email

Le Congo reconnaît enfin officiellement qu’une épidémie de choléra frappe Pointe-Noire et le Kouilou.

Deux mois après l’alerte, le ministre de la santé et de la population, a déclaré officiellement le 26 janvier à Brazzaville, l’épidémie de choléra en République du Congo. L’épicentre de la maladie à été localisé dans les quartiers périphériques de Pointe-Noire. Ceci révèle des conditions hygiéniques déplorables que supportent des populations y résidant. Pour faire face à la catastrophe sanitaire dans la ville océane, le Directeur Général de la santé et de la population, monsieur Damase Bodzongo, ce 28janvier, a constitué une cellule de crise, impliquant autorités de la ville, l’OMS, l’UNICEF, et des structures privées.

L’alerte a été donnée dans les quartiers périphériques de l’arrondissement III Tié-Tié, avant la fête de la Saint Sylvestre mais les premiers cas suspects ont été signalés en novembre. Une diarrhée rebelle y avait décimé une famille presque entière. Le fléau rampe dans l’arrondissement I Lumumba, où des issues fatales sont comptés. Très vite une relation avec le riz, deuxième aliment de consommation après le manioc et son dérivé le foufou est soupçonnée. La psychose s’installe, de nombreuses familles renoncent à la consommation du riz.

Naturellement, les Directions Départementales de la Santé et de la Population et de l’Agriculture entrent en scène : « Ce n’est pas le riz, mais plutôt l’eau ! »
La riposte de la Direction Départementale de la Société Nationale de Distribution d’Eau ne se fait pas attendre : « L’eau que nous produisons est potable ».

Dans ce jeu de ping pong, la population continue de payer les frais des tâtonnements du gouvernement congolais qui a attendu deux mois une confirmation des analyses (On craignait probablement une réaction négative de la CAF pour l’organisation de la CAN Junior). Ces atermoiements ont laissé aux médias internationaux l’opportunité d’annoncer, en lieu et place des autorités, l’épidémie de choléra Congolaise au monde entier, démontrant une fois de plus le manque de transparence de la communication nationale.

De G à D : MM. Patrice Ngatali, SG mairie de PNR, Fidèle Dimou, Préfet du Kouilou, Damase Bozongo, DR de la santé et Louis Banthou, Dircab du préfet de PNR

« Du 9 janvier à ce jour, nous avons observé une fréquence de 40 cas déclarés quotidiennement. » déclare le Directeur Départemental de la santé de Pointe-Noire, Constance Dzaba, en replaçant la catastrophe sanitaire dans son contexte, l’histoire, l’organisation du travail, la réalisation par intervention, les problèmes rencontrés et les suggestions. Les mesures les plus spectaculaires prises pour parer à l’expansion du vibrion cholérique est l’accord par le gouvernement de la gratuité des soins ainsi que la prise en charge du transport dans toutes les localités du Kouilou des produits pharmaceutiques et du protocole de soins.

Aujourd’hui, l’état des lieux fait ressortir 1.636 cas officiellement déclarés pour environ 60 décès à Pointe-Noire et 51 cas dont 5 décès dans le Kouilou. Pourquoi avoir attendu si longtemps avant de déclarer l’épidémie ? Le Directeur Général de la santé et de la population, monsieur Damase Bozongo s’explique :
« Les cas de diarrhée ont commencé au cours du mois de novembre, ces cas ont été révélés par la surveillance épidémiologique mensuelle qui est faite dans la ville. Lorsque ces cas sont devenus de plus en plus nombreux, cela a attiré l’attention du personnel soignant qui a commencé à regarder de plus près la situation à partir du 09 janvier. C’est vrai qu’au cours dudit mois nous n’avons pas eu à faire la déclaration de l’épidémie, mais une épidémie ne se déclare comme çà. Il faut d’abord la cerner surtout qu’en la matière plusieurs étiologies peuvent déclencher une épidémie de diarrhée. En dehors du choléra, il y a la chiguelose par exemple, donc il faut prendre le temps nécessaire pour pouvoir cerner l’épidémie et être sûr qu’il s’agit du choléra pour déclarer une épidémie. C’est ce que le Ministre de la Santé et de la Population a fait hier.
Mais avant cette déclaration, vous pu suivre que des actions ont été menées au niveau des deux départements pour faire face à la situation. Donc le gouvernement à travers les agents de santé, n’est pas resté les mains croisées. Aujourd’hui nous pouvons dire que la situation est sous contrôle. Cependant maintenant que nous avons déclaré l’épidémie nous devons nous mobiliser davantage pour mieux la combattre. Je suis venu ici pour mettre en place un comité de crise qui au jour le jour devra suivre la situation.
J’ai commencé mon intervention par le système de santé qui est mis à mal, car aujourd’hui, les cas de diarrhée dans les deux départements n’interpellent pas seulement le ministère de la santé. Comme vous le savez le choléra est catalogué comme une maladie des mains sales et le vecteur le plus important en est l’eau. Le ministère de la santé qui s’occupe pas des questions de l’eau, c’est donc un secteur connexe ce qui justifie que la santé est multisectorielle et place l’homme dans sa dimension bio psycho sociale tel que défini par l’OMS. A ce titre, chaque secteur qui a quelque chose a apporter doit être mobilisé pour que nous puissions promptement éradiquer cette épidémie. Il y a des questions importantes qu’il faut régler. L’une d’elle est la question de l’eau. Il faut noter qu’en dehors du déficit d’approvisionnement en eau potable par la SNDE, certaines couches de la population de Pointe-Noire consomment l’eau des puits, il faut donc traiter ces puits pour la rendre propre à la consommation. »

Des dispositions à prendre

Damase Bozongo a attiré l’attention des populations sur des décès dus aux suites du choléra :« Les morts du choléra ne sont pas des morts ordinaires, contagieux, ils peuvent contaminer le reste de la famille et aggraver la situation. Il faut prendre des mesures draconiennes pour éviter que l’entourage soit contaminé. Nous demandons donc à la population de suivre les directives des services du ministère de la santé :
 Ne pas laver le corps à mains nues comme on le fait d’habitude ;
 Prendre le soin de porter les gants ;
 Traiter les corps à la chaux vive ou à l’hypochlorite avant enterrement, afin d’éviter que ces cadavres soient un danger pour les populations environnantes. »

Laissez un commentaire
Les commentaires sont ouverts à tous. Ils font l'objet d'une modération après publication. Ils seront publiés dans leur intégralité ou supprimés s'ils sont jugés non conformes à la charte.