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L’électricité à partir du gaz brûlé, un modèle de projet MDP

Le projet « électricité à partir du gaz » est un projet éligible au Mécanisme de Développement Propre (MDP). [1]
Parmi les six idées de projets préliminaires MDP lors du premier atelier de l’IEPF en 2001, figurait la récupération des gaz torchés.

Denis Sassou Nguesso a posé le 20 mai 2008 la première pierre de la nouvelle centrale à gaz de Cote Matève, dite "Centrale Electrique du Congo", dont la production est essentiellement destinée à permettre aux industries extractives et de transformation en cours d’installation au Kouilou de disposer de l’énergie qui leur est indispensable. Les populations espèrent surtout que ce dispositif leur permettra enfin d’échapper aux délestages continuels qui les accablent et à la mauvaise qualité du courant qui leur est fourni.

La production, le transport et la distribution du courant électrique au Congo en général et à Pointe Noire en particulier connaissent depuis plus de dix ans de nombreuses difficultés. Le déséquilibre entre l’offre et la demande est alarmant. Les équipements de la SNE [2] sont obsolescents. Les défaillances techniques sont énormes et récurrentes. La couverture nationale est largement en deçà des besoins.
Aujourd’hui, les besoins d’énergie sont estimés à 80 MW pour Brazzaville et 70 MW pour Pointe-Noire. Ces estimations sont très sous-évaluées, Pointe Noire aurait besoin de 132 MW. Les prévisions de la demande pour les deux principales villes du pays d’ici 2015 est de 508,2 MW.

Afin de sécuriser l’approvisionnement du Congo en énergie électrique [3], l’Etat a pris des mesures structurelles et techniques :
 Libéralisation du secteur [4],
 Réhabilitation des structures existantes,
 Mise en chantier du barrage d’Imboulou
 Mise en œuvre de divers projets en partenariat avec des opérateurs privés.
Parmi ces derniers, le Groupe Eni [5] a construit la centrale à gaz de Djeno.

La production congolaise de gaz associé au pétrole est très importante et généralement mal employée. Une partie très importante est brûlée à perte sur les lieux d’extraction. En 2001, la production annuelle congolaise de gaz associé à la production pétrolière a été estimée à près de 6,9 milliards de mètre cubes. D’après le rapport sur la valorisation du gaz congolais paru en 2003, son utilisation a été répartie de la façon suivante :

Réinjection dans les gisements 4,2 Mds m³
Auto consommation 0,6 Mds m³
Torchage 1,9 Mds m³

Le brûlage des gaz à la sortie des torchères des puits de pétrole contribue autant que le transport aérien au réchauffement climatique. Selon la banque mondiale, chaque année plus de 150 milliards de mètres cube de gaz sont brûlés aux torchères et rejetés dans l’atmosphère avec de nombreux impacts négatifs sur les écosystèmes et les vies humaines.

Sur le plan écologique, l’inventaire des sources anthropiques et des puits d’absorption des gaz à effet de serre réalisé au Congo en 1994 révèle dans le domaine des émissions de dioxyde de carbone CO2 (74,5%), de méthane (CH4 ; 21,84%), de l’hémioxyde d’azote, N2O (3,66%), des oxydes d’azote (NOx), et de composés organiques volatils non méthaniques.
L’utilisation des gaz actuellement brûlés pour la production d’électricité contribuerait à la réduction de la pollution atmosphérique, à la diminution du réchauffement de l’atmosphère et à la modération des changements climatiques. Outre ces aspects purement environnementaux, elle représente bien évidemment la valorisation d’une ressource non renouvelable jusqu’alors gaspillée.

Le Congo n’est pas riche que de pétrole. On y trouve aussi diverses ressources minières actuellement inexploitées aluminium, magnésium, potasse dont l’exploitation et la transformation sont particulièrement voraces en énergie.

Afin de satisfaire aux exigences de ces exploitations, et, nous l’espérons, à en finir avec les sempiternels délestages de l’alimentation domestique de la ville, il a été décidé la construction, à Cote-Matève, entre Pointe-Noire et Djeno, d’une nouvelle centrale thermoélectrique à gaz de 300 à 450 MW. La SNPE [6] en est le maître d’ouvrage et Eni Congo le maître d’ouvrage délégué. ENI Congo en est aussi le fournisseur en gaz puisqu’il proviendra du site d’exploitation de Boundi que la société italo-congolaise à racheté au franco-congolais Zetah M&P Congo voici environ un an. L’acheminent du gaz se fera par un gazoduc d’une soixantaine de kilomètres.

Trois des quatre torchères de Boundi (Cliché FW)

Ce projet permettra de valoriser le potentiel gazier à côté de celui du pétrole. Il contribuera de manière significative à la réduction des dégâts potentiels et réels sur l’environnement comme la détérioration de la couche d’ozone et les multiples impacts de l’émission de gaz à effet de serre. Sans éliminer totalement la pollution émanant de ce gisement, il permettra par l’utilisation de filtres, d’en réduire significativement l’importance.

La réalisation de ce projet est d’une importance capitale pour le Congo. En sécurisant par la fiabilité technique et l’augmentation de la puissance disponible la couverture régionale en énergie électrique, la nouvelle centrale devrait avoir un effet incitatif, d’abord, sur l’expansion industrielle des départements de Pointe Noire et du Kouilou et par voie de conséquence sur l’emploi et la lutte contre la pauvreté. Puis, à terme, par la multiplication des unités de production d’électricité par ces mêmes méthodes, les torchages devant totalement cesser dans l’ensemble du pays si l’on s’en tient au décret N°2007-294 du 31 mai 2007 fixant les règles relatives à l’utilisation et à la valorisation du gaz.

La Centrale Electrique du Congo va donc résoudre le problème de gaz posé par le plus important gisement on shore actuellement exploité au Congo. Le 22 Mai, il sera inauguré un autre gisement record, off shore : Moho Bilondo, dont les gaz vont être eux aussi torchés ajoutant à la pollution provenant des autres gisements en mer et dont Nkossa n’est pas le moindre.
La société Pilatus effectue en ce moment une recherche pétrolière prometteuse dans le district de Loukoléla (nord du département de la Cuvette). Elle va elle aussi ajouter aux rejets atmosphériques si on met les découvertes en exploitation.
Ces pollutions, additionnées à la réduction exponentielle de la couverture forestière n’est guère faite pour nous rassurer sur l’amélioration des conditions environnementales si généreusement promises.
Ne serait-il pas sage d’attendre l’épuisement des gisements en exploitation avant d’en ouvrir de nouveaux ?

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