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Ecair victime collatérale

ECAIR, VICTIME COLLATERALE -

Rien de nouveau sous le soleil du Congo-Brazzaville. Le pays des épigones du « chemin d’avenir » a la réputation de ne pas honorer ses engagements financiers.

En dépit de l’embellie financière dont le Congo-B a bénéficié pendant une décennie à la faveur de la hausse du prix des matières premières et de la bonne conjoncture économique internationale, faisant passer son budget de 1300 milliards de francs CFA en 2007 à 4000 milliards en 2014ramené à 3800 milliards à la suite du collectif budgétaire, le Congo-brazzaville reste lesté de son costume de mauvais payeur, comme la tunique de Nessus. Et, il ne l’a pas volé. Bien au contraire, il le mérite bien. Il est demeuré un mauvais créanciers tant pour les opérateurs économiques nationaux que pour les retraités. Le recouvrement d’une créance auprès des autorités du Congo-Brazzaville tient du parcours du combattant tant l’administration Sassou multiplie des embûches et des chasse-trappes pour échapper à d’éventuelles saisies conservatoires. Et, ceci malgré les décisions de justice du Congo-Brazzaville et de la France enjoignant le gouvernement au payement de la créance.

Les créanciers du Congo-Brazzaville, François Odzali et Serge Berrebi, en ont bavé.
Ils n’ont pas réussi, bon gré mal gré, et après moult rebondissements, à recouvrer leur pécule en tentant de puiser directement dans le bas de laine du Congo-Brazzaville. Les deux hommes d’affaires ne sont pas au bout de leurs peines. Le jeu de cache-cache bancaire se poursuit. Les coffres-forts de la SNPC, la société pétrolière du Congo-Brazzaville domiciliés dans les paradis fiscaux demeurent cadenassés et donc inaccessibles, le secret bancaire faisant foi. Certains secrets, trop lourds peut-être, font de la résistance et refusent de plier.

Comme un scélérat, le Congo-Brazzaville rechigne d’exécuter des décisions judiciaires en faveur de François Odzali et Serge Berrebi dans le différend financier qui les oppose à ce dernier pays d’Afrique Centrale.

« Le négoce du pétrole baigne dans l’opacité la plus totale. Il est quasiment impossible de tracer la circulation des fonds » déplore Serge Berrebi. « J’ai découvert que l’une des sociétés qui vend l’or noir congolais est immatriculée dans le paradis fiscal des îles Vierges. Officiellement, elle dispose d’un bureau exécutif à Beyrouth au Liban, mais son véritable patron opère depuis Monaco, où le secret bancaire est total  » ajoute-t-il, amer (Sud-ouest, 17 Mars 2009).

Taper où ça fait mal

Inaccessible pour Serge Berrebi, la galette pétrolière l’est tout autant pour François Odzali et pour l’immense majorité de la population de ce petit pays d’Afrique Centrale de 4 millions d’habitants.

70 % des Congolais survivent en dessous du seuil de pauvreté avec moins d’un euro par jour. Coriace et tenace, à l’instar de Serge Berrebi, François Odzali n’est pas homme à se laisser abattre. Il a agi. Comme Serge Berrebi, François Odzali a décidé de taper là où ça fait mal. Si pour Serge Berrebi, c’étaient les comptes bancaires du Congo-Brazzaville domiciliés à la BNP qui étaient visés, François Odzali s’est attaqué quant à lui à un symbole de la réussite du « chemin d’avenir  ». Le Boeing 757 de la compagnie aérienne congolaise Ecair a fait l’objet d’une saisie conservatoire effectuée en l’occurrence par un huissier de justice de la place
de Paris.

Vol au dessus d’un nid de coucou

La saisie aurait été opérée à la demande de François Odzali, dans le cadre d’un litige l’opposant à l’Etat congolais. Ce dernier chercherait à obtenir l’exécution d’une décision de justice concernant la destruction de son complexe industriel (Brasseries africaines de Brazzaville) lors de la guerre contre les civils au Congo-Brazzaville en 1997.

On ne peut pas reprocher à Odzali d’avoir volé les coucous de Sassou ou de Jean-Jacques Bouya..

La justice congolaise, puis la Cour de Cassation en France ont rendu une décision favorable à l’homme d’affaires mais le Congo ne lui aurait jamais réglé les dommages intérêts (70 millions d’euros) auxquels il a été condamné (La Lettre du Continent, 14 avril 2015). Entretemps, dans sa folie, le Congo-Brazzaville s’est mue en pays créancier, prêtant à tout-va des milliards de frans CFA : 100 milliards à la Côte d’Ivoire, 50 milliards à la Guinée Conakry, 50 milliards à la BDEAC, 25 milliards à la RCA. Qui paye ses dettes, s’enrichit. L’administration Sassou ne l’entend pas de cette oreille. François Odzali et Serge Berrebi, unis pour un même combat, devraient oeuvrer pour le leur faire comprendre par des actions spectaculaires telles que celle bloquant les comptes bancaires du Congo-Brazzaville en France et celle visant à clouer au sol, les aéronefs de la société aérienne Ecair, fiérté du « chemin d’avenir ».

Benjamin BILOMBOT BITADYS

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