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Epître

Lettre ouverte à Monsieur Denis Sassou Nguesso, Président de la République du Congo Demande de résiliation immédiate du contrat signé entre le Congo et le Rwanda

Photo: Denis Sassou-Nguesso

Monsieur le Président,

Je me permets de vous adresser cette lettre ouverte en souvenir d’un moment privilégié que nous avons partagé en 1997, dans des circonstances tumultueuses où, selon vous, vous étiez traqué par votre successeur, le président Pascal Lissouba.

À cette époque, la rédaction du journal La Semaine Africaine avait organisé des publi-reportages que nous avons intitulés « Zoom sur Oyo », dans le but de donner la parole à vos proches collaborateurs et cadres du Parti Congolais du Travail (PCT) qui étaient en exil dans leur propre pays. Une situation qu’ils vivaient tous difficilement.

Après avoir interviewé les anciens ministres Gabriel Bokilo et Florent Ntsiba, l’ancien commandant de la milice, Michel Ngakala, et l’opérateur économique El Hadj Djibril Bopaka, vous m’avez alors honoré en me recevant, lors de ma deuxième mission, dans votre résidence d’Oyo, sous le manguier et au bord de l’Alima, qui sont deux grands symboles dans votre vie, pour un entretien à bâtons rompus, au lendemain de votre érection comme Mwene, Grand Chef Traditionnel mbochi. Pour moi, c’était un moment exceptionnel.

Dans ce contexte, j’avais demandé qu’il y ait un témoin présent. C’est ainsi que j’avais sollicité la présence de Guy Nyanga à nos côtés. Nous étions donc trois, loin de vos gardes du corps.

De cette rencontre, je voudrais aujourd’hui rappeler une chose essentielle : votre exhortation à faire preuve de courage et à aimer notre cher Congo et les Congolais.
En ce qui concerne le courage, je ne prétends pas en être pourvu, mais l’amour que je porte au Congo et à tous les Congolais est sincère et sans limite.
Cet amour m’amène parfois à prendre des initiatives telles que la rédaction de lettres ouvertes, ou même de pamphlets à l’égard de vos ministres, et peut-être même à votre égard.
Mais je n’écris pas que des lettres ouvertes et des pamphlets ; j’écris aussi des ouvrages scolaires qui peuvent contribuer au développement de notre système éducatif.
L’année dernière, j’en avais écrit et proposé 38 au Conseil National de l’Éducation.
Sur ces 38 propositions, 37 ont été retenues et intégrées dans le curriculum scolaire pour l’année 2023-2024.

Pour ce qui est de la jeunesse, j’ai réussi à obtenir des inscriptions d’étudiants congolais dans un collège pour des cours d’anglais, ainsi que dans une académie de football pour une formation dans le football professionnel.

Malheureusement, dans les deux cas, vos ministres de l’Enseignement Primaire, Secondaire, chargé de l’Alphabétisation, et de la Jeunesse et des Sports, n’ont pas été coopératifs.
Mais cela ne m’a pas découragé. Je continuerai à travailler et à faire des propositions pour mon pays.
Dans le cadre de cette lettre, je ne cherche pas à faire preuve de courage, mais simplement à réaffirmer mon amour indéfectible pour le Congo et pour tous ses habitants, sans exception.
Qu’ils soient originaires du nord, du sud, de l’est ou de l’ouest.

C’est dans cet esprit que je me permets de vous adresser cette demande, Monsieur le Président. Je vous prie de bien vouloir envisager la résiliation pure et simple du contrat que le Congo a signé avec le Rwanda.

Cette alliance, au lieu de renforcer les relations entre les deux pays et les deux peuples, ne fait que raviver les tensions au sein de la population congolaise et dans le pays tout entier, voire au-delà, où notre pays est soupçonné d’être une base arrière pour le Rwanda qui cherche à déstabiliser les pays de la sous-région.
Et, s’il s’agit simplement de venir pratiquer l’agriculture, permettez-moi, Monsieur le Président, de souligner que notre pays regorge d’un personnel extrêmement compétent dans ce domaine.
Je vous rappelle notamment que c’est le ministre Paul Kaya qui avait proposé à la Côte d’Ivoire des stratégies de développement de son agriculture, démontrant ainsi notre expertise en la matière.
Je suis convaincu que le sang et les larmes des Congolais ont déjà trop coulé, et les misères laissées par les destructions des récents conflits politiques connus dans notre pays n’ont pas encore trouvé leur fin.
Il est grand temps de mettre un terme à ces souffrances.
Et, de chercher des voies pour ne pas en ajouter d’autres qui risqueraient de détruire davantage notre nation déjà en lambeaux et d’emporter les quelques fibres de l’unité qui la retiennent.
Monsieur le Président, je vous implore de prendre en considération cette demande, dans l’intérêt supérieur de notre nation et de sa population.
En agissant avec sagesse et en faisant preuve de leadership, vous contribuerez à ramener la paix et la stabilité dans notre cher Congo.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma haute considération.

Serge Armand Zanzala,
Journaliste et écrivain

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