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LA CAUSE

L’Editorial de Benda Bika -

Ainsi donc, c’est la guerre ! Les Ninjas menacent d’attaquer Brazzaville parce que Sassou Nguesso a rejeté leur demande de dialogue. Les déclarations de ce week-end ne laissent place à aucun doute : les Ninjas ne veulent pas être qualifiés de bandits, de terroristes, d’intégristes. Ils se veulent les combattants d’une cause. Ils veulent restaurer la démocratie au Congo, voir s’ouvrir une Conférence de réconciliation qui associe tous les leaders du pays.

Elle est belle, cette cause ! Présentée ainsi, qui ne verrait pas dans la recherche effrénée du « dialogue » vrai comme un début de sagesse politique ! S’effacerait alors l’image d’une horde de va-nus pieds sans foi, ni loi écumant leur région. A la place, on aurait désormais des « combattants » ; des porteurs d’un projet politique - à peine ébauché - ; les restaurateurs d’une démocratie aujourd’hui galvaudée. Les Ninjas deviendraient des « résistants ».

Je ne sais pas vous, mais moi j’ai quelque doute à voir dans cette mutation soudaine la solution à nos maux.

Oui, c’est vrai, le Dialogue national sans exclusive d’il y a un peu plus d’un an, était peut-être national, mais il n’était absolument pas sans exclusive. Yhombi, Lissouba, Kolélas y avaient leur place ; l’invitation leur a été refusée sous les motifs les plus divers. Kolélas est même venu jusqu’à cinq minutes de Brazzaville ; bloqué à Kinshasa, il a du faire demi-tour. Pourtant ils avaient des choses à (nous) dire !

De les en avoir empêchés les range résolument dans le camp des victimes, et de fait ils le sont devenus. Cela, ainsi que le caractère très directif des débats de ce dialogue-là, ne permet pas de dire que nous ayons tenu vraiment un dialogue national libre.

La question pourtant demeure : à quoi nous servent nos dialogues ? Quelles plaies viennent-ils panser que nous ne réussissions à guérir par d’autres moyens ? Quel bien apportent-ils à la Nation ? Quelle avancée font-ils faire à notre cause - nationale - pour notre mieux-être en tant que peuples divers fondés dans une seule Nation ?

Il serait irresponsable de rejeter celui qui veut dialoguer. Il serait peu démocratique de faire taire qui dit avoir soif de démocratie. Mais quelle démocratie Ntumi veut-il instaurer au Congo qui devait passer par la mise à sac de sa propre région ; la destruction de ses propres infrastructures ; le vol et le viol de ses propres parents , l’assassinat de missionnaires ?

La question que soulève sa prétention est grave, et elle doit nous amener à réfléchir : suffirait-il d’avoir un fusil pour enfin rechercher la « vraie » démocratie ? Et s’imposer interlocuteur incontournable ? Le pouvoir central qui céderait à une telle injonction, ferait-il preuve de sagesse ou de faiblesse ? Et après Ntumi, qui demain ?

Moi, je n’ai pas de réponses à ces questions. Mais elles sont des préalables à ce que décideront l’un et l’autre. Ntumi demande, Sassou répond. Ce sont deux faces d’une même pièce ; l’une justifiant l’autre. Nous, entre eux deux, nous n’avons rien à dire : malmenés par l’un et l’autre, nous ne sommes que des pions sur un échiquier. La vraie démocratie ne viendra donc ni de l’un, ni de l’autre. Bien imprudent qui ne le comprendra pas à temps.

Benda Bika

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