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Le mouvement des rénovateurs du MCDDI appelle à voter contre Sassou

La date du scrutin fixée, les états-majors politiques aiguisent leurs armes. Le MCDDI jusqu’ici réduit au silence, sera contraint de dévoiler sa stratégie électorale pour se positionner face aux réalités et enjeux d’une présidentielle qui s’annonce conflictuelle tant au niveau national que vis à vis du parti dont les militants craignent que l’histoire se répète négativement comme en octobre 1997. C’est donc un choix périlleux et déterminant qui mettra la hiérarchie politique et les militants du MCDDI à la croisée des chemins.

Ou, ce choix ira dans le sens de nos idéaux et de notre combat historique ardemment incarné jusqu’en octobre 1997, et le parti aura une chance de transmuter et de survivre ; ou ce choix confirmera les dispositions suicidaires de l’accord contre nature du PCT/MCDDI, et, le parti devrait entamer son éclatement, voire sa disparition programmée, de longue date, par ses principaux détracteurs. C’est face à une conjoncture politique interne très problématique que le MCDDI est appelé à trancher ce dilemme.

Pour y parvenir, trois hypothèses semblent envisageables :

Le MCDDI doit-il :

  1. Présenter un candidat MCDDI ?
  2. Soutenir le ’’ président ’’ Sassou ?
  3. Soutenir un candidat de l’opposition ?

Une analyse objective, hypothèse par hypothèse s’impose pour un choix stratégique rationnel et adapté.

1- Le MCDDI doit-il présenter un candidat ?

Cette hypothèse s’inscrit dans la logique de l’ambition de tout parti politique qui est de solliciter le suffrage du peuple à travers un candidat pour qu’une fois élu, il accède à la magistrature suprême et gouverne par le peuple et pour l’intérêt du peuple. Cependant, dans le contexte actuel, bien que les statuts du MCDDI stipulent que le président du parti est d’office, candidat à l’élection présidentielle, Bernard Kolelas, âgé de plus de 70 ans, ne remplit pas les conditions constitutionnelles.

Face à cet obstacle constitutionnel, le MCDDI pourrait-il désigner un autre candidat « maison » pour endosser le maillot d’un soleil couchant dont les rayons, jadis radieux, n’éclairent plus et ne réchauffent plus la scène politique congolaise ? Le laps de temps qui nous sépare du scrutin semble très court pour disposer d’un candidat crédible dont la désignation exige la convocation d’un congrès extraordinaire. Et même dans ce cas, sur quelle base programmatique ce candidat solliciterait-il le suffrage universel ? L’absence de programme constitue aussi un obstacle majeur contre toute candidature du MCDDI à ces présidentielles.

En effet, cinq ans après le retour providentiel du président B. Kolelas de son exil, la hiérarchie politique de notre parti, s’étant plus préoccupée de la question du positionnement, de quelques membres du BEN, et du partage du pouvoir – sans plate forme programmatique commune - les responsables du BEN et du Comité national n’ont pas, hélas, voulu doter notre parti d’un programme alternatif et crédible. Manquant de temps, de volonté politique mais aussi de stratégie rationnelle, notre parti, s’est contenté, de déterrer, au plus vite, une alliance « MCDDI/PCT » rendu caduque. Nos ambitions légitimes cruellement sacrifiées à l’autel des intérêts personnels, manquant actuellement de visibilité politique et de candidat, notre parti devrait-il soutenir Sassou Nguesso ou un candidat de l’opposition ?

2- Le MCDDI doit-il soutenir Sassou ?

L’option pour cette hypothèse trouve sa justification juridique dans les dispositions des statuts modifiés lors de la dernière convention du cdi qui stipule, en substance, « … qu’en cas d’empêchement du président du parti, le MCDDI peut soutenir un autre candidat qui n’est pas du MCDDI … » Et les dispositions de l’article 1 des accords PCT/MCDDI du 23 avril 2007, par lesquelles les deux partis signataires avaient décidé de constituer une alliance électorale pour gagner et gouverner ensemble conforterait également cette stratégie.

Les militants voudraient, ici, inviter à plus de responsabilité et de bon sens, toute la hiérarchie (BEN+CN) qui avait engagé notre parti à cet accord suicidaire sans en avoir reçu mandat de la base.

A cet effet, la quasi totalité des militants du MCDDI déclarent haut et fort qu’ils ne voteront jamais Sassou. Au regard de son système politique, de sa moralité, de son mépris du peuple souverain, de son bilan politique et socioéconomique chaotique et surtout de tout le martyre subi par nos cadres, militants et sympathisants, très peu d’arguments militent dans ce sens. En effet, tant sur le plan historique et sécuritaire, sur le plan philosophique, sur le plan électoral que sur le plan du parti et encore moins sur le plan éthique Sassou s’est révélé comme un véritable « poison » contre le peuple, et les militants du MCDDI.

Sur le plan historique et Sécuritaire

Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Chat échaudé craint l’eau froide. A l’instar de tout le martyre que Sassou a fait subir à nos militants, à la chute de président Pascal Lissouba, à cause du positionnement tardif et paradoxal - comme actuellement - les militants craignent d’être de nouveau victimes expiatoires, martyrisés dès la chute inéluctable et annoncée du régime militaire de Sassou III dont ils n’ont tiré que désarroi, désolation et pillages multidimensionnels dûment ordonné par Sassou lui-même en octobre 1997. En outre, la majorité des militants souligne que si Sassou était notre ami/allié, il ne nous aurait pas massacrés, organisés l’extermination de tout mâle, (assimilé au ninja sur la simple base de son appartenance ethnique comme B. Kolélas), procédé à l’épuration ethnique de 354 militants MCDDI, au Beach. Si Sassou était notre allié, Il aurait épargné les populations de notre fief électoral le Pool.

Il n’aurait pas poussé notre président fondateur, B. Kolelas, en exil, notre vénérée présidente d’honneur de l’OFDI ma Ngoudi ne serait pas morte en exil ; il n’aurait pas placé Ntoumi, au cœur du drame du Pool, pour faire violer nos filles, nos grands-mères. Il n’aurait pas pourchassé nos paisibles populations comme des souris. Il n’aurait pas bombardé nos villages et nos forêts.

Pour avoir noyé 99% de nos militants dans le sang, la désolation, le deuil, l’appauvrissement et pour avoir cherché à liquider physiquement, politiquement et socio économiquement, le poolailler (le bastion du pool), le coq (B. Kolelas) et les poulets (militants) - nonobstant l’accord PCT/MCDDI -, Sassou doit être désormais considéré par nous comme persona non grata dont il faut rechercher activement la déchéance par tous les moyens.

Sur le plan Philosophique

Les militants estiment que soutenir Sassou qui conduit un système politique aux antipodes des nos idéaux et de notre combat, présente une ambiguïté philosophique qui va à l’encontre du MCDDI crée, non pour servir de tremplin à la dictature mais plutôt pour bâtir au Congo, un Etat de droit fondé sur la démocratique pluraliste et les valeurs républicaines grâce au développement intégral de l’homme dans sa double dimension quantitative et qualitative.

Sur le plan électoral

Les militants soutiennent que dans une mascarade électorale à grande échelle savamment organisée, il n’y aura pas match. Sassou n’aura pas besoin de nos voix mais de tricher pour se maintenir à son fauteuil présidentiel. Dès lors, les militants s’interrogent à quoi bon soutenir un candidat qui peut s’autoproclamer vainqueur même sans nos suffrages ?

Pourquoi perdre son temps à voter un candidat dans un scrutin avec un fichier manipulé, une machine électorale rodée et parfaitement maîtrisée dont le rouleau compresseur est appelé à broyer les autres candidats. Il parait, de toute évidence, qu’il sera inutile de se salir dans ce combat à armes plus qu’inégales destiné à reconduire un président ouvertement vomi et rejeté par la majorité des citoyens congolais. Sur le plan de la déontologie et de l’éthique les militants estiment qu’en péril, on ne s’accroche pas à un bateau en plein naufrage pour être sauvé.

Voter Sassou, serait demander à une victime de soutenir son bourreau : ce serait injurier nos morts tombés ça et là dans les forêts et savanes du Pool, du Niari, de la Bouenza, de la Lekoumou et des plateaux, enterrés vulgairement comme des rats : nus, sans obsèques et sans sépulture. C’est invraisemblable et inadmissible rétorquent 99% des militants. L’espèce animale, moins intelligente que l’homme, ne le ferait pas. Non pas, par orgueil, par éthique ou par esprit de vengeance mais par instinct de survie. Ainsi, la souris - même pour un fromage - ne soutiendrait jamais le chat gardien du temple. La biche ne prendrait pas le moindre risque pour secourir le lion prise au piège de son propre système.

Enfin, si par mégarde, les membres du BEN et du CN se permettaient d’appeler à soutenir ou à voter Sassou, ils exposeraient à nouveau les militants du MCDDI à payer inutilement le martyre ou le plus lourd tribut des leurs appétits matériels. Les instances de notre parti (BEN+CN) et plus particulièrement le coordinateur Parfait KOLELAS se placeraient dans un engrenage politique suicidaire et difficile à justifier autrement que par une cécité politique grave. En effet, tant que la paix reste illusoire et accrochée au bout des canons, la réconciliation et l’unité nationale insaisissables, la démocratie sacrifiée, la mauvaise gouvernance érigée en mode de gestion de l’Etat, les militants estiment que rien ne justifie une telle prise de responsabilité historique qui pourrait sonner la fin de sa carrière politique et celle de plusieurs membres du BEN.

3- Soutenir un candidat du FUPOC

Le MCDDI ne pouvant présenter ni Bernard Kolelas, dont la candidature serait irrecevable, ni un autre candidat « maison », la stratégie du boycott n’offrant aucune vertu susceptible de nous conduire à la victoire, il serait hautement recommandable de soutenir et de voter un candidat de l’opposition « radicale » qui, à défaut d’être proposé par le BEN, réuni en congrès avec le Comité national, serait choisi par les militants eux-mêmes en temps opportun... Ne pas se plier à cette exigence relèverait d’une absurdité politique qui placerait notre parti en dehors des enjeux qui se dessinent à l’horizon. Ne pas y adhérer reviendrait à naviguer à contre courant de l’histoire et des événements.

Considérant tout ce qui précède, le mouvement des rénovateurs du MCDDI demande à la hiérarchie de notre parti de s’armer de courage, de lucidité et d’un sens de responsabilité aigu pour faire le meilleur choix politique qui permettrait à notre parti de reconquérir son rôle de locomotive de la politique congolaise. Si par inadvertance, le choix était dicté par d’autres considérations que l’intérêt supérieur de la nation et du peuple, nos militants, rejetteraient cette offre suicidaire sans lendemain ensoleillé.

F. NTSI-MITSIENO
Membre du Mouvement des rénovateurs du MCDDI MR/MCDDI.

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