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Etalage de billets de banque à Talangaï - Brazzaville

A Talangaï, Claudia Sassou Lemboumba bourre les poches des électeurs de billets de banque pour s’attirer leur vote. Shocking.

Certes, depuis l’ouverture de la campagne, l’exhibition obsessionnelle financière est visible, partout, sur le territoire congolais. Mais, à en croire le commun des mortels, ce qui se passe à Talangaï dépasse l’entendement.

En effet, en cette semaine préélectorale du 2 juillet, la frénésie ostentatrice monétaire ne connaît plus de limites. Talanga (6è arrondissement qui jouxte le quartier sinistré de Mpila) est le cadre délirant de cette dérive financière qui défraie la chronique à Brazzaville. Talangaï, quartier mitoyen aux ruines de Mpila, précisément ses marchés, le quartier « Petit Chose  », et « Agostino Néto » est devenu le micro-laboratoire de la déchéance morale comme le clan Nguesso en a le secret.

Achat des consciences

A en croire un fin analyste de la vie politique congolaise, l’étalage compulsif de l’argent a carrément dépassé la barrière du raisonnable si tant est qu’on puisse parler de raison dès l’instant où on stimule les gens, moyennant finances, pour les avoir dans sa poche. Ca s’appelle achat des consciences, trafic d’influence, corruption : autant de délits sévèrement punis par la loi quand la démocratie fonctionne.

Comme des petits pains

Dans cette circonscription où Claudia Sassou Lemboumba est candidate à la députation, son équipe de campagne s’est donné toutes les chances de faire taire à jamais le doute qui pourrait subsister dans l’esprit de l’électeur lambda : Lemboumba a tout simplement distribué à la volée des liasses de cfa via ses hommes de main. On a distribué à tour de bras, comme des petits pains. Se rendant au marché avec 3.000 fca dans sa tirelire, le chaland s’est soudain retrouvé avec 30.000 fcfa.

Noria de voitures 4X 4 de luxe

Le peuple de Talangaï a d’abord été interloqué par la présence d’une noria de véhicules (24 VX de type 4X4 et Jeep Hummers) étalée le long de la route bordant le marché de Talas. Ces automobiles sont pilotées par les sbires de Claudia Sassou, fille du Président de la République bananière et pétrolière du Congo. Ironie du sort : la rareté de routes goudronnées à Brazzaville provoque des embouiteillages monstre dans la ville, cependant la circulation difficile de véhicules à 4 roues motrices n’empêche pas la circulation facile de l’argent de la corruption.

Témoin de cet étalage, le peuple, fût-il des quartiers nord, le peuple, en cette période électorale, a dû cruellement comprendre l’expression "différence des classes" chère aux marxistes !

Mon Dieu, tout ce fric !

« Où cette dame a-t-elle trouvé tout ce fric ?  » s’est candidement demandé le citoyen béta de Talas, subjugué par cette surréaliste présence automobile affligée de pancartes à l’effigie de la candidate Claudia. Au prix où coûte une jeep Hummer, il y a de quoi s’offusquer. Chacun, bien entendu, possède la réponse à la question liée à l’enrichissement extraordinaire des membres du clan Sassou. Nul besoin de sortir d’Oxford pour deviner qu’on nage ici en pleine cleptomanie ; qu’on patauge à fond dans le détournement de biens, qu’on se vautre allègrement dans la corruption des mœurs, qu’ici, s’il vous plaît, se défoule l’expression des us et coutumes mbochi. Tout cela justifie l’accumulation illicite de l’argent public entre les mains d’une poignée d’individus.

Liesse face aux liasses

Denis Ngokana, autre candidat mbochi à la députation, a distribué de l’argent à Boundji où il compte se présenter et être élu dès le premier tour, comme Me Emmanuel Yoka à Vindza. Dans la Cuvette, la masse était en liesse devant les liasses. Le monsieur pétrole de Sassou, Denis Ngokana, est devenu (soit dit en passant ) membre du bureau politique du Pct. Toutes ces coupures de banque que le camarade Denis Ngokana a fait pleuvoir sur ces ruraux totaux, celà a de quoi réconforter un secteur frappé par une sécheresse économique en dépit du fait qu’Oyo, capitale locale, village natal de Sassou, dévore tout le PIB du pays.

Talangaï peu de jours avant les explosions de Mpila (cliquez sur la photo pour l’agrandir)

Luttes intestines

Seul bémol à cette fiesta compulsive numéraire à Talas : la concurrence de Serge Blanchard Oba, également membre influent du PCT. Oba vise, lui aussi, Talangaï. La chronique d’une victoire annoncée de Claudia Sassou lemboumba souffre d’une inquiétante distorsion. Pire, le coup vient de son propre camp ! Le ténia est dans la pomme. Du jamais vu.

Cette campagne, figurez-vous, est un déluge financier. Mais malgré le dirigisme de Mpila, il y a de l’orage dans l’air. L’achat massif des voix se fait sur fond de foudroyantes querelles intestines au PCT. Ca fait désordre, tout ça ! N’est-ce pas ? Il y a du fric, mais ils se battent entre eux pour l’étaler.

Comme il y a deux prétendants pour un seul fauteuil, la tempête n’a pas manqué de se lever entre Serge Blanchard Oba et les caciques de son parti qui lui ont demandé de rejoindre tranquillement le port d’attache, en un mot il s’agit d’une grossière manière de le chasser de la mangeoire et de l’abreuvoir. Ce qui, on peut comprendre Oba, ne semble pas à son goût. L’ire de Blanchard Oba ne fait qu’ajouter à l’insoutenable lourdeur d’un système budgétivore qui n’a de comptes à rendre à personne au sujet des comptes de la République..

Pot de terre contre pot de fer

Seulement, voilà : l’explosion de colère de Serge Richard Oba est teintée, sincèrement, de beaucoup de naïveté, d’insolence et, finalement, d’imprudence. Comment peut-il croire, lui qui a été viré sans coup férir de l’ONPT pour boulimie financière aux dépens de Mpila, comment lui, pot de terre, peut-il penser, un seul instant, briser le pot de fer, c’est-à-dire faire le poids face à l’énorme Claudia Sassou Lemboumba. Non seulement sa rivale pèse lourd politiquement, mais elle est également poids lourd financier. Puis, last but not the least, elle est, tout de même, la fille du Khalife local. Ce cher Oba, n’est-il pas, au courant du proverbe kinois « mwana mokondi a zanga ka ndako té  » ? Une variante du même proverbe : "mwana mokondi a kotaka boloko té" ou encore "mwana mokondi azali mokondi ya bana" etc.

On roule en mbeba et en 4X4

Grâce à cette dérive politique préélectorale, désormais Talangai ressemble à Oyo du point de vue du nombre de véhicules 4X4 au km2. A noter que Brazzaville, comme chacun sait, bat la ville de Paris par son parc automobile en termes de 4X4. On a ici une autre idée du proverbe mbochi : "Rouler en mbeba". Qui dit mieux ? Ce record gène d’autant moins le pouvoir de Mpila que la Mission FMI venue inspecter l’élève Sassou n’y a vu que du feu. Le Congo a alors reçu une bonne note de l’Institution Monétaire Mondiale dont la mission est de sanctionner les abus financiers, le gaspillage, la mauvaise gestion de la chose publique. Cherchez l’erreur.

Faire-valoir

Quand on pense que les résultats de ces élections sont connus d’avance, la classe politique congolaise (c’est le moins qu’on puisse dire) est alors bourrée de comédiens et de comiques.

Qui dit que le sieur Blanchard Oba ne sert pas de faire-valoir à l’héritière Claudia pour donner plus d’éclat à sa victoire et créer encore plus l’illusion démocratique au Congo ?

On vous le donne en mille.

Talangaï, vue imprenable sur le fleuve
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