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Démocrates ?

Quel bilan se dresserait au Congo si l’on devait, 12 ans après l’instauration de la démocratie pluri-partite, en faire l’inventaire ? Quelle est notre manière d’être Congolais en démocratie aujourd’hui, qui tranche avec ce que nous connaissions avant 1992 ? Pour poser la question plus directement : sommes-nous douze ans après, installés en démocratie au Congo ?

Naturellement, la réponse est non !

Les indicateurs les plus courants imposent de constater que peu de progrès ont été faits que nous puissions attribuer à notre nouvelle manière d’être. Nous nous sommes découverts des pesanteurs nouvelles et nous avons peu avancé là où nous croyions qu’il suffisait de dire sa différence d’opinion pour parvenir au mieux.

Certes nous avons fondé des partis politiques. Certes, pour ceux qui l’ont pu, nous avons été conviés aux votes et autorisés à choisir des dirigeants. Certes des institutions ont été mises en place, suivant les schémas que nous voyons fonctionner ailleurs : nous avons un Parlement bicaméral ; nous avons toute la lignée des Conseils (économique et social, constitutionnel, de la communication…), nous avons même un médiateur de la République !

La panoplie à décliner devant la « communauté internationale » est bien présente. Et il ne manquera pas de zélés pour tenter de convaincre que nos institutions sont soumises à mandat et à un programme qu’elles rempliront et dont elles rendront compte, à la loyale, avec la promesse (cela va sans dire) qu’elles s’effaceront quand le vote du peuple en décidera ainsi.

Certes aussi nous pouvons nous exprimer. Pour moitié moins que ce que je viens d’écrire, il y en a qui, il y une quinzaine d’années à peine, pouvaient risquer gros. Et nous avons des journaux et des journalistes au pays, qui s’expriment sur tous les tons de la passion, pour soutenir ou fustiger le gouvernement.

D’où vient alors que le sentiment majoritaire qui prévaut est que tout cela c’est de la poudre aux yeux , du chiqué ? On le voit chaque jour : nous nous échinons (nos dirigeants) à faire fonctionner le Congo comme si la démocratie n’était qu’un changement de ton. Corruption, vols et gabegies se poursuivent. Les menaces contre les journalistes (y compris par les artifices de la justice) sont légion ; et il est même demandé à l’opposition de dire qui va parler avant de lui concéder de tenir meeting.

Le parti régnant ne le dit pas, mais nous avons du mal à voir qui d’autre, en dehors du PCT, commande et dirige au Congo. Du gouvernement au Parlement ; de l’Armée à la Justice jusqu’aux collectivités locales, nous vivons un Etat PCT. Plus ça change et plus c’est la même chose : c’est cela notre démocratie.

Benda Bika

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