailleurs, il risquera de le tuer au cours de cette guerre pour tourner définitivement la page de cette histoire. Mais, Sassou craint aussi qu’Idriss Deby lui rende le coup, en ouvrant les frontières de son pays aux généraux Ferdinand Mbaou et Philippe Bikinkinta.

Avec l’Angola

Le président Angolais, Joao Lourenço, est pris pour un grand symbole de la lutte contre la corruption dans son pays. Il a jeté en prison, José Filomeno Dos Santos, le fils de son prédécesseur et beaucoup d’autres cadres du pays. Aussi a-t-il obligé Edouardo Santos, l’ancien président de l’Angola, à s’exiler volontairement au Portugal pour être à l’abri de cette grande campagne contre la corruption.
Or, Sassou Nguesso n’arrive pas à mener cette lutte dans son pays. Il craint que l’exemple angolais ouvre les yeux des Congolais. Comme l’aurait été le discours de Sékou Toure dans la chute de Fulbert Youlou.

Mais, dans les relations entre Brazzaville et Luanda, nous avons aussi appris que Sassou Nguesso aurait commis la maladresse de demander à son homologue de mettre un peu d’eau dans son vin et de se réconcilier avec son prédécesseur, que Joao Lourenço n’aurait pas aimé cette immixtion de Sassou Nguesso dans une affaire à cent pour cent angolaise. Mais, il faut aussi signaler que le Président angolais a une autre conception de la politique qui est très différente de celle de Sassou Nguesso. Il serait scandalisé par les derniers achats d’armes de guerre, d’hélicoptères de combat et d’avions de transport des troupes par Sassou Nguesso, alors que son pays connait une crise très aigue. C’est ce qui lui aurait poussé, à en croire une certaine opinion, à renvoyer le ministre Jean Claude Gakosso, et de refuser de prendre la lettre personnelle que lui avait adressée Denis Sassou Nguesso. Or le ministre des Affaires étrangères du Congo effectuait une mission officielle qui méritait un accueil diplomatique ad’ hoc.

Sassou a commencé la guerre

Devant ce climat de méfiance qu’il a lui-même créé dans ses relations avec tous ceux qui l’ont aidé à gagner la guerre de 1997, et le réveil de la communauté internationale qui, enfin, commence à prendre la mesure des dégâts humains et matériels qui sont causés par Sassou Nguesso dans son pays, le mwene d’Oyo panique et voit venir une guerre contre lui et son pouvoir.

Pour déjouer le coup et couper l’herbe sous les pieds de la France, le Tchad et l’Angola qu’il soupçonne de vouloir aider une rébellion dans son pays, Sassou Nguesso anticipe. Il veut assassiner tous les généraux qui sont en exil et qui peuvent prendre la tête de cette rébellion qu’il ne voit que dans son rêve et trouble son sommeil. Il fait des insomnies.

Dans un document audiovisuel, mis sur l’internet, Maitre Sylvain Senga révèle que le pouvoir de Brazzaville a déversé 150 flics en France. Avec la mission d’assassiner entre autres les généraux Ferdinand Mbaou et Philippe Bikinkinta. Il a promis d’en informer les autorités françaises.

Mais, la question que d’aucuns se posent est la suivante : dans ce projet d’assassinat des membres de la diaspora, la France n’est-elle pas complice ?

Car, comment les services français des renseignements qui sont bien imprégnés au Congo, ne peuvent-ils ne pas être au courant d’un tel projet et capables d’identifier les 150 flics qui sont venus faire du terrorisme sur le territoire français ?

La France mise devant ses responsabilités

Pour conclure, nous rappelons aux autorités françaises que nos grands-pères avaient versé leur sang dans ce pays pour sauver les Français pendant les Deux Guerres mondiales. Mais, la France a toujours été ingrate vis-à-vis des Africains.

Aujourd’hui, les Congolais, avec eux tous les Africains, ne veulent plus voir leurs compatriotes, de surcroit défenseurs de la démocratie qui ont trouvé refuge en France ou ailleurs, être sacrifiés sur l’autel de la françafrique.

Fuyant les troupes allemandes, pendant la Deuxième Guerre Mondiale, le général Charles de Gaulle n’avait-il pas trouve refuge a Brazzaville ?

Serge Armand Zanzala, Journaliste et écrivain

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