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Les cellules de Bowao, Munari et Mierassa sont déjà prêtes à la Maison d’arrêt

La guerre des clans chez monsieur 8% bat son plein. Les hostilités sont ouvertes entre faucons et colombes. Ça passe ou ça casse !
Pour les cinéphiles avisés, on assiste à un remake d’un légendaire western dont on pourrait décliner le titre en ces termes : « Les Bons, la Brute, le Braqueur et les Pieds Nickelés »

La phrase assassine

Filons la métaphore de l’Ouest. Au commencement était le dégainement d’un pistoléro juché sur le toit du saloon. A partir d’un coup de feu du sniper, tout s’est enchaîné, et, ce sera le début de la descente aux enfers.

Mercredi 21 octobre 2015, à l’Elysée lors de la conférence de presse conjointe entre le président Malien, Boubakar Keita et François Hollande, un journaliste, habitué des Palais de Mpila et des séjours prolongés a Oyo, le village natal du satrape du Congo, qui visiblement briefé par les communiquants de Sassou pose une question, anodine et hors propos au président François Hollande sur le référendum du 25 octobre 2015 qui devait se dérouler au Congo. Sachant que le président français n’avait pas été coaché au départ par ses collaborateurs sur la nature des questions qu’il allait devoir affronter lors de cette conférence de presse et des réponses à donner, Hollande est cueilli à froid. Sassou peut-il organiser un référendum pour changer sa constitution, Hollande commet la bourde qui va donner « boulevard a Sassou » pour dérouler sa machine pour se représenter pour un troisième mandat. « Denis Sassou Nguesso peut consulter son peuple, ça fait partie de son droit et le peuple doit répondre. Ensuite, il faut toujours rassembler, respecter et apaiser. » Fermer le ban ! Ces petites phrases vont suffire pour donner le droit de vie et de mort à Sassou et ses partisans qui n’auront de cesse de s’acharner sur tous ceux qui vont se mettre au travers de leur projet hégémonique.

Les Bons, les Brutes, les Truands, les Neuneu et le Tribaliste-Violent !

Il était une fois : « Le Bon, la Brute et le Truand, » un western de Sergio Leone. Avec une belle distribution, Clint Eastwood, Elie Wallach et Lee Van Cleef sur une musique de Enrico Morricone a fait pâlir, comme chacun sait, de salive les amoureux du troisième art. Très peu s’en souviendront. Mais les Congolais eux, ont eu, droit a un remake d’un film noir co-scénarisé par les metteurs en scènes des bords de l’Alima dans le département de la Cuvette. Lieux de tournage, Brazzaville et le Pool. Scénaristes, tous les securocrates du pouvoir à commencer par Jean François Ndengué, Jean Dominique Okemba, Philippe Obara et Mboulou. Dans le rôle de souteneurs, le Procureur André Oko Ngakala, « Monsieur J’ordonne le placement en détention de »..., Pierre Mabiala, alias « Pierrot le Fou » chargé de lancer des Fatwa contre les cadres et partisans de la majorité républicaine et dans le rôle de l’amuseur médiatique, Thierry Moungalla, alias « Ali le Comique. » Sur le déroulé du scénario, les promoteurs de la rupture ont imaginé créé leur propre western spaghetti où ils distribuent les rôles et poussent leurs pions. Une vraie épopée ! Dans la distribution et les jeux de rôle, on trouve : Jean Marie Michel Mokoko, alias J3M, Guy Brice Parfait Kolelas, Pascal Tsaty-Mabiala, André Okombi-Salissa, Claudine Munari, Clément Mierassa, Frederic Bintsamou, alias Pasteur Ntumi et Charles Zacharie Bowao. Les hommes à traquer et à abattre. Pour comprendre la trame de ce film, il faut reconstituer le puzzle. De l’éclipse électorale qui a traversé le Congo depuis le 20 mars 2016, en passant par la traque des leaders de l’opposition, l’embastillement de certains d’entre eux et aujourd’hui la volonté d’écarter, de marginaliser les ténors de l’opposition afin de les mettre hors d’état de nuire avec, à la clé, l’isolement total pour ne pas prendre part à la convention de l’opposition IDC-FROCAD élargie à la composante J3M. Ainsi se résume le synopsis du thriller co-scénarisé par la cinéaste et metteur en scène de Oyoliwood ou Oyocity !!!

Bowao ! Un empêcheur de tourner en rond ?

Du 4 au 8 juillet, Sassou et une cohorte des membres de sa famille séjournent avec lui en Chine. Officiellement, pour une visite d’Etat. Officieusement, pour traquer l’argent planqué en Chine par certains de ses collaborateurs non les moindres. Mais ce que l’on n’a pas dit, c’est aussi et surtout pour être loin d’être des oreilles indiscrètes pour fomenter le plan machiavélique visant à neutraliser Bowao à l’abri des oreilles indiscrètes, des taupes de la famille qui ne s’embarrassent pas de jeter dans la rue tout ce qui se passe au Palais ou à La résidence privée de Mpila. Ainsi, au cours d’une réunion secrète tenue a Pékin en marge du séjour de Monsieur 8%, deux camps se sont concertés pour traiter le cas Bowao. Comment en finir avec celui qui les provoque en duel avec ses grands mots et qui passe son temps faire le bon face à un monde bruts en montant ce qui reste encore d’opposants lucides, contre Sassou, allant jusqu’à qualifier de « hold-up du siècle » sa pseudo victoire à la présidentielle de mars. Bowao devient Wanted dans la pure tradition du Far-West. On doit l’isoler ? Lui envoyer des chasseurs de prime ? Le marginaliser ou l’enfermer avec le Mokoko et consorts ? Telle est l’épineuse question que les outlaw de la famille régnante, réunis autour des sécurocrates du clan devaient trancher au plus vite avant la tenue de la Convention de l’IDC-FROCAD élargie à la composante J3M.

Rentrée en scène de la machine à broyer

De retour à Brazzaville, les faucons peaufinent leur stratégie et décident de passer à l’attaque. Il faut dire que le coordonnateur de la plateforme IDC-FROCAD leur en fait voir de toutes les couleurs avec ses déclarations au bazooka. Convocation d’intimidation chez le Colonel Bakala Mahinda, nommé Président de la Commission d’enquête sur les affrontements du 4 avril 2016. Il doit soumettre Bowao à la question pour faire le lien sur ses complicités présupposées avec le Pasteur Ntumi dans le déclenchement des attaques dans les quartiers sud de Brazzaville. Plus de cinq heures d’inquisition pour obtenir des aveux. Rien à faire. La signature du procès verbal d’audition est passée au peigne fin par Bowao. Connaissant les méthodes de ses anciens camarades du parti unique du PCT, spécialistes de la manipulation et de la falsification, notre héros prend soin de lire et de relire entre les lignes. Il ne veut pas être pris en défaut. Le colonel est même surclassé dans la conduite de son interrogatoire. Il ne trouve pas les failles pour coincer le Professeur Bowao. Résultat des courses, le colonel (le sheriff ) décide de renvoyer Bowao chez lui après plusieurs heures d’audition. Ce que n’acceptent, malheureusement, pas les faucons du régime, les ballados de la République qui ne supportent pas qu’une telle grosse prise puisse leur glisser entre les doigts !

Partie remise ?

Sur son compte Facebook, le Professeur Bowao, coordonnateur des plateformes IDC-FROCAD écrit : «  Chers amis, le Procureur de la République André Oko-Ngakala, vient d’annoncer mon arrestation sur Télé-Congo en justifiant cela par mes propos tenus sur RFI. »

Pourquoi tant de remue-ménage autour de Bowao ? Pour le comprendre, il faut repartir sur les événement tragiques qui ont endeuillé la partie sud de Brazzaville et au delà, le département du Pool. Le 4 avril 2016, la capitale Brazzaville est en état de siège. Après avoir séquestré les membres de la Cour Constitutionnelle en leur siège, le pouvoir leur a intimé l’ordre de valider les chiffres avancés par Bouka, Président de la pseudo commission indépendante d’organisation des élections. Les résultats donnaient Sassou vainqueur de la présidentielle de mars 2015 à hauteur de 60% des suffrages. Une vraie ambiance de Kansas City. Le jour même éclatent dans les quartiers sud de Brazzaville des pseudos affrontements opposant, semble-t-il, les Ninjas du Pasteur Ntumi aux supplétifs de la police de Jean François Ndengué. Le 7 avril 2016, en sa qualité de coordonnateur des plateformes IDC-FROCAD, Charles Zacharie Bowao monte au créneau et sur les antennes de RFI conteste la thèse du pouvoir qui incrimine les Ninjas du Pasteur Ntumi en ces termes : « Je pense qu’il s’agit d’un montage du pouvoir pour créer cet état de trouble pour permettre a la Cour Constitutionnelle de valider les résultats du scrutin du 20 mars en faveur du candidat Denis Sassou N’guesso, dans une atmosphère d’état de siège qui ne dit pas son nom. [...] Monsieur Denis Sassou N’guesso a perdu cette élection. Tout le monde le sait. Il veut s’accrocher au pouvoir. Voici la réalité. Et à partir de là, il faut créer cette atmosphère à la fois d’insalubrité publique pour donner l’impression qu’il y a des gens sorties on ne sait d’où, et qui veulent faire la guerre . »

Des propos qui seront repris en boucle par la radio du monde, RFI, y compris le lendemain dans toutes les éditions Afrique de Radio France Internationale. Ces paroles suffiront pour mettre les partisans du pouvoir défait en rogne, de sortir la cavalerie. Pour le Procureur de la République, André Oko-Ngakala « ces propos troublaient manifestement l’ordre public  ». Le mot était lancé « Troubles à l’ordre public !  » Rien que ça ! Le pouvoir va s’accrocher pour chercher les poux sur les cheveux grisonnants du Professeur Bowao. Une première mise en garde avec un message ferme que ses parents de la Likouala, après entretien avec Sassou, viennent lui livrer : se taire sinon, il va connaître le même sort que Pierre Anga. Peine perdue ! Chevalier sans peur, Bowao persiste et signe.

Comme si cela ne suffisait pas, il en rajoute une couche et dit tout haut ce que toute la population pense tout bas. Pour le Coordonnateur de la plateforme IDC-FROCAD, il ne s’agit ni plus ni moins que d’ « une mise en scène macabre du pouvoir afin de mettre fin a la quiétude des quartiers sud et d’ouvrir la voie a la traque du Pasteur Ntumi dans le Pool ». Pour Bowao, ce n’était qu’une tentative de plus pour détourner l’attention de l’opinion, après la réélection contestée de Sassou Nguesso. Avait-il tort de ne pas le dire ? Dire cela était-il mobile d’être déféré devant les tribunaux et, pourquoi pas, d’être incarcéré ? Les « Django » du pouvoir et leurs sécurocrates n’auront de cesse de chercher à le mettre hors du jeu politique. Intox par-ci, photomontage par-là, manipulation et diabolisation enfin, pour le faire passer comme une taupe du pouvoir travaillant au profit de Sassou dans l’optique de fragiliser l’opposition et la majorité républicaine.

En ancien Marxiste, et ayant lui-même fait ses classes auprès de son mentor, Édouard Ambroise Noumazalay, il ne flanche pas. Mais, il ne sait peut-être pas qu’il agace. Il commence par renvoyer dans les cordes un « ministre de fait » en la personne de Elvis Okombi Tsalissant. Il raccompagne poliment le Maire de Brazzaville, Hugues Ngouolondélé, gendre de Sassou qui vient solliciter sa présence pour prendre part à un raout pompeusement appelé « Le vivre ensemble » à quelques jours de la célébration du 56eme anniversaire de l’indépendance du Congo. Dans la même lancée, Claudine Munari qui, entre temps, a pris la tête de FROCAD renvoie Clément Mouamba à ses chères études. Le Premier Ministre de Sassou sollicitait lui aussi sa bienveillante présence a ces retrouvailles du « vivre ensemble ». L’associer à ces agapes pour faire bombance avec à la clé une photo de famille. Quelle belle prise ? Ce sera Échec et mat ! Pas découragé pour un sou, les promoteurs de la rencontre du « vivre ensemble » en pincent pour Clément Mierassa représentant la composante J3M de la plateforme IDC-FROCAD. Il décline l’offre et, dans la foulée, tient une conférence de presse pour fustiger le pouvoir et dénoncer les détentions arbitraires dont sont victimes les vrais vainqueurs de la présidentielle de mars 2016.

Parler du « vivre ensemble » alors qu’il y a des prisonniers politiques qui croupissaient dans les geôles du pouvoir au seul motif d’avoir été plébiscités par la majorité des congolais lors de la présidentielle de mars 2016 est pure hypocrisie. Mais pour les agents du pouvoir nés avant la honte, c’est normal. Ceux-ci se demandent : pourquoi alors que Pascal Tsaty -Mabiala et Guy Brice Parfait Kolelas ont fait amende honorable en reconnaissant la victoire de Sassou sans ambages, de quels droit les Bowao, Munari et Mierassa se permettaient de contester la légitimité de Sassou ? Pourquoi, refusent-ils de rentrer dans les rangs et reconnaître la victoire de Sassou ? A toutes ces questions, les durs du pouvoir ont décidé de régler définitivement leur sort. Comment faire ?

Case prison pour Bowao, Munari et Mierassa ?

Ils décident d’aller droit au but et de retirer ces « têtes de mules » de la circulation et les envoyer faire un petit tour de décrassage en prison. Ils commencent d’abord par opérer un véritable nettoyage à la maison d’arrêt au sens propre du terme. On coupe les têtes des gestionnaire du pénitencier jugés trop complaisants qu’ils remplacent par des durs avec des missions bien fermes, celui de corser les conditions d’incarcération des Mokoko, Ntsourou, Jean Ngouabi, Banaganzana, Paulin Makaya, Limbongo Ngoka et les autres détenus ayant pris fait et cause pour les leaders et candidats de l’Opposition lors des élections de mars 2016. Donc : ménage, nouvelles nominations à la tête de la Maison d’Arrêt, aménagement de trois cellules, incarcération de Bowao, Munari et Mierassa. L’isolement pour tous. A quelles fins et pour quels motifs ?

Les grandes manœuvres pour torpiller et noyauter la convention de la plateforme IDC-FROCAD

Mettre Bowao, Munari et Mierassa hors d’état de nuire, c’est baliser la voie pour que les opposants de complaisance, les leaders accommodants qui « fricotent » avec le pouvoir de Sassou de prendre le leadership et apparaître comme les interlocuteurs attitrés dans le dialogue sans inclusive avec le pouvoir ou ouvrir les négociations de sortie de crise, version vision du pouvoir de Mpila et enfin, avoir la mainmise dans l’organisation de la convention de l’opposition IDC-FROCAD élargie avec la composante J3M qui dessinera toute l’opposition.

Mais comment faire pour y arriver sachant que la majorité des congolais qui suit de près les débats et les tractations de coulisse entre le pouvoir et certains opposants, n’est pas dupe et comprend les manœuvres visant à fissurer l’opposition et l’affaiblir.
Ne va-t-elle pas dénier toute légitimité aux leaders de l’opposition que le pouvoir pousserait en sous-main ? Partant de là, le pouvoir n’a eu de cesse à chercher à résoudre cette équation à plusieurs inconnues. Même si les couvertures et le couvert sont déjà prêts à la maison d’arrêt pour recevoir Bowao, Mierassa et Munari sans que cela n’éveille de soupçons dans l’opinion comme un énième coup tordu du pouvoir de Monsieur 8%, le duel Ali Bongo/Jean Ping au Gabon voisin ne va-t-il pas déjouer leurs plans ? La décision n’est pas encore actée sur la marche à suivre. Deux camps continuent toujours à s’affronter. D’un côté le camp des durs du système composé de sécurocrates qui ont scellé le sort de Bowao. (Pour eux il doit aller croupir en prison). De l’autre, le camp des modérés où l’on retrouve les Oba-Apounou qui s’opposent à la mise en prison. Les colombes optent pour la main tendue, pour un dialogue inclusive y compris avec la frange qu’ils qualifient de réfractaires composée de Bowao, Munari, Mierassa et Kinfoussia. Les deux camps entrechoquent leurs analyses pour en finir avec les sieurs Bowao et consorts. La remise du rapport de la pseudo commission d’enquête sur les pseudos événements du 4 avril par le Colonel Bakala donne quelques indications sur la volonté d’accélérer la procédure d’internement des Bowao et autres pour donner la voie libre aux Kolelas et Tsaty-Mabiala pour prendre les rênes de la convention de l’opposition dont les financements viendront du Palais de la Glacière.

Le mode opératoire. Aux grands maux, les muscles et les pectoraux

Après cette remise du rapport de la commission d’enquête chez le ministre de la justice Pierre Mabiala, alias « Pierrot le Fou », la seconde étape serait l’ouverture du Procès de Ntumi, même par contumace. Au cous du procès qui va s’ouvrir, Bowao, Munari et Mierassa seraient convoqués à la barre pour répondre aux questions du juge. Ayant été cites dans le rapport de la commission d’enquête, on fabriquerait quelques questions de complaisance suivis de témoignages à charge, question d’émousser et impliquer les trois leaders. Et le tour est joué.

Ainsi, au lieu de repartir libres chez eux comme ils étaient venus, Bowao, Munari, Mierassa prendraient la direction de la Maison d’Arrêt où leurs cellules les attendent. Ils vont jouer le scénario à la Paulin Makaya, venu libre pour porter plainte contre X pour violence et dégradation du matériel le voilà, accusé de troubles à l’ordre public et détention illégale d’armes de guerre ? A ce jour il croupit à la Maison d’Arrêt. D’ici-là, il leur faut fabriquer des ennemis pour l’opinion afin qu’elle puisse avaliser les scénarios des metteurs en scène du pouvoir.

Remontons le temps pour démontrer comment le 4 avril 2016 est arrivé comme un cheveu dans la soupe. En tout cas ce fut un prétexte de répression des paisibles populations civiles des quartiers Sud et du département du Pool. On devait fabriquer un ennemi. C’est la technique du bouc-émissaire. Sous la main, ils n’avaient personne. Rien à se mettre sous la dent. Ca ne tarda pas. On trouva rapidement l’ennemi public numéro 1. Ce fut le Pasteur Ntumi. Les scénaristes de ce western spaghetti cherchaient l’ennemi idéal pour recréer l’union du Nord, souder les tribalistes et ressortissants du périmètre des campements d’Oyo, Obouya, Tchikapika, Édou et Ollombo ! Ils pensaient avoir réussi. C’était sans compter avec un paramètre : le peuple avait flairé la grosse ficelle de la manipulation.

La fabrication de l’ennemi

Dans son ouvrage « La fabrication de l’ennemi ou comment tuer avec sa conscience pour soi  », l’ancien Directeur Adjoint de la Délégation aux Affaires Stratégiques au Ministère de la Défense et Enseignant a Sciences Po, Pierre Conesa, se demande si « L’ennemi est-il une nécessité » Pour lui, l’ennemi répond à un « besoin social ». Il participe d’un « certain imaginaire collectif propre à chaque groupe ». C’est un autre soi-même qu’il faut « altérer, noircir, et rendre menaçant, afin que l’usage de la violence puisse apparaître légitime ».

Comme on le voit, le pouvoir en place ayant compris sa défaite du 20 mars 2016 avec seulement 8% de suffrage, loin derrière les candidats Guy Brice Parfait Kolelas, n’a pas trouvé d’autres moyens que de déclencher l’attaque des quartiers Sud de Brazzaville. Une attaque simulée pour d’abord tétaniser les populations, ensuite se frayer un boulevard qui lui permettrait d’annoncer les résultats truqués sans courir le risque que les populations sortent dans les rues pour protester. Une insurrection armée, une attaque des milices ou une agression contre les institutions, tout cela doit être motivé et animé par des velléités exprimées par les agresseurs. Donc l’intérêt est de fabriquer un ennemi imaginaire sur lequel on va s’acharner en tant qu’agressé qui vient redresser les torts.

En matière d’ennemi idéal, le pouvoir avait le Pasteur Ntumi sous la main. Comment ? En fabriquant de vrais/faux Ninjas (des plastrons) . Le processus de la victime émissaire Ntumi était choisie de façon à ne pas créer de risque de vengeance dans le groupe. Ainsi les plastrons du pouvoir (soldats jouant le rôle de l’ennemi) qui avaient pris d’assaut les quartiers de Kisoundî de Mfilou, Bacongo et Makelekele, n’avaient plus grands chose à faire que déclencher le coup de force contre les populations civiles pour la majorité originaires des départements du Pool.

Le scénario écrit à l’avance consistait à présenter le plastron comme le responsable du déclenchement des attaques armées dans les quartiers Sud, donnant ainsi un droit de suite aux cohortes armées et autres écuries de la Garde Républicaine de mener des opérations de représailles avec un droit de poursuite dans les contrées villageoises du Pool, à Mayama, Mvindza, Loumou, Kindamba, etc.
L’objectif « noircir, et rendre menaçant, afin que l’usage de la violence puisse apparaître légitime » était atteint en la personne de Ntumi.

Pour le pouvoir, la légitime riposte face à une agression armée qui serait menée par le Pasteur Ntumi se justifiait et les témoignages de ceux qui subissaient ces violence suffisaient pour éclairer l’opinion internationale. Les éléments de langage pour justifier la chasse à l’homme et les témoins de la scène de l’entrée des pseudos Ninjas à Makelekele pour corroborer les assertions du Ministre de la Communication, Thierry Moungalla, alias « Ali le Comique » étaient disponibles pour le scénario.

C’est ainsi que nous avons vu l’entrée en scène d’un personnage sulfureux prendre d’assaut les antennes des médias internationaux, RFI et la Voix de l’Amérique pour affirmer tout de go qu’il avait vu de ses propres yeux les Ninjas entrer dans les quartiers Sud de Brazzaville. Ce personnage haut en couleur n’est autre que Leonidas Mottom alias le « pervers ». Ce dernier siège aujourd’hui sur les bancs du gouvernement de 8%.

Mais pour ceux qui ne le saurait pas Leonidas Mottom a toujours été un fervent sympathisant du M2NR dont le pourvoyeur des fonds n’est autre que le Directeur du Domaine Présidentiel, Edgard Nguesso, neveu de Sassou Nguesso lui-même. Le même Mottom, on retrouvera, comme par hasard, sa trace dans le débat de RFI « Appel sur l’actualité » de Juan Gomez où il empruntera le patronyme de Malonga pour passer à l’antenne. Comme on le voit, les réalisateurs du projet macabre que dénoncent Bowao et ses amis de l’opposition républicaine étaient connus de tous.

Vous avez dit diversion ? Les Congolais des quartiers Nord comme ceux des quartiers Sud savent que dans les scénarii des partisans de Sassou, l’option déclencher une opération de représailles après leur défaite était actée. Ils l’ont mise en application au vu et au su de tout le monde. Il aura fallu que quelques rébus composés d’anciens Cobras, Rwandais, Tchadiens et Centrafricains se révoltent contre un Député siégeant dans le camps de la majorité présidentielle en la personne Hyldevert Moigny qui n’arrivait pas à honorer ses engagements financiers dont le reliquat s’élevaient à 600000 fcfa sur le million promis pour que l’opinion sache que c’étaient de faux Ninjas des plastrons agissant dans les quartiers Sud.

Six cent patates pour aller faire le « boum-boum » dans les quartiers Sud et transformer les pauvres populations civiles de ces zones en chaire à canon : du cynisme a l’état pur. Tous se souviendront qu’il y avait des signes avant coureur annonçant les couleurs. Sur les affiches de campagne ou l’on pouvait lire les appels lancés aux populations des ces quartiers de voter pour le candidat du pouvoir Sassou Nguesso. Morceaux choisis : « Population de Bacongo pour ne plus vivre le calvaire de 1991 à 1997, Bébés pilés, enlèvements, tueries, intolérance, tribalisme à outrance, votez Denis Sassou Nguesso. Votez l’éléphant de la paix, de la non violence. Ni yandi kwa, weka Pé". Partant de là, que peut-on conclure ? »

Est ce parce que Bowao, en sa qualité de Coordonnateur de la plateforme IDC-FROCAD, affirme qu’il s’agit « d’une mise en scène macabre du pouvoir afin de mettre fin à la quiétude des quartiers Sud et d’ouvrir la voie à la traque du Pasteur Ntumi dans le Pool » qu’on voudrait le faire définitivement ? Et si c’était, comme l’a dit lui-même Bowao, ni plus ni moins qu’une tentative de détourner l’attention de l’opinion, après la réélection contestée de Sassou Nguesso ?

« La plume qui prévient » aime à répéter le Professeur Charles Zacharie Bowao « vaut mieux que le canon qui détruit. La parole anticipatrice disqualifie le silence coupable . » Que personne ne s’étonne lorsque certains acteurs vont disparaître et d’autres jouer de nouveaux rôles. Ils doivent rechercher la place des uns et des autres dans cette fuite en avant dont les éléments déclencheurs du « mal vivre ensemble » ont pour source, le changement de la Constitution, le référendum pour changer la constitution et laisser la voie libre à Sassou de postuler un troisième mandat. Le dire et le clamer haut et fort, n’est que stricte vérité. Ceux qui s’acharnent à le répéter ne jouent que leur rôle d’objecteur de conscience. Le contraire n’est qu’une fuite en avant qui n’effacera jamais dans la conscience collective que cette élection a été « frappée de petite vérole », comme l’a si bien dit le Romancier Franco-Congolais, Alain Mabanckou.

OssereOndele

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