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Construisons

- L’Editorial de Benda Bika -

Nous avons donc montré, en tous temps, notre pleine capacité à réduire à néant ce que nous avons bâti, acquis, projeté à coups d’efforts. Mais, sommes-nous capables de faire autant preuve d’ingéniosité s’agissant de construire ? Ma dernière réflexion portait sur la destruction. La construction est forcément son versant incontournable.

Construire une nation suppose beaucoup.

Mais d’abord cela suppose que l’on s’interroge : vaut-il seulement la peine de nous construire en nation ? La question n’a jamais été posée aux Congolais, ni maintenant ni jadis. Mais il me semble que par divers instants et actions nous avons donné la claire indication d’une volonté de vivre ensembles, sur cet espace nommé Congo. Ne serait-ce que parce que, même dans les moments de folie, aucune « rébellion » vraiment telle ne s’est développée au Congo, et qui ait réclamé la sécession d’une portion du pays.

Tout, donc, semble indiquer que les poussées de fièvres que nous connaissons de temps en temps, avec leur cohorte de morts - hélas - sont avant tout des manières de réclamer un mieux-être en République. Pourquoi ne pas le dire républicainement alors ?

Construire passe aussi par la scrutation de l’être de violences que nous sommes devenus par strates. Une fois par décennies nous nous sommes précipités vers les kalachnikovs, les uns contre les autres. Violences verbales, politiques ; haines ethniques ; massacres, volonté d’anéantir l’autre : nous portons cela en nous. Et cela s’exprime de temps en temps : en couples, en familles, entre collègues, entre amis et adversaires politiques. Il faut donc pour construire, déconstruire le Congolais ancien. D’abord.

Ensuite, il nous faut reprendre tout le processus qui conduit à la désignation de nos dirigeants. Tant qu’ils n’édictent les règles « démocratiques » que dès qu’ils sont au pouvoir, cela ne marchera pas. Ils ne résisteront pas à l’envie de tricher. C’est pourquoi nous voyons des constitutions qui se font et se défont à chaque nouveau locataire au Palais du Plateau. Celui-ci les veut courtes ; tel autre longues ; un autre les voudra contre ceux qui sont à l’étranger etc… Eternel recommencement.

Enfin, construire suppose une conviction ultime, fondamentale. Je n’ai pas choisi de naître Téké, Lari, Mbochi ou Vili. Je n’ai pas davantage choisi d’être leur voisin ; ni de les avoir comme compatriotes. La réalité m’impose de comprendre que c’est avec eux que je bâtirai ce que j’envisage. La réalité m’impose de comprendre aussi que, qui que ce soit, le dirigeant congolais d’aujourd’hui ou celui de demain, se recrutera forcément parmi eux ou parmi les autres 36 ethnies que je n’ai pas citées par manque d’espace.

Cette conviction sera une révolution, à elle seule. Car elle fera comprendre que s’opposer à Yhombi, Lissouba, Sassou, Thystère ou Kolélas sur la base de leurs seules origines ethniques est d’une stupidité crasse. Puisque jamais, quelle que soit la puissante alchimie que nous utiliserions, nous n’aurons de Président sans ethnie. Qui ne comprend pas cela, change de nation. Et laisse les Congolais en paix.

Benda Bika

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