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La dépouille de Pierre Savorgnan de Brazza risque d’être exhumée

Selon une dépêche de l’AFP reprise par LE MONDE du 6 février 2010, les héritiers de Pierre Savorgnan de Brazza assigneraient Le Congo en justice. La Cause ? Il est reproché aux dirigeants congolais de « ne pas avoir respecté des engagements pris lors de l’inhumation en 2006 à Brazzaville de l’explorateur français d’origine italienne. »

La procédure révélée par La LETTRE DU CONTINENT a été confirmée à l’AFP par un avocat. Le Congo aurait pris, pour le défendre dans cette affaire, l’avocat français Me Jean-Pierre Versini-Campinchi.

Ils sont bien naïfs, les descendants de Pierre Savorgnan de Brazza pour avoir cru que les dirigeants congolais (malgré leur promesse) allaient respecter leur parole, eux qui ont déjà réussi, par ailleurs à faire marcher des créanciers européens au point de se faire mettre à dos des Fonds Vautour.

Ils sont bien fourbes, une fois de plus, ces Congolais, pour ne pas avoir respecté leur propre parole alors qu’ils ont les moyens matériels de le faire. Là où le bât blesse dans cette fourberie c’est le fait que la clause exigée par les ayant-droits de De Brazza, à savoir : construire route, école et dispensaire, aurait dû être imposée par les Congolais eux-mêmes. Car après tout, à qui profiteraient ces infrastructures si ce n’est aux populations de la région de Mbé où fut signé le Traité éponyme ?

Pierre Savorgnan de Brazza né à Rome, mort à Dakar au début du siècle dernier, enterré puis exhumé dans un cimetière parisien, re-inhumé puis re-exhumé dans un cimetière algérien dans le carré franc-maçon pour être à nouveau exhumé puis inhumé à Brazzaville dans un caveau «  surmonté d’un imposant mémorial » se serait bien passé de tout ce micmac magico financier autour de sa dépouille.

Les héritiers du colon français originaire d’Udine (Italie) ont eu tort de ne pas suivre l’actualité congolaise au moment de leur engagement dans le transfert des ossements de leur illustre ancêtre. Des voix s’étaient élevées pour dénoncer, déjà à l’époque, la colossale duperie qui s’organisait autour du macabre transfert. La plupart des intellectuels, y compris l’historien Théophile Obenga, s’étaient farouchement opposés à la coûteuse opération (10 milliards de Fcfa). Seul l’historien Elikia Mbokolo (sa barbe était copieusement mouillée) ne trouva rien à redire sur le rapatriement des restes de De Brazza et son épouse à Brazzaville.

Aujourd’hui l’histoire a donné raison à ceux qui s’opposaient au projet et avaient mis en garde les descendants de l’explorateur italo-français quant au fait que le régime de Brazzaville avait coutume de ne jamais tenir parole. Tout le monde avait compris que l’étrange opération de transfert des cendres des De Brazza visait à redorer le blason d’un gouvernement congolais terni et par une mauvaise gestion financière (cf. procès pour biens mal acquis) et par l’affaire des Disparus du Beach. D’autres (méchantes) langues affirmaient que le fait de descendre les cendres de De Brazza d’Alger à Brazzaville répondait à une exigence magico-religieuse qu’imposait l’adhésion de Sassou-Nguesso à la franc-maçonnerie. Pourquoi ? Pour pérenniser la présence du monarque congolais au Pouvoir dans son pays qu’il dirige quasiment depuis trente ans, car pour nos hommes politiques congolais (voire africains) pour demeurer à vie au pouvoir il faut non pas bien s’entendre avec les règles de l’orthodoxie financière mais plutôt bien s’entendre avec les esprits des morts !

Ce qui est cynique dans cette escroquerie et dans toutes les affaires de même nature c’est la promptitude de l’Etat congolais de s’entourer d’une noria d’avocats pour assurer sa défense chaque fois qu’on lui demande des comptes. On l’a vu dans l’affaire des Fonds Vautour où le Congo payait des honoraires aussi élevés que ses créances alors que le bon sens aurait voulu qu’il payât tout simplement ses dettes quand, notamment on sait, qu’au bout du compte, pour avoir perdu son procès, il finissait par payer ceux qui le poursuivaient. En somme, le Congo de Sassou le paie doublement chaque fois qu’il veut doubler ses adversaires. C’est ce qui risque (ou carrément) va se passer dans l’affaire qui l’oppose aux héritiers du colonisateur transalpin.

Aujourd’hui, alors que Sassou jubile pour avoir eu gain de cause dans l’initiative PPTE (pays pauvres et très endettés) l’opinion se demande de quelle pathologie sont atteints les dirigeants congolais pour affamer tout une population d’à peine 3 millions d’habitants alors qu’ils arrivent à vendre 300.000 barils de pétrole par jour !
(A ce sujet, lire l’excellent article de Terrence LOMBISSA « Quelle est la qualification juridique de la gestion du pétrole congolais par le pouvoir actuel ? Sur le blog de Patrick Eric Mampouya.)

Qu’est-ce qui peut bien empêcher Sassou de doter la région de Mbé d’une route, d’une école et d’un dispensaire ? C’est la simple faveur qu’avaient exigée les petits-fils de De Brazza avant d’autoriser Sassou à enterrer une troisième fois leur ancêtre à Mf’oa/Brazzaville. Les Européens doivent bien se demander si ces "nègres fondamentaux" sont dignes d’être classer dans l’espèce à laquelle appartient l’homo sapiens sapiens. Comment peut-on être cruel à ce point ? Les petits-fils du colon italo-français ne disent rien d’autre que ceci : "Congolais, aimez-vous les uns les autres ! "

Manifestement cette loi d’amour dépasse l’entendement du franc-maçon Sassou-Nguesso.

L’autre clause du contrat signé entre Sassou et les Italiens stipule que la dépouille poussiéreuse de De Brazza allait repartir en Italie si les Congolais ne respectaient pas leurs engagements.

Si Sassou s’obstine de ne pas financer la route, l’école et l’hôpital aux environs de Mbé (une bagatelle que lui demandent les Italiens), la question est la suivante : De Brazza risque-t-il d’être déterré une quatrième fois ?

Par Simon MAVOULA

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