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D’union

Ainsi donc Ntumi remet ça. Le lancement de l’opération DDR à Loukouo, a donné lieu à ce qui sera un folklore sans lendemains heureux. Ntumi a au moins le mérite d’avoir été clair, pour une fois : un gouvernement « de large union » et son statut personnel garanti, sinon il « bloque ». On ne peut dire plus simplement que c’est le jeu de la surenchère et du « fais plus, j’en ferai moins » qui va se poursuivre.

L’autre mérite de la déclaration de Ntumi, lui qui insiste sur un dialogue et une médiation réels, c’est que ce faisant il se transforme : de chef des soudards, il devient sherpa. Et donne une honorabilité à ce qui n’était jusqu’ici qu’une opération de banditisme ayant pris en otage les populations pour lesquelles il était censé se battre, lui le « résistant ». Ntumi devient le porte-valise d’une opposition en exil, hésitant entre le ralliement franc à Sassou-Nguesso ou les tentatives d’infiltration au pays, « à la Biyaoula », c’est-à-dire déguisé pour franchir les frontières de chez soi. Il se trouve une cause.

S’il y avait des mérites, ils sont là. Et ils ne sont que là.

Parce, que dans ce qui apparaît désormais comme une opération de poker-menteur, aussi bien le gouvernement de Brazzaville que Ntumi, semblent poursuivre une fuite en avant qui les mènera dans le nul part. C’est-à-dire vers la reprise des hostilités guerrières sous le premier prétexte venu. Nous sommes en face d’un jeu de rôles dont les règles sont pipées d’avance. Personne ne dit la vérité ni à Brazzaville, ni à Loukouo. Et personne ne semble militer pour l’apaisement réel, qui passe par la levée de tous les points de « blocage » justement.

Un gouvernement de large union, dit Ntumi. Sur quelles bases ? Celles du partage des revenus pétroliers, sans doute. Pour que, enfin rassasiés, les manieurs de sabre s’adonnent à la seule paix qu’ils connaissent, celle de les laisser tranquilles à leur festin. Une question : comment peut-on combattre un gouvernement dont on veut partager le bilan et s’en tirer à bons comptes avec l’Histoire ?

Quelle union serait plus forte aujourd’hui, qui passe par la piétinement des vies innocentes tombées sur ces chemins de forêts, dans le Pool ou dans les pays du Niari ? Quelle cause vaudra celle de vivre ? Une villa, un statut personnel, l’enrôlement dans le métier des armes non pas de 250 Ninjas mais de 50.000 (les forces armées congolaises comptent en tout 10.000 hommes, selon les sources) : exigences de Ntumi. C’est à dire cause nationale, pour laquelle nos populations sont mortes et une partie de la République devenue un no man’s land où même les ecclésiastiques se font tuer, ravir leurs moyens ou terroriser.

Pour le gouvernement de Brazzaville, il est évident que les surenchères répétées du « rebelle » sont pain béni. Elles permettent de laisser pourrir la situation, en indiquant le seul responsable possible : Ntumi. Les accords de paix entre les deux parties ont été réactivées en mars de l’an dernier : que s’est-il fait depuis lors ? Rien. Ou plutôt si : une villa a été "dégagée" à Brazzaville pour l’accueil de Zapata.

Le manque de volonté politique ici est manifeste. Ntumi sert le jeu de Sassou.

Benda Bika

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