email

Opération "Espoir" pour traquer bandits et détenteurs d’armes de guerre

BRAZZAVILLE, 21 déc (AFP) - 9h32

Les forces de sécurité du Congo ont lancé samedi une opération de police destinée à restaurer la paix et la sécurité fragilisées par la multiplication des actes de braquage attribués aussi bien aux agents de l’ordre qu’aux ex-miliciens démobilisés.

Dans l’immédiat, cette opération baptisée "Espoir", permettra aux populations de passer les fêtes de nouvel an dans le calme. A court terme, elle vise à "traquer tous ceux qui détiennent illégalement les armes de guerre, les auteurs d’actes de braquage, de pillage, de vols à mains armées et des consommateurs de la drogue", a affirmé le commandant de la gendarmerie nationale, le général de brigade Gilbert Mokoki en lançant l’opération.

Le général Mokoki assure personnellement le commandement de l’opération qui sera menée pendant trois mois par des unités de la gendarmerie, de la police et de l’armée.

Le lancement de cette opération a eu lieu trois jours après des tirs d’armes automatiques et de roquette qui ont provoqué la panique générale dans la nuit du 17 au 18 décembre à Bacongo et Makélékélé, quartiers sud de Brazzaville.

Selon le général Mokoki, ce sont des "éléments incontrolés de la force publique" composée de l’armée, de la police et de la gendarmerie et quelques "ex-combattants" qui ont "fait ce désordre" dont le but était le pillage des quartiers sud.

Jeudi, un groupe de militaires armés a braqué le véhicule du Haut commissaire à la réinsertion d’anciens miliciens, le colonel Michel Ngakala, tandis que le maire de Poto-Poto, quartier nord de Brazzaville, Bienvenu Faignond, a été blessé grièvement par balle lorsqu’il est intervenu pour empêcher un groupe d’hommes armés de s’enfuir avec des objets pillés.

Le général Mokoki a annoncé que "certains éléments incontrôlés de la force publique" impliqués dans ce "désordre" étaient identifiés tandis que d’autres "couraient encore".

"Ces agents seront sanctionnés sévèrement", a-t-il promis.

En revanche, le général Mokoki n’a pas précisé l’identité des ex-miliciens impliqués dans ce "désordre".

A Talangai, fief du parti congolais du travail (PCT-au pouvoir), dans le nord, des cas de braquage et d’assassinats crapuleux liés à des problèmes de sorcellerie sont perpétrés régulièrement par des agents de l’ordre ou des ex-miliciens cobras du pouvoir, d’après des témoins.

Les cobras et les ex-miliciens ninjas démobilisés de l’ancien premier ministre en exil, Bernard Kolélas vivent à Brazzaville.

Bien que démobilisés, certains cobras et ninjas n’ont pas remis toutes leurs armes aux autorités militaires.

Les miliciens Nsiloulous de l’ex-chef rebelle, le revérend pasteur Frédéric Bitsangou alias Ntumi ne sont pas encore démobilisés. Nombre d’entre eux se trouvent depuis quelques mois à Brazzaville pour préparer le retour du pasteur Ntumi encore présent dans le Pool. Ce retour devrait être suivi de la démobilisation de ces ex-rebelles.

Dans le Pool, des miliciens Nsiloulous armés extorquent de l’argent aux convois routiers, rapportent les journaux congolais.

"Il est inadmissible que des fauteurs de trouble de l’ordre public proviennent de nos rangs. Le haut commandement de la force publique ne va pas tolérer un comportement incivique et indigne d’un agent de la force publique", a averti le général Mokoki qui a demandé que soient arrêtés tous les "auteurs d’actes de vandalisme".


Congo-Site a publié ce jour la déclaration du général Moukoki, nous la transcrivons ci-dessous

Sévère mise en garde du général Moukoki à la force publique

Le commandement de la gendarmerie nationale, le général de brigade Gilbert Moukoki a fait une communication aux agents de la force publique. La cérémonie a eu pour cadre le stade d’Ornano à Brazzaville, le 20 décembre 2003. Cette communication fait suite aux actes de vandalisme commis récemment à Brazzaville par des agents de la force publique.

Nous publions in extenso cette communication.

« Il y a des éléments incontrôlés de la force publique, et certainement des ex-combattants, qui ont fait le désordre. Mais je dis que ceux de la force publique sont déjà connus, ils seront sanctionnés. Les autres auteurs sont dans la rue, on les recherche.

Le haut commandement, sur instruction du Gouvernement, a décidé de mettre en place une opération de police dénommée « Espoir » pour traquer les malfaiteurs, les provocateurs. Cette force est composée de la police, de la gendarmerie et des forces armées. Cette opération doit être menée dans les règles de l’art et suivant la réglementation.

En tant que commandant des opérations, je dois vous dire ceci, la force publique d’une manière générale est un corps de l’Etat chargé de faire respecter les lois et règlements, de protéger les personnes et les biens et défendre le territoire national. Tout ceci dans une éthique professionnelle.

Toutes les actions qui seront menées se feront dans le respect des lois de la République, dans l’esprit de la mission, et ce, pour atteindre l’objectif recherché, déterminé par le Gouvernement. Il s’agit d’instaurer un climat de paix et de sécurité. Il ne s’agit pas d’instaurer un climat d’insécurité. L’agent de la force publique ne doit pas apporter des inquiétudes au sein de la population. Au contraire, il doit rassurer. Il doit apporter la joie au sein de la population qui doit célébrer dans la paix et la sécurité les fêtes de fin d’année. Voila le but de l’opération.

Il est donc inadmissible qu’un adversaire de l’ordre public, de la sécurité provienne de nos rangs. Je ne voudrais pas entendre des mots comme pillage, braquage.

Je demande aux commandants des secteurs, des unités, de ne pas hésiter de sanctionner tous ceux qui vont commettre des actes de vandalisme. Les policiers et les gendarmes sont particulièrement instruits, ils savent comment aborder les usagers de la route, leur demander des papiers et exiger d’eux des documents. Le militaire qui entre dans le dispositif doit en apprendre. Et si un policier ou un gendarme pille un portable ou vole de l’argent, il y a une situation aggravante pour eux, ils seront doublement sanctionnés. Le militaire qui commet aussi un acte délictueux sera sanctionné.

Si par hasard, tout agent de l’ordre public confondu commet un crime qui n’est pas justifié dans le cadre de la légitime défense, il passera droit au tribunal. Le mécanisme d’urgence a été mis en place pour le dégrader, lui faire perdre sa qualité de militaire pour qu’il soit traduit devant les tribunaux.

D’ici ce soir, une décision du chef d’état-major général des Forces armées congolaises (FAC) sera prise pour sanctionner et radier des effectifs de la force publique deux militaires de la garde présidentielle qui ont tenté de braquer le véhicule de sécurité du ministre de la Défense, et ont braqué le véhicule du haut commissaire Michel Ngakala et celui du colonel Ollessongo. Ceux-là sont déjà radiés des effectifs. Tous ceux qui seront attrapés dans les mêmes circonstances seront sanctionnés.

Pour votre information, il y a un bandit de grand chemin à Pointe-Noire, qui commettait des vols à main armée. Il a été surpris en flagrant délit et a tenté de faire usage de son arme, on l’a abattu. Si c’est valable pour les bandits, c’est valable pour les agents de la force publique. S’ils agissent comme des bandits, ils seront traités comme des bandits.
Le haut commandement ne va pas tolérer un comportement incivique et indigne des agents de la force publique. Sur ce, à bon entendeur salut ! »

Laissez un commentaire
Les commentaires sont ouverts à tous. Ils font l'objet d'une modération après publication. Ils seront publiés dans leur intégralité ou supprimés s'ils sont jugés non conformes à la charte.

Recevez nos alertes

Recevez chaque matin dans votre boite mail, un condensé de l’actualité pour ne rien manquer.