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M. le Président Sassou … Jessy Jackson a pleuré, j’ai pleuré,

Mr le Président Sassou … Jessy Jackson a pleuré, J’ai pleuré,
Nous avons Pleuré !

Lyonel Tchifounga

La nuit du 4 au 5 novembre 2008 sera retenue par les historiens comme le jour ou le monde a changé. En effet beaucoup sont ceux qui étaient convaincu que les attentats du 11 septembre 2001 étaient le début d’une nouvelle ère qui se caractériserait par une antipathie entre l’orient et l’occident, entre les blancs et les autres, entre les Judéo- chrétiens et les Arabo Musulmans, entre le bien et le Mal.

Huit ans après l’inacceptable et répugnante démonstration de lâcheté de ben Laden et sa nébuleuse Al Qaeda, Huit ans après la croisade de Bush, Rumsfeld et Cheney, le monde et l’Amérique à sa tête, comme d’habitude, viennent de se ressaisir en disant que la haine, la séparation en axe du mal et du bien, l’exaltation de la peur, l’encouragement de la dictature, le nom respect des lois et conventions, l’unilatéralisme, la vengeance, ne sont pas la meilleure formule pour apaiser et pourquoi pas éradiquer les tensions qui menacent le monde. Il a fallu du temps, des morts, des colères, des crises, pour qu’enfin la leçon de Dale Carnegie soit appliquée : Qui veut récolter le miel, ne bouscule pas la ruche.

Telle est aussi la lecture que nous devons tous faire de l’élection historique de Barrack Hussein Obama - BHO.

La victoire à plate couture de BHO et tout le symbolisme que cela entraine, tout l’historique quelle contient et toute l’émotion qu’elle suscite est aussi le résultat d’une lutte qui a su s’adapter à son temps et à son époque. La lutte de l’égalité des races, des chances, des droits. La maestria de BHO comme nous l’explique la plupart des politologues Américains, c’est de ne pas avoir voulu s’enfermer dans le ghetto en refusant de tenir le discours de la rébellion, de la revendication, le discours victimaire, le discours de la haine de la séparation. Le discours de Malcolm X, de Louis Farrakhan ou de son ancien Pasteur et mentor le Dr Jeremy Wright.

BHO n’a pas choisi de propager sa tigritude, il la imposée. Noir je le suis ; Intelligent je le suis ; cultivé je le suis ; patriote je le suis, Américain je le serais toujours ! Cette attitude était rappelons le, critiquée par les caciques de la lutte des droit des noirs et parmi eux le Rev Jessy Jackson. Joseph Biden, le vice président élu, à l’époque candidat aux primaires, n’hésita pas de faire cette célèbre gaffe : enfin nous avons en face de nous un noir éloquent, intelligent… et good looking.

Ce discours s’appelle l’espoir. HOPE. Le moteur de ce discours était l’assurance et la foi : YES WE CAN ou SI SE PUEDE pour les latinos ! Aujourd’hui c’est sans surprise que l’Amérique de Obama, black, white, native, hispanique peut chanter : YES WE DID !
Avec la foi nous dit la bible, les montagnes sont déplacées, les portes d’airains sont ouvertes, les murs sont brises, les géants Anakims sont terrassés…

Le rêve du Dr King est enfin réalisé, la nuit est terminée, l’aube est arrivée, le noir a fait place à la lumière. L’homme noir a fait place à L’HOMME !

Réagissant à l’élection de BHO, le président congolais Sassou Nguesso s’est dit « entre autre » être bouleversé par les larmes du Rev Jessy Jackson… Alors je me suis posé la question de savoir pourquoi Mr Sassou était-il bouleversé ?

Nous l’avons dit en passant, plus haut, que le Rev J. Jackson est l’une de ces figures emblématiques de la lutte contre la discrimination basée sur la race, les origines, la religion… Les larmes de ce grand homme sont l’expression d’un soulagement, sont l’extériorisation de cette émotion vive, grande et sincère de voir un noir s’asseoir dans le bureau ovale, c’était le combat de toute sa vie, mais aussi le signe d’un regret, celui de ne pas avoir cru à l’Obamania, de ne pas avoir vu le changement arrivé. Il n’avait pas que des larmes, il se mordait aussi les doigts et les lèvres.

Mr le Président Sassou, hier soir Jessy Jackson n’était pas le seul en larmes.

Dans toutes les maisons, des femmes et des hommes ont blanchi leur nuit et abandonne leur occupations journalières pour voir l’espoir. A Kirkuk, l’espoir de voir les troupes US quitter le pays ; à Kaboul celui de voir un renforcement des troupes, au Darfour celui de la fin du génocide, à Harlem celui d’un changement social et de plus d’égalité, à Goma peut être la fin des viols, des guerres ; au Tibet l’indépendance tant attendu comme au Kosovo.

Monsieur le président, alors que je regardais l’histoire se faire, j’ai Pleuré. Ma femme a pleuré. Nous avons pleurés.

Nous avons pleurés de voir que chez les autres les mots espoir et espérance, démocratie et responsabilité ont un sens.
Nous avons pleuré parce que le pouvoir du peuple est une réalité. Les urnes parlent et dirigent la nation.
J’ai pleuré après avoir entendu John Mc Cain faire l’éloge à la limite dytirambique du vainqueur, adversaire d’hier, moins d’une heure après que les grandes chaines aient annoncé la victoire de BHO.
J’ai pleuré parce que ce n’était pas mon pays et j’aurais souhaité que cela se passe chez moi à Oyo, ou à Boko chez mon père, pourquoi pas à Diosso chez ma mère ou encore à Bouansa chez mon beau frère, peut être même à Boundji chez mon neveu.

Mr le Président autour de vous, les congolais pleurent tous les jours .Vous nous diriez que les vitres teintés de vos Cadillac blindés et la cohorte des bérets rouges qui vous entourent obstruent votre vue. Je n’y crois pas. Vous ne voulez pas voir. Vous nous ignorez. Vous ignorez les congolais. Vous ignorez notre malheur.

La vérité est que vous êtes insensibles aux pleurs des congolais, les larmes de la souffrance, de la peine, les larmes amères des mourants, les larmes sèches des orphelins, les larmes noires de nos seniors maltraités, les larmes aigres des affamés, les larmes des pauvres, des veuves… Celles là ne vous bouleversent pas Monsieur le Président car votre cœur est aussi endurci que celui du pharaon.

Si on reconnait un grand homme par la manière dont il traite les petits hommes, permettez-moi de vous dire Mr le Président que l’histoire ne retiendra pas grand-chose de vous.

Vous n’étiez pas émue par les larmes du Rev J Jakcson, en réalité vous étiez étonné, voila le mot, car ce type de larmes est incompréhensible pour vous.

Lui, c’est un Grand Monsieur qui a une vision pour son pays, son peuple, le monde. Vous, vous nous avez dépouillé de toute dignité ; il n’y pas plus grand crime que cela.

Lui avait fait un rêve pour ses semblables, comme L. King. Vous, vous nous faites faire des cauchemars. Vous nous avez refusé pendant 30 ans le droit de rêver ; il n’ya pas plus suicidaire que ca.

Réagissant comme vous à l’élection de BHO, Nelson Mandela a dit ceci : « votre victoire est un signe d’espoir pour tout le monde, une démonstration que qui que se soit, ou qu’il soit dans le monde, ne devrait pas se priver de rêver et de vouloir changer le monde en mieux »

Ce soir là à Chicago debout dans le Grant Park, le Rev J.Jakcson avait des larmes de joie car son rêve se réalisait là devant lui. La joie de partager la joie de l’autre et de ton un peuple. La joie d’avoir donné les raisons d’espérer à son peuple. La joie d’avoir fait tant de sacrifices pour le bonheur collectif. La joie de donner et d’aimer, or, vous Mr le Président vous ne savez ni donner, ni aimer, mais voulez être aimé de tous. Permettez moi de vous rappeler cette sagesse latine :Ut ameris, amabilis esto .

Mr le Président, nous congolais, nous pleurons déjà et beaucoup au point ou nous ne savons plus pourquoi nous pleurons.

Grace à Obama, nous avons une nouvelle espérance : Le rêve. Nous allons rêver comme King Jr, comme J Jackson, comme Mandela. Car nous savons que « change is coming ».

Je vois les femmes, hommes sourire dans ce sommeil imposé car notre rêve est beau, doux.
Dans ce rêve je vois mes frères congolais pleurer de joie, la joie de savoir que vous ne serrez pas là au pouvoir ad vitam aeternam.

Nous rêvons d’un Congo libre, prospère, ou tous les congolais consomment de l’eau potable, l’électricité... Ou tous les enfants vont à l’école, assis sur des bancs. Ou les femmes enceintes accouchent sur des lits. Ou les soldats protègent les citoyens. Ou les voleurs et les mauvais gestionnaires sont jugés et punis. Ou l’homme est digne. La femme est respectée, les seniors honorés. Ou les aliments sont vendus sur des étalages. Ou les pères et les mères peuvent boucler les faims, pardon les fins du mois. Ou les travailleurs sont rémunérés. Ou les chômeurs sont accompagnés. Ou les bosseurs sont récompensés. Ou le droit est dit, appliqué et respecté.

Nous rêvons d’un pays ou les élections sont libres et transparentes. Ou les gouvernants sont responsables et rendent compte. Ou les medias de l’état sont libres et impartiales. Nous revons d’un pays ou Oko, Tati, Babela, Manou, Mboungou se disent d’abord et avant tout congolais…

En attendant que le soleil se lève et que notre Congo resplendisse, nous congolais nous travaillons pour l’accomplissement du rêve.

Nous sous-estimer serait une faute et vouloir interrompre notre rêve serait une erreur car la dynamique du changement est irréversible.

Ne vous tromper pas Mr le président, notre rêve ne se résume pas qu’à vous mettre hors d’état de nuire. Surtout nous ne voulons pas de votre mort, au contraire nous vous condamnons à vivre pour voir que le Congo peut être différent et bien gouverner. Que les congolais peuvent mieux vivre. Contrairement à vos amis militaires, Mbaou et compagnie, loin de nous le désir de souhaiter la mort d’un oint de l’Eternel. Oui « Tout pouvoir vient de Dieu ».

Nous prions et agissons de manière à ce que Dieu nous suscite un autre homme comme guide. Un David ; il se pourrait qu’il soit déjà à cote de vous jouant au luth, soit portant vos armes, soit pourchassant vos ennemis. Nous avons d’autres armes, la parole. La communication. Les nouvelles technologies. Notre arme est comme le vent et vous ne pourrez pas la maitriser.

Nous voulons aussi et surtout effacer une fois pour toute de notre sol tous les hommes et les femmes qui sont habités par le tribalisme, la haine de l’autre, l’incompétence. Ces hommes qui sont amis de la paresse, de la corruption et de la mauvaise gestion. Ces hommes belliqueux, violents et intolérants. Ces hommes qui propagent les mensonges et distillent la haine.

Quand ce jour arrivera ,nos yeux verront les vrais hommes, je veux dire les grands hommes , ceux qui ont une vision pour leur peuple, une vision désintéressé basée sur l’amour de l’autre, le patriotisme et le sens du devoir, ces vrais hommes d’état seront réellement bouleverser, face à la joie ,le bonheur qui se manifestera devant eux. Ces hommes disais- je, auront des larmes de joie et chanteront « Yes we did ».

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