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Espérance de moisson pour la « nouvelle espérance » au Congo Brazzaville

A croire certains « experts », les jeux sont faits : nous voici partis pour sept nouvelles années SASSOU. Les malles destinées aux différents bureaux de vote sont prêtes. Des soldats sont placés dans les lieux stratégiques de la capitale. Le candidat perturbateur a été écarté. Il ne reste plus qu’à regarder le soleil cumuler ses courses Brazzaville-Pointe-Noire autant de fois qu’il sera nécessaire pour voir pointer le jour J. Pas celui de l’élection, mais celui de la proclamation d’un résultat que l’on a déjà pris le soin de ranger dans un tiroir fermé à clé.

Pour la population qui vit dans les quartiers nauséabonds, sans eau ni lumière, le constat n’est pas celui des experts. Vingt cinq années de misère ne méritent pas une douloureuse prolongation, et les maisons autrefois belles qui s’écroulent sous le coup de l’humidité et des immondices, tôles rouillées et charpentes effondrées, respirent la colère des petits déjeuners et repas de midi supprimés, des dîners remplacés par un bout de pain trempé dans de l’eau sucrée, quand on a pu trouver du sucre venant de Kinshasa.

Dans la population des bas quartiers, on se communique les lieux de distribution des mythiques deux mille francs CFA et des T-shirts estampillés « Denis SASSOU NGUESSO » : c’est toujours ça de gagné quand on ne peut plus s’acheter ni à manger, ni des vêtements décents.

Cette misère des basfonds est ancrée dans les hommes, au fond du cœur des femmes, et se lit dans les pleurs des enfants. Le lien civique a été brisé, le tissus social désagrégé. Et la colère monte.

Quelle élection le 12 juillet ?

C’est dans cette atmosphère de bouilloire que la décision d’organiser une élection présidentielle a été prise. Le pouvoir de Brazzaville qui était en campagne depuis deux années au bas mot, à en juger par les panneaux des villes capitales vantant les mérites d’un homme qui n’a pourtant rien fait, a mis en place la mécanique qui lui permettra d’effectuer un passage en force. Pendant cette période, les proclamations des courtisans et des média d’état ont participé à la campagne : le Congo d’aujourd’hui a su faire pire que le Congo du monopartisme.

Et toutes les précautions ont été prises pour écarter les candidats dont le pouvoir avait peur.

Que va-t-il se passer ?

Je ne reviendrai pas sur la position incohérente et incomprise de Bernard KOLELAS, ni sur l’invalidation arbitraire de la candidature d’Ange-Edouard POUNGUI dans les conditions ahurissantes qui ont été largement commentées.

Je me contenterai de traduire ici la colère et les inquiétudes qui me parviennent des villages et des quartiers.

Les élections locales de 2008 ont permis aux Congolaises et aux Congolais de montrer le peu d’intérêt qu’ils avaient pour les mises en scène du pouvoir de Brazzaville : moins de 15% de participation, y compris dans ce qui était jusque là considéré comme le fief de SASSOU NGUESSO, l’avertissement était fort même si l’attitude dictatoriale de ce pouvoir décadent a balayé d’un revers de main les remarques qui venaient de toutes parts.

Le clash de Pointe-Noire a mis le doigt sur une chose qui est désormais claire parmi les populations : Denis SASSOU NGUESSO n’hésitera pas à sortir les armes pour mater une quelconque contestation.

Pourtant, l’attitude affichée à Brazzaville par la foule lors du meeting du 6 juin 2009 organisé par le pouvoir, a été une première réponse cinglante, une véritable gifle qui raisonne toujours dans les tympans de SASSOU : en menaçant les directeurs il a pu déplacer du monde, mais personne ne répondait à ses appels et slogans.

Les manœuvres militaires « opération araignée » du 20 juin, organisées à quelques coudées du meeting que tenait l’opposition ce même jour, n’ont intimidé personne. Bien au contraire, désobéissant aux ordres, les soldats ont sympathisé avec la foule de manifestants.

SASSOU sait désormais qu’il ne fait plus peur. Il s’est disloqué, l’épouvantail de la guerre qu’il brandit, car tout le monde sait qu’il est le seul à détenir des armes. Son chef d’état-major a même posé une démission parce qu’il circule dans le pays, parmi les partisans de SASSOU, des armes qui échappent à son contrôle.

Du côté des politiques, le général NGOUOLONDÉLÉ MONGO appelle les congolais à marcher dans la rue et à la désobéissance civile ; le Front Uni des Partis de l’Opposition Congolaise demande en vain une véritable concertation et un report de l’élection.

Le décor est planté.

Le silence apparent des rues de Brazzaville, Pointe-Noire, Dolisie, Nkayi, Impfondo, Owando, Ouesso et de toutes les localités du pays, est un leurre qui cache mal le grondement de la colère qui va déferler dans ce pays : muselé dans toutes ses tentatives pacifiques et démocratiques pour obtenir un avenir meilleur, privé d’armes, le Peuple Congolais va enfin donner la réplique au dictateur qui l’oppresse.

Les jours qui vont suivre seront ceux de l’expression du Peuple.
On peut prévoir la désertion des bureaux de vote.
On peut prévoir le retrait de l’ensemble des candidats.
On peut prévoir des marches tous azimuts.

SASSOU ayant déjà tué le Peuple Congolais, de quoi peut-il encore avoir peur ? Sa moisson sera à la mesure de ce qu’il a semé : la désolation.

Didier Mahouèle ma Makita.
08 Juillet 2009.

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